Publié le 17 septembre 2015 à 10h33 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
L’historien et sociologue Benjamin Stora est intervenu avec force sur la situation de ceux qu’il appelle les «damnés de la mer». Sans oublier les nombreuses actions de Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment avec l’appel « Nous sommes tous Méditerranéens ». Le débat est ouvert. Destimed donne la parole aux politiques à travers deux questions auxquelles ont répondu Sophie Joissains sénatrice UDI – Christian Kert député LR – Jean-Marc Coppola, porte-parole des communistes de Provence-Alpes-Côte d’Azur – Sophie Camard, tête de liste des écologistes en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour les régionales – Christophe Castaner, candidat socialiste aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est au tour du député-maire de Nice Christian Estrosi, candidat LR aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’y répondre.
Destimed: Concernant les migrants, quelles solutions envisagez-vous ?
Christian Estrosi: Il faut bien différencier les situations et éviter les idées simplistes sur le sujet. C’est sans doute le défi de l’Europe pour le siècle à venir. On ne doit pas traiter les migrants économiques et les réfugiés qui fuient la mort de la même manière. Nous avons un devoir moral vis-à-vis de ceux qui quittent leur pays pour échapper à la terreur des barbares et à une violence inouïe. Je souhaite également que les pays du Golfe prennent eux aussi leurs responsabilités et s’engagent réellement à nos côtés. Lorsque je vois les revirements du Gouvernement qui veut désormais imposer aux Maires de France une politique qu’ils n’ont pas les moyens de financer je constate qu’ils ne sont pas à la hauteur des enjeux. Encore une fois, ils veulent faire payer aux Collectivité territoriales leur passivité. Quant au Front national, les déclarations outrancières de ses dirigeants démontrent encore un peu plus le populisme de ce parti. Avoir pour seule réponse à la détresse humaine une pensée politique qui se résume à un fil de fer barbelé est assez désolant. La solution à cette vague migratoire se trouve au niveau international. François Hollande doit faire entendre la voix de la France et convaincre nos alliés de livrer une guerre totale à Daesh pour en éradiquer ses membres. J’ai récemment interpellé le Président de la République avec plusieurs de mes collègues parlementaires dans une lettre ouverte. Il est temps qu’il prenne la mesure de sa responsabilité face à l’Histoire. Il faut également réformer le droit d’asile pour le préserver. Les délais d’instructions doivent être réduits à 3 mois maximum et tous ceux dont la demande n’a pas été acceptée doivent être reconduits à la frontière. C’est à cette seule condition que nous pourrons conserver ce droit qui fait honneur à la France. De son côté, le ministre de l’Intérieur doit donner aux Maires de France des garanties suffisantes pour que notre générosité ne profite pas aux trafiquants d’êtres humains. Concernant les migrants économiques, nous n’avons pas les moyens de les accueillir. Nous devons donc immédiatement stopper toute immigration économique. Il faut également par la suite traiter les causes de ces migrations économiques en mettant l’accent sur le co-développement. C’est la seule solution durable. Enfin, je plaide pour une refonte totale de l’espace Schengen. Aujourd’hui Schengen ne nous protège plus et ses fondements sont galvaudés. Tant que tous ses pays membres n’auront pas la même politique migratoire nous serons dans l’impasse. Il faut dont rétablir les contrôles aux frontières pour les non-européens avant de passer à un Schengen II, plus contraignant et plus efficace.
Grèce, Italie, Europe,… une grande conférence ne s’impose-t-elle pas ?
Si bien sûr. Mais il ne faut pas que ce soit une simple conférence de plus. Il faut réunir toutes les grandes puissances mondiales et apporter deux réponses. L’une militaire, l’autre économique. Nous devons lancer l’équivalent du plan Marshall en son temps. Après la seconde guerre mondiale, il a permis par le développement économique de concrétiser la paix. C’est ce que nous devrons faire pour stabiliser ces pays une fois que nous aurons éradiqué Daesh par une intervention militaire au sol. Nous avons les moyens de rétablir l’ordre et la paix très rapidement. Cela ne dépend que de la volonté politique de nos dirigeants.
Propos recueillis par la rédaction de Destimed