Publié le 28 avril 2014 à 23h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h49
Les élections municipales sont passées et cela se sent. C’est dans une ambiance plus sereine que Roland Blum a pu présenter… le dernier budget de Jean-Louis Tourret, son prédécesseur au poste d’adjoint aux finances qui, à la demande, de Jean-Claude Gaudin, ne s’est pas représenté. Un document qui, selon son rapporteur, «s’inscrit dans une double volonté de stabilisation de l’impôt et de la dette et s’élève à une hauteur de 1 857 millions d’euros. Ainsi, pour la troisième année consécutive, nous ne touchons pas à l’impôt et nous poursuivons nos efforts de réduction de la dette qui est, aujourd’hui de 1 620 euros par habitant contre 1 670 voilà 19 ans. L’annuité de la dette est cette année supérieure au montant de nos emprunts ». Un élu qui se réjouit aussi des avis des agences de notation. Le FN, entre autre amabilité, dénoncera un budget qui manque d’ambition, et ne trouvera rien de bon contrairement au PS qui entend s’inscrire dans une opposition constructive. La critique du Front de gauche sera vive, mais, là aussi, on se veut constructif en rappelant que l’État s’est engagé à verser 3 milliards à la Ville et qu’il y aurait mieux à faire avec cette sommes que les travaux pour créer une gare souterraine à Saint-Charles. Karim Zeribi, EELV, déplorera une baisse du budget de l’environnement. Un budget qui, finalement sera voté sans surprise par la majorité.
«La réforme des rythmes scolaires, un projet mis en place sans beaucoup de réflexion et de concertation »
En ce qui concerne le fonctionnement, Roland Blum avancera: «globalement les recettes sont les mêmes en 2014 qu’en 2013. Il faut cependant noter une diminution de 2% de la dotation de l’État ». Et, Les dépenses de fonctionnement sont quasiment au même niveau que l’an dernier. «Les frais de personnel augmentent de moins de 5% alors qu’il faut prévoir une réévaluation indiciaire et que 120 policiers municipaux sont recrutés, ce qui va coûter 6,3 millions d’euros la première année, 4,5 par la suite», précise-t-il.
Il s’inquiète de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Un projet présenté «sans beaucoup de réflexion et de concertation. Cela coûte entre 20 et 25 millions d’euros; 480 agents sont à embaucher auxquels s’ajoute un marché public pour recruter des animateurs et, peut-être, un autre pour la restauration». Coût de l’opération, selon l’élu : «8 millions pour une année pleine, 4 millions donc pour cette année.» « Et nous ne toucherons plus rien de l’État après 2015 ».
L’investissement est en baisse : «240 millions contre 270 l’année précédente. Cela est dû au fait que nous n’avons plus, d’une part les frais d’investissements nécessités par MP2013 et d’autre part que les lourds investissements des années précédentes font que nous avons moins de besoins cette année».
L’élu avance que, si en matière d’investissement, le budget de la culture diminue, les sommes programmées en fonctionnement sont elles «sanctuarisées». Il conclut son propos en indiquant que le poste budgétaire le plus important est l’éducation, devant la solidarité, la culture et l’économie.
J.P Baumann et Stéphane Ravier, interviennent ensuite au nom du FN. Le premier juge la dette trop importante. «Cela provient de l’acceptation de dossiers qui plombent l’économie de notre ville alors qu’un bon gestionnaire doit savoir dire non ». Et de dénoncer les subventions aux associations mais aussi « le doublon métro/tram », cela «dans une des villes les plus embouteillées et les plus polluées d’Europe».
