Publié le 17 janvier 2016 à 13h42 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Ce n’est certes pas le premier exercice face à la presse auquel s’est prêtée Martine Vassal (LR) mais bien ses premiers vœux en tant que Présidente du département des Bouches-du-Rhône, ce jeudi 14 janvier. L’occasion de dresser le bilan des 10 mois passés à la tête de l’Institution et d’inscrire sa feuille de route dans l’avenir.
Il ne sera point question de déroger à la tradition, pour Martine Vassal, d’autant que des vœux s’imposent après une telle annus horribilis. La présidente ouvrira cette séance rituelle en rappelant qu’il y a un an «le droit d’écrire et de penser librement était pris pour cible par des barbares»; met en exergue la liberté de la presse qui «constitue l’un de nos principes républicains les plus fondamentaux et j’y suis attachée.» «Nous restons, poursuit-elle, sous le choc des attentats de janvier et de novembre qui ont blessé, meurtri notre pays au plus profond de lui-même». Parle de folie de «cette idéologie meurtrière» qui continue «de faire des ravages, ici même en Provence».
Puis d’entrer dans le vif du sujet en revenant sur la ligne politique, les priorités du département: l’exigence sociale «parce que nous voulons aider ceux qui en ont besoin»; un «ambitieux» plan santé «pour sécuriser les urgences», notamment pédiatriques «afin qu’elles soient dignes de la 2e ville de France»; aider le Samu de la Timone «avec l’achat de 2 ambulances» et, soutenir la recherche de pointe.
Une attractivité économique renforcée «parce que nous voulons faire de la Provence une terre de croissance et de prospérité». Indiquant que les filières d’avenir ont été soutenues «avec 5M€ consacrés au campus Mondial « The Camp » à Aix-en-Provence, un accompagnement pour les grands projets structurants (Iter, Henri Fabre, Piicto)». Souvent évoqué l’équilibre entre les territoires «parce que nous voulons leur donner les mêmes chances». Insistant sur les communes oubliées comme Cuges-les-Pins ou encore les Saintes-Maries-de-la-Mer… Pour une équité d’accès à internet six millions d’euros par an sur 6 ans seront consacrés à l’équipement de tout le département en très haut débit «pour en finir avec les zones blanches». Et un éclairage particulier est donné sur la ruralité avec la création notamment d’un salon départemental de l’agriculture «pour valoriser tous nos producteurs»; enfin la jeunesse -l’un des fers de lance de la nouvelle majorité avec l’emploi- «parce que nous voulons lui donner les meilleures chances possibles pour réussir en Provence». Annonçant, entre autres: «Nous sommes en train de travailler sur les modalités pour récompenser les élèves les plus méritants dans nos collèges». Et l’emploi passera par des «politiques publiques qui seront mobilisées sur un même objectif: faire baisser le chômage et remettre le plus grand nombre de bénéficiaires su RSA sur le chemin de l’emploi».
«Le temps du dépenser sans compter est révolu»
Des orientations que Martine Vassal considère comme «des choix courageux sur le plan budgétaire». Et assume: l’augmentation d’un million d’euros du budget culture, souvent considéré en période de crise «comme la traditionnelle variable d’ajustement»; cite les 2,8M€ de plus alloués au SDIS 13 «la protection de nos concitoyens est un impératif absolu»; sans oublier les 106M€ qui ont été débloqués pour soutenir «les projets pour améliorer le quotidien des habitants dans toutes les communes de notre département là où l’État consent à donner la maigre obole de 50 M€ à la seule Métropole.» Dans le même temps, Malgré la levée de bouclier de l’opposition républicaine, la majorité départementale a supprimé la surprime de fin d’année donnée aux bénéficiaires du RSA. En remplacement c’est un chèque cadeau de 50€ par enfant de moins de 12 ans qui a été remis aux parents. «Nous étions le dernier département de France à le faire», justifie la présidente; autre disparition, les ordinateurs portables (exOrdina13) destinés aux collégiens «qui servaient uniquement de DVD» tient à souligner Martine Vassal. Pour pallier, le Conseil départemental participe à la dotation de l’État de tablettes pour les élèves de 5e. Estimant que le temps «du dépenser sans compter est révolu», 2016 est placée sous le sceau des économies «cela commencera par une baisse de 20% de notre train de vie. pour donner l’exemple», déclare la présidente qui insiste sur l’utilisation de l’argent public: «c’est notre devoir vis-à-vis des contribuables qu’il faut arrêter de prendre pour des tiroirs-caisses». Malgré ce, est assumée la non augmentation des impôts. Des choix opérés «en parfaite connaissance de cause, en sachant que la baisse des dotations de l’État est irréversible, quel que soit la majorité au pouvoir». Il est question d’équité mais aussi de transparence à tous les niveaux «de l’aide aux communes aux subventions des associations». Et des questions sont posées sur ces dernières: quid des associations sportives en raison des restrictions budgétaires? Martine Vassal affirme: «Le sport est un moyen de transmettre des valeurs aux jeunes générations. Pas question de réduire les subventions ! On va faire le tour des associations afin d’étudier ce qu’elles apportent au secteur, au lien social…».
«Le jouer collectif ne signifie pas renoncer à faire entendre la voix et la parole du Conseil départemental»
La présidente parle également de nouvelles méthodes, du jouer collectif «parce que nous devons trouver les meilleures synergies possibles pour faire gagner le territoire».Notamment en s’appuyant sur «le formidable travail des États Généraux de Provence et les 6 000 contributions reçues depuis juin». Annonçant que le 28 janvier une série de mesures serait présentée. N’omettant pas de signaler que le jouer collectif ne signifie pas «renoncer à faire entendre la voix et la parole du Conseil départemental».
La transition est toute trouvée pour aborder un sujet qui ne peut être éludé : La métropole de tous les imbroglios. Martine Vassal souhaite «bien continuer à défendre les intérêts, les prérogatives et le rôle du conseil départemental dans la nouvelle organisation territoriale qui se met en place». Avouant: «Je ne l’aurais pas construite comme cela. Le gouvernement a dessiné une métropole de 92 communes alors que le département en compte119, certains territoires sont oubliés». «J’attends de la métropole, poursuit-elle, «qu’elle respecte toutes les institutions et se concentre sur deux grandes missions : le développement économique et les transports». Espérant nouer avec Christian Estrosi et la Région Paca des relations constructives «pour faire avancer rapidement les dossiers». Et entend bien montrer que le Conseil départemental «est bien là».
Et d’ironiser sur la disparition du Département initialement prévue au 1er janvier 2016: «Avec l’imbroglio judiciaire, heureusement qu’il n’a pas disparu au 1er janvier…». A ce propos, bien qu’elle martèle ne pas «commenter» les décisions de justice, elle appelle le Conseil constitutionnel à se déterminer «le plus vite possible», la date butoir étant le 23 février. «Après, ajoute-t-elle, savoir qui est le président, cela concerne le fonctionnement».
Et comme la transparence passe aussi par les questions qui fâchent, celle concernant les perquisitions à son bureau et son domicile dans le cadre d’une enquête préliminaire menée sur l’attribution du marché de l’eau a été posée. Martine Vassal, revient sur son «no comment» des actions de la justice avançant lui «faire confiance». Martine Vassal considère toutefois: «Cette histoire est un serpent de mer qui surgit à chaque fois la veille d’élections: municipales, départementales, régionales. Je vous donne rendez-vous à la veille de la présidentielle».
Patricia MAILLE-CAIRE