Publié le 24 février 2014 à 23h00 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h43
C’est peu dire que le projet de révision de la carte électorale proposé par le ministre de l’Intérieur et présenté ce lundi 24 février par le Préfet de Région, Michel Cadot a eu peu de succès. Les conseillers généraux des Bouches-du-Rhône,réunis en séance publique extraordinaire, lors d’un vote à bulletin secret, ont donné un avis sans appel puisque, sur 57 votants, on compte 1 nul, 2 blanc, 9 pour, et 45 contre. Cela, alors que la gauche est largement majoritaire dans l’hémicycle.
« Seulement 13, 8 % des conseillers généraux sont des femmes au niveau national, 26% dans les Bouches-du-Rhône »
Le Préfet rappelle, dans un premier temps, le contexte de la loi du 17 mai 2013, relative à l’élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers communautaires qui modifie le calendrier électoral et le cadre des élections des élus de Département. A ses yeux, la Loi répond à une triple exigence de parité, de proximité et d’égalité. Les électeurs devront voter, dans chaque canton, pour un binôme de candidats des deux sexes. «Actuellement seulement 13, 8 % des conseillers généraux sont des femmes au niveau national, 26% dans les Bouches-du-Rhône» . Chaque canton ayant dorénavant deux élus, leur nombre est divisé par deux. Pour les Bouches-du-Rhône, à compter des prochaines élections départementales, le nombre de cantons devrait ainsi passer de 57 à 29. Il ajoute que l’écart entre les cantons les plus et les moins peuplés sera dorénavant moindre. A noter également que les conseillers sont élus pour six ans et seront dorénavant renouvelé intégralement. Enfin, le binôme sera élu au scrutin majoritaire à deux tours. Après sa présentation le Préfet quitte l’assemblée, laissant place au débat.
Dès la première intervention la critique est vive. Elle vient de Maurice Di Nocera (NC) qui s’en prend à la ministre Marie-Arlette Carlotti par ailleurs conseillère générale. «Vous avez osé avec votre ami Valls faire ce que ni Gaston Defferre, ni Charles Pasqua, ni Nicolas Sarkozy n’avaient osé faire : charcuter les cantons et surtout le vôtre pour gagner plus facilement ». Et de lui offrir « les ciseaux d’or du charcutage».
Robert Assante, DVD, non inscrit : «Le Préfet a parlé d’égalité et de proximité comme si nous tous ici n’avions pas été élus en égalité et proximité. Et que dire du découpage ? Rien ne peut le justifier ».
« Un territoire est démantelé »
Lucien Limousin, DVD, juge : «Un territoire est démantelé, une partie va vers Salon, l’autre vers Chateaurenard. Le projet du gouvernement est incohérent et inquiétant. Incohérent car il ne respecte pas les circonscriptions, les bassins de vie, les limites de communes. Il met à mal la ruralité et la diversité des territoires, il ignore les habitudes de nos concitoyens, éloigne les populations des futurs élus départementaux. En ce qui concerne Tarascon je crains que l’on ne soit dans la poursuite des projets du précédent gouvernement : la création du grand Avignon qui se fera en force comme la métropole marseillaise aujourd’hui».
Jean-Marc Charrier, PCF dénonce à son tour : «Le choix du gouvernement n’est pas le bon. S’il veut combattre la crise démocratique que nous connaissons il doit mettre en place la proportionnelle, la seule à même de respecter le pluralisme. Dans notre département, grâce au président du Conseil général, l’institution joue un rôle majeur dans l’accompagnement des Villes. Et le département est aussi la structure qui mène les actions de solidarité envers les populations, qui favorise l’insertion, accompagne les seniors, s’occupe des routes, des collèges, des transports et tout cela pourrait être remis en cause. Et cela, au nom des principes libéraux qui entendent réduire les collectivités publiques. Nous voterons contre et nous demandons un référendum sur ce projet ainsi que sur la métropole».
« La mort programmée des conseils généraux »
Martine Vassal, UMP attaque : « Monsieur le Préfet vient de nous présenter la missive du gouvernement, ou plutôt celle de la rue de Solferino, qui annonce la mort programmée des conseils généraux ». Elle critique les découpages : «On rassemble les électeurs qui vous sont défavorables dans des cantons immenses et on étoile les voix de son camp de manière à en optimiser le rendement ». Elle constate :« Les cantons les moins peuplés sont clairement orientés à gauche à une exception: votre canton, Monsieur le Président Guérini. Vous aviez, au début des années 2000, sans doute le plus petit canton des grandes villes françaises. Maintenant vous vous retrouvez avec le canton le plus peuplé des Bouches-du-Rhône: 80 890 habitants, soit 19% de plus que les 68 001 exigés ». Elle prévient : «Lorsque le décret sera sorti nous attaquerons devant le conseil d’État ce scandaleux découpage contre lequel nous allons voter aujourd’hui ».
Roland Chassain, UMP, conseiller général des Saintes-Marie-de-la-Mer dénonce le fait qu’avec le redécoupage le département fera une centaine de kilomètres. Hervé Schiavetti, canton d’Arles Ouest juge curieux que la droite puisse, après Charles Pasqua, donner des leçons de morale en matière de découpage électoral. Puis d’indiquer «Je ne parlerai pas de Marseille, j’en suis loin, par contre il est évident pour moi que le Pays d’Arles doit exister à côté de la future métropole».
Mario Martinet, le président du groupe des élus socialistes, radicaux de gauche et apparentés explique : « L’annonce d’une nouvelle réforme de la décentralisation, une de plus, alors que le dernier texte en la matière a été voté il y a deux mois, risque d’impacter lourdement les champs de compétences de notre collectivité déjà frappée par les réductions généralisées des dotations de l’État. Tout cela me laisse penser que le découpage de 2015 pourrait faire l’objet d’une reconfiguration à l’horizon de 2021, voire même plutôt ». Puis de mesurer les avancées que traduit ce projet ainsi que les interrogation qu’il soulève et d’indiquer que son groupe ne donnera pas de consigne de vote.
Michel CAIRE