Stéphane Ravier assène pour sa part : « Vous êtes arrivés dans une ville qui comptait 22% de chômeurs, avec votre politique mais aussi l’aide de la gauche, nous en sommes arrivés à une ville qui compte 26% de pauvres ». Il dénonce:« Vous êtes ouverts à toutes les cultures, sauf la nôtre». Considère, en matière de développement : « Vous vous en remettez à Euroméditerranée, mais vous oubliez l’hypercentre. Et, si vous n’augmentez pas la fiscalité c’est que vous filez la patate chaude de l’augmentation des impôts à Guy Teissier, condition pour lui d’obtenir son bâton de maréchal… des logis». Il finit son propos en s’adressant au Maire : « A cause de votre générosité nous accueillons toute la misère du monde. Un accueil que le peuple de Marseille devra financièrement assumer avant d’en assumer des possibles conséquences plus graves encore». Le poids des mots…
Stéphane Mari, président du groupe socialiste, indique vouloir s’inscrire dans une opposition constructive
Stéphane Mari, président du groupe socialiste, indique vouloir s’inscrire dans une opposition constructive. Dans ce cadre, il assure: « Nous sommes d’accord avec votre discours volontariste. Nous partageons certains de vos objectifs, en matière économique, de création d’emploi, de sécurité, d’amélioration de la vie quotidienne. Nous soutenons votre projet de mobiliser une offre foncière sur Marseille pour accueillir des entreprises ». De même, il exprime son accord avec le développement des équipements de proximité et la poursuite de l’installation de centrales voltaïques sur les toits des établissements communaux. En revanche, il avoue s’inquiéter lorsqu’il entend parler d’un accroissement de l’offre commerciale à La Valentine. «Une étude s’impose avant de prendre une telle décision car le quartier me semble en état de saturation ». Il considère que les craintes exprimées par l’adjoint aux finances sur le concours de l’État sont infondées « Si la DGF diminue d’autres dotations compenseront à l’euro cette réduction ». De la même manière il estime que le coût avancé de 25 millions pour la réforme des rythmes scolaires est surévalué « surtout avec le décret du nouveau ministre de l’Éducation». Il en vient au Stade Vélodrome dossier sur lequel il dit être en accord avec la majorité municipale sur un loyer de 8 millions d’euros par année pleine, 4 millions pour 2014. Tout comme pour la somme de 3 millions d’euros avancée pour le naming du stade. Mais il souhaite des éclaircissements sur ce dossier.
Jean-Marc Coppola, Front de gauche note : « Vous diminuez les dépenses d’intervention et d’investissements alors que vous affichez l’ambition de poursuivre le renouveau de Marseille. Moins 33 M€ sur la culture. Vous allez me rétorquer que la Capitale, c’est fini, alors que vous auriez pu maintenir un budget conséquent pour développer en lien l’éducation populaire. Moins 29 M€ sur l’environnement alors que Marseille est une des villes les plus polluées d’Europe. 10 M€ de plus pour l’action éducative, mais très insuffisants au regard de l’état de l’école publique à Marseille ».
« Allez-vous accepter que 2,5 milliards soient destinés à une gare souterraine ? »
Puis d’avancer : « Marseille semble être une exception française puisque l’État s’est engagé à investir à Marseille. Plus de 3 milliards ont été promis en novembre dernier. Maintenant que vous gérez la Ville et la CUM, allez-vous accepter que 2,5 milliards soient destinés à une gare souterraine après que l’État ait investi près de 1 milliard il y a moins de 10 ans ?». Il propose : « Pourquoi ne pas mettre ces moyens publics dans d’autres priorités comme l’école, les transports collectifs – métro et tramway- vers le Nord et le Sud de la Ville, le logement, des projets permettant de créer des emplois ? ».
Karim Zeribi, EELV déplore: « Rien n’est fait sur les crèches alors que nous sommes très en retard dans ce domaine ». Il critique la baisse du budget de l’environnement « lorsque l’on sait les questions qui se posent en matière de qualité de l’air, des eaux usées, des eaux maritimes ».
L’UMP Yves Moraine, attaque : « Nous allons devoir subir une nouvelle saignée de l’État alors que les collectivités territoriales ne sont pas dépensières, contrairement à l’État». Mais ces contraintes « ne nous empêchent pas d’investir car notre objectif est de développer l’attractivité de la ville, seul moyen de faire baisser le chômage ».
Le Maire tient à intervenir sur le Stade Vélodrome : « J’ai regardé le match de rugby de dimanche au Vélodrome, avec Toulon, non pas pour ce sport, je n’en comprends pas les règles mais pour mesurer ce que représente le Vélodrome. Nous avons mené ces travaux pour aider la France à obtenir le championnat d’Europe. Nous réalisons à côté un stade de rugby avec une piste d’athlétisme. Et tout cela nous permet de défendre la candidature de Marseille pour le titre de Capitale européenne du sport 2017. Le stade est maintenant quasiment fini. Il sera inauguré en août, en ouverture de la nouvelle saison. Et, lors de la prochaine séance du Conseil, nous voterons le loyer. Après je sais déjà qu’on nous dira que c’est trop cher, qu’à cause de ce prix le club ne pourra acheter un joueur merveilleux et oui, mais il faudra payer ».
Michel CAIRE