Publié le 9 septembre 2021 à 20h25 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 14h55
Tous les projecteurs sont enfin tournés en direction de Marseille pour le meilleur et l’avenir. Christophe Madrolle, conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de la Commission Biodiversité, mer et littoral, Parcs Naturels Régionaux, Risque, revient sur les journées que la ville vient de connaître entre visite présidentielle et Congrès mondial de la nature. Entretien.
Marseille accueille le Congrès mondial de la nature, et, au préalable, il y a eu, 3 jours durant, la visite du Président de la République. Que retenez-vous des annonces de ce dernier?
Cette visite est historique. Au-delà des engagements financiers annoncés il a renvoyé les élus du territoire à leurs contradictions en les invitant à travailler ensemble afin que l’État puisse venir en soutien. Cette mise au point était nécessaire et souhaitable car nous sommes tous partie prenante du devenir de Marseille et de la métropole.
Pourquoi croire aux promesses d’Emmanuel Macron alors que tant d’autres sont venus à Marseille avec des promesses qui n’ont été à l’arrivée que des coquilles vides?
Parce que le positionnement est différent. Jusqu’alors on venait ici faire des promesses en disant vouloir aider Marseille. Le Président Macron a, ce qui n’était pas le cas de ses prédécesseurs, un vrai lien affectif avec cette ville et il a par ailleurs une autre vision politique. Il mesure qu’elle représente une chance pour la France et que, lui permettre de rattraper ses retards est un investissement productif pour le Pays, et cela change tout. Il veut que Marseille redevienne la capitale euro-méditerranéenne qu’elle a été au début du XXe siècle. Elle a perdu son importance, notamment du fait de la désindustrialisation, au profit de Gênes, Barcelone, Tanger… Ces deux dernières ayant bénéficié, pendant des années, d’une forte aide de l’État. Le temps de Marseille est enfin venu. Un cap est fixé. Je crois vraiment que les journées que nous vivons peuvent donner une dynamique durable à Marseille
En tant qu’écologiste vous devez aussi être sensible au projet Odysseo?
Effectivement, Odysseo, dont l’objet est la protection de l’environnement et qui a pour ambition de fédérer les acteurs de la transition du bassin méditerranéen, repositionne Marseille comme une capitale euro-méditerranéenne et, surtout il s’inscrit dans une logique qui va au-delà du simple rattrapage, il veut faire de Marseille une capitale de l’innovation dans de nombreux domaines dont l’environnement.
Vous êtes élu régional, cette aide pour Marseille ne risque-t-elle pas de se faire au détriment d’autres secteurs de la Région?
Je suis un élu régional, je suis Marseillais, je sais la souffrance de cette ville, de sa population comme les potentialités qui existent. Relancer Marseille bénéficiera à tout le territoire, les départements alpins, comme à Avignon, Toulon et Nice.
«Marseille accueille actuellement le Congrès mondial de la nature. Quel regard portez-vous sur cette manifestation?»
Je suis fier d’avoir été un des initiateurs de la venue du Congrès à Marseille il y a trois ans. Je ne cache pas ma satisfaction devant l’adhésion de l’ensemble des collectivités, de la CCI Aix Marseille Provence, des associations autour de l’accueil de ce Congrès qui est la preuve qu’unit nous gagnons. Et puis je suis heureux de voir les avancées qu’il représente, les prises de conscience qu’il occasionne.
Le gouvernement s’est fortement mobilisé, d’autant plus que le rapport du GIEC montre l’urgence à laquelle nous sommes confrontés. Marseille me semble être une étape importante de la mobilisation en faveur de la biodiversité. Il faut maintenant être attentif aux suites, poursuivre la mobilisation du plus grand nombre d’acteurs. Et je tiens à présenter toutes mes félicitations à Razan Al Mubarak, directrice de l’Agence pour l’environnement d’Abou Dabi, qui vient d’être élue à Marseille nouvelle présidente de l’IUCN jusqu’en 2024.
Revenons à la Région, en quoi ce Congrès est-il important pour elle?
Il vient conforté son action. La Région, sous la présidence de Renaud Muselier a fait de la lutte contre le changement climatique et la défense de la biodiversité le fil rouge de son action. Une action qui s’articule autour de 6 axes : Air, Mer, Terre, Énergie, Déchets…J’ai notamment présenté au Congrès Mondial les engagements de Renaud Muselier notamment sur le plan climat: escale zéro fumée, électrification des quais, biodiversité marine… Et je dois dire que tout au long du Congrès j’ai rencontré des vice-présidents de différentes régions en charge de l’environnement qui sont venus me questionner sur cette « COP d’avance » pour s’en inspirer. Et ce Congrès, les rencontres, les prises de conscience qu’il a occasionné va permettre d’aller encore plus loin. Je rappelle que la Région a mis en place un autre outil: la « Méditerranée du futur » qui a permis de tenir des rencontres -aussi bien sur le changement climatique, la jeunesse, le développement économique, la lutte contre les pandémies- qui ont montré toute la pertinence qu’il y avait à ce que les acteurs institutionnels et les sociétés civiles du pourtour méditerranéen, se parlent, construisent ensemble des réponses.
Mais des voix s’élèvent pour dénoncer ce sommet, que leur répondez-vous?
Je suis un écologiste de l’adhésion des citoyens, pas de l’écologie punitive. Là, j’ai entendu des critiques, mais l’heure n’est plus à la critique, elle est à l’action. La Méditerranée est en danger de mort, du fait de l’acidification des eaux et de leur réchauffement. Il faut agir et, en ce sens, il est fondamental de travailler avec les politiques, les entreprises, les scientifiques, les associations… Il y a des filières économiques entières à modifier, dans lesquelles il importe d’innover et cela implique de travailler main dans la main plutôt que de critiquer les uns ou les autres.
Propos recueillis par Michel CAIRE
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