Publié le 26 mai 2021 à 12h42 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 18h00
De leur formation passée à la Compagnie d’Entrainement animée par Alain Simon au théâtre des Ateliers d’Aix, Florian Rondart, Albert Huline, Sofy Jordan, Jeanne Peltier-Lanovsky pour ne citer qu’eux s’en souviennent avec respect et émotion. «On a pu poursuivre notre métier de comédien. On a tant appris dans la joie et le partage», lancent-ils en chœur. Le décor est planté.
Robitzer dirige aujourd’hui le café théâtre le Flibustier d’Aix pour lui «Alain Simon non seulement accompagne les comédiens mais les met en valeur en proposant des choses. Je lui dois beaucoup dans ma réussite professionnelle actuelle.» Ce que reprennent volontiers les dix comédiens de la promotion 2020-2021. «La Compagnie d’entraînement est une expérience humaine avant d’être une expérience artistique», précise Matisse Truc avant de présenter la troupe actuelle d’Alain Simon. Laurie Hebert, Camille Roesch, Alice Destailleur, Loïc Basile, Matisse Truc, Alice Marchaggi, Nina Cikora, Romane Bricard, Octave Lai, Nohad Salem qui forment la promo actuelle viennent d’horizons différents et des quatre coins de la France.
« Un metteur en scène nettoie les chemins »
Alain Simon accompagne ses jeunes « recrues » jour après jour au sein de son Théâtre des Ateliers avec comme mot d’ordre cette phrase de Peter Brook : «Un metteur en scène nettoie les chemins.». «En créant cette structure de formation, je tenais au principe d’un fonctionnement de 10 élèves en compagnonnage pendant un an, avec une identité forte, celle de compagnie avec toute la vie collective qu’elle implique. Je trouvais important qu’il y ait un équilibre entre les moments d’auto-formation et de formation car on apprend d’abord en faisant, en se trompant, en hésitant avec les autres. Mais en même temps, il fallait un responsable artistique qui mémorise l’essentiel des parcours, propose les travaux aptes à faire évoluer les élèves, commente les résultats, sans oublier de témoigner de ses propres conceptions et pratiques du théâtre.»
Apprendre à avoir une vision personnelle tout en étant disponible à l’influence
Différents intervenants plongent les élèves dans leur univers artistique et les amènent à développer leur aptitude à servir le parti pris d’un créateur sans perdre le lien avec leur parcours singulier: «Il est important que les élèves soient à la fois sous influence et en même temps maturent leur propre point de vue sur le théâtre car il ne s’agit pas seulement de former des comédiens adaptables aux différents metteurs en scène mais surtout de favoriser l’émergence d’acteurs-auteurs de leur travail», explique Alain Simon qui précise : «Apprendre par la pratique, apprendre en se confrontant aux autres, en coopérant avec eux, apprendre à avoir une vision personnelle tout en étant disponible à l’influence, pratiquer l’utopie et l’insérer dans le réel de son métier, être à l’écoute de sa sensibilité, de sa vision, bref respecter ce qui vient de soi et décliner sans cesse cette exigence : être un artiste.» Beau projet, et belle rencontre qui se profile puisque le 16 juin prochain la Compagnie d’Entraînement recevra l’auteur roumain Matei Visniec, qui est l’auteur associé 2020-2021 pour jouer devant lui sa pièce « La femme cible et ses dix amants ».
Un auteur passionné du texte absurde…
A la fois journaliste écrivain dramaturge, possédant également la nationalité française Matei Visniec suscite le débat, et offre de son travail de multiples lectures possibles. «Ce foisonnement et cette complexité apportent une dimension intéressante à ses pièces», confie Alice Destailleur, rejointe en cela par Camille et Nohad notant la politisation de ses œuvres, son engagement à dénoncer les systèmes totalitaires. Exilé en France Matei Visniec a connu la censure, «et s’est battu pour faire triompher un théâtre de la vérité.» Pièce à la limite du fantastique celle choisie par la Compagnie d’entraînement déploie son intrigue dans une fête foraine peuplée de personnages extravagants. Une maison des horreurs, un inspecteur de foire venu pour inspecter les éléments inhérents à la sécurité et qui se fait enfermer sans parvenir à sortir. «Nous sommes dans un théâtre de l’absurde proche de Beckett et Ionesco. Nous éprouvons à la fois un réel enthousiasme de servir un pareil texte, mais également beaucoup de perplexité face à son contenu», décrivent les 10 comédiens. «C’était passionnant de se pencher sur un auteur choisi non pas par nous mais par Alain. Et de comprendre ses œuvres de l’intérieur, en découvrant aussi le cheminement personnel d’un auteur où les notions d’espace-temps sont abordées par fragmentation».
« On a les clefs du Théâtre. On s’y sent chez nous »
Année particulière en raison de la crise sanitaire, avec d’abord beaucoup de répétitions en distanciel et en visio, voilà que les comédiens peuvent désormais se retrouver en présentiel aux Ateliers. « Ce qui est formidable , souligne Loïc c’est qu’Alain Simon nous a donné les clefs du théâtre. On peut y circuler, y venir quand on veut, et y travailler en toute liberté. Du coup on peut mieux répéter la pièce, dans un esprit d’équipe fraternel.» Une Formidable expérience humaine…
Charles Dullin et l’esprit de l’Atelier
Et pour conclure citons Charles Dullin qui affirmait : « L’esprit de l’Atelier a été sauvegardé parce qu’à côté du travail pratique j’ai gardé une école où l’enthousiasme des nouveaux venus compensait les défaillances. Ainsi l’entreprise théâtrale s’est toujours trouvée baignée dans une atmosphère de jeunesse. Une pensée qui en l’occurrence résume parfaitement la disposition d’esprit de toute la troupe de la Compagnie d’un Alain Simon éveilleur des consciences et passeur de lumière.
Jean-Rémi BARLAND
Plus d’info: theatre-des-ateliers-aix.com