Publié le 14 décembre 2013 à 21h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h11
Étrange climat que celui qui a régné, ce vendredi matin, au sein de l’hémicycle de la Communauté urbaine. Peu d’interventions de fond sur les dossiers, des absences remarquées à gauche comme à droite, que le président Caselli justifiera par : « Les parlementaires ont des raisons de ne pas assister au débat communautaire ».
C’est à l’extérieur, devant les grilles fermées du Pharo que l’ambiance est survoltée. Les traminots CGT de la RTM, en grève depuis 12 jours sont bien déterminés à faire entendre leurs revendications à la fois par l’autorité organisatrice MPM et par leur président Karim Zéribi (EELV). Ce dernier prendra la parole en ouverture de séance. Il revient alors sur les revendications salariales portées par les traminots en grève. Il avance : « Un accord a été signé avec l’ensemble des syndicats pour une augmentation de 3% sur 2 ans. Revenir sur cet engagement au vu de la situation sociale et économique est difficile ». Précisant que toutes les autres revendications ont été traitées : La sécurité, l’aménagement des repos, l’aménagement de fin de carrière. Rappelant que, outre le coût supplémentaire de 1,5 millions d’euros de plus de dépenses pour la collectivité, « ce sont surtout nos concitoyens qui ont besoin d’un service public de qualité ».
«Les revendications ne portent pas sur les salaires mais sur la pénibilité des conditions de travail des chauffeurs»
Joël Dutto, Groupe communiste, s’inscrit en faux en soulignant que les revendications ne portent pas sur les salaires mais sur la pénibilité des conditions de travail des chauffeurs, victimes de violences. « Ils ne veulent pas de remerciements de la part des élus lorsque l’un d’entre-deux est agressé mais une reconnaissance financière. Le coût serait de 2 millions d’euros alors que la Communauté urbaine a eu un retour de la RTM de 27 millions d’euros ».
Marie-Louise Lota (UMP) de lancer : « Le dialogue social est inexistant parce les candidats sont trop occupés à faire des listes. Il faut prendre en charge ce problème afin que l’ordre et la sérénité reviennent à Marseille. »
«La table des négociations est ouverte»
Le Président, Eugène Caselli mettra un terme à ces échanges, indiquant qu’en EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial,ndlr) « c’est le directeur général qui a en charge la gestion sociale ». Ce mouvement de grève, tient-il à préciser : « C’est le conflit d’une organisation syndicale qui a signé une revalorisation de 3% pour 2013 et 2014, dans la période actuelle, c’est généreux. » Précisant, par ailleurs, que « le dialogue social n’a jamais été interrompu. Les bus aujourd’hui fonctionnent à 70%. Il reste le Nord avec le dépôt Arenc où la CGT est majoritaire. Un service minimum renforcé a été mis en place. La table des négociations est toujours ouverte. » Mais, prévient-il : « cette grève doit cesser » du fait qu’elle est portée par « une minorité » de traminots. Un peu avant la fin du conseil, le président de la RTM, Karim Zéribi a retrouvé les grévistes non pas derrière les grilles mais dans un dialogue frontal.
«Vous, vous avez fait le coucou en vous mettant dans le nid d’un autre»
Ce chapitre clôt, du moins le temps de la séance, les hostilités sont ouvertes par Laure-Agnès Caradec, présidente du groupe UMP qui offrira à l’assemblée une longue tirade à la gloire de Jean-Claude Gaudin et assassine le bilan de la mandature d’Eugène Caselli qu’elle qualifie « d’enflure du langage et impuissance de l’action. » Rappelant notamment qu’en matière de transports « les études existaient, tout était prêt et tout était en place. Vous avez cassé les équipes. Vous avez laissé courir les délais. » Persiflant : « Toutes les agglomérations de France ont construit des kilomètres de tramway depuis 2008. Vous, vous avez fait le coucou en vous mettant dans le nid d’un autre et vous vous êtes contenté d’inaugurer les kilomètres décidés et mis en chantier par vos prédécesseurs ». Imperturbable, Eugène Caselli lui propose de consulter les 4 pages de réalisation : « Avec 350 millions d’euros investis et sans augmentation d’impôt ce que vous n’avez pas fait à la Ville de Marseille ».
5 000 cartes-pétitions pour » le métro à l’Hôpital Nord et le tramway à l’Estaque »
Et le clou, transport oblige, de cette dernière séance, de l’année – la dernière de la mandature devant se tenir en février- a été proposé par le Groupe communiste qui a déposé sur le bureau d’Eugène Caselli, 5 000 cartes-pétitions pour « le métro à l’Hôpital Nord et le tramway à l’Estaque ». Joël Dutto d’expliquer : « Avec les citoyens, nous avons agi pour faire émerger une autre conception d’aménagement urbain de la ville.» Il ne cache pas sa satisfaction de voir arriver au vote « ce rapport sur l’extension de la ligne 2 du métro jusqu’à l’hôpital Nord ». « Pour la première fois depuis 1995, on revient au principe d’une extension Nord-Sud de la ligne 2 du métro ». Indiquant : « Nous n’avons jamais accepté l’idée d’une ville à deux vitesses où les décisions politiques aggravaient chaque jour d’avantage la fracture sociale, économique et territoriale ». Il exprime, en revanche, quelque désaccord, quant au prolongement vers le Nord du tramway, privilégié par MPM. « Ce tracé vers le Lycée Saint-Exupéry n’a pas de cohérence. Il ne répond à aucune demande de la population, ne répond à aucune priorité. »
Le Conseil général vient de retirer le prolongement financier du plan quinquennal 2014
La fracture marseillaise Nord-Sud est toujours en débat. Lionel Royer-Perreault (UMP) interpelle sur le boulevard Urbain Sud qui ne voit toujours pas le jour. Eugène Caselli qui préconise un montage financier à l’instar de la L2 (État et collectivités) d’annoncer que le Conseil général vient de retirer le prolongement financier du plan quinquennal 2014. Et d’ajouter, qu’il est intervenu auprès des exploitants du tunnel Prado Sud « pour le retrait de la clause qui prévoit le boulevard Urbain Sud à 2026».
«C’est une rente en or pour les actionnaires de Vinci et Eiffage»
Et justement à propos du Tunnel Prado Sud, Marie-Françoise Palloix de pointer le rapport qui permet aux automobilistes qui emprunteraient les 2 tunnels à la suite de bénéficier à partir du 1er janvier d’un rabais de 40 centimes. « Vu sous cet angle , ironise-t-elle, c’est toujours ça de pris ». Mais, elle s’insurge : « Il n’en reste pas moins que cette traversée souterraine n’est pas accessible à tout le monde : 4,10 euros ou 8,20 euros l’aller-retour. C’est une rente en or pour les actionnaires de Vinci et Eiffage, et la délibération ne dit pas qui, des actionnaires ou de la collectivité va éponger ce rabais de 40 centimes ». Eugène Caselli de répondre : « La ristourne est maintenue en 2014, c’est toujours ça de pris.»
Si les transports ont pris une place prépondérante pour cet avant-dernier conseil, d’autres sujets ont été appréhendés comme la gestion de l’eau, le brûlant sujet de l’incinérateur, les parkings relais.
A l’issue du conseil, Eugène Caselli, de rappeler qu’«une communauté urbaine ne peut pas se gérer dans le conflit.» Et de saluer, dans le cadre de la gouvernance partagée, les élus qui «ont travaillé ensemble en évitant les conflits pendant six ans » Et, juge-t-il :de toutes les grandes communautés « je ne suis pas si mal ». Annonçant qu’il entendait donc bien être candidat à sa propre succession : « C’est pour cela que je rempile ».
Patricia MAILLE-CAIRE