Publié le 13 avril 2015 à 23h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h49
Ce que les Marseillais retiendront du budget primitif 2015, qui s’élève à 1,441 milliards d’euros, c’est avant tout l’augmentation de 4,9% des 3 taxes : habitation, foncière sur les propriétés bâties et non bâties. Une augmentation due, selon Roland Blum, son rapporteur, aux promesses non tenues par le gouvernement, la baisse des dotations de l’État et des dépenses supplémentaires imposées par ce même État, au premier rang desquelles la réforme des rythmes scolaires. Le PS, par la voix de son président de groupe, Stéphane Mari, conteste cette analyse et juge qu’elle est lié au nouveau stade vélodrome, «une gestion souvent approximative de certains grands dossiers » et à la nécessité «d’assumer les choix pris en matière d’investissement ». Jean-Marc Coppola (Front de Gauche), déplorera «20 ans de politique libérale» et une majorité «qui ne réclame pas à l’État ce qu’il doit à Marseille». Le FN, enfin, critiquera tout et son contraire, les choix de la Ville comme «le désengagement massif de l’Etat, corollaire des exigences des bureaucrates de Bruxelles».
Roland Blum ne manque pas de rappeler: «Les 3 milliards promis par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, en faveur des transports, de l’emploi, de la sécurité, de la rénovation urbaine, de la santé, de l’éducation, du sport et des crèches». Des milliards «qui se sont envolés une fois les élections passées et la réélection de Jean-Claude Gaudin».
«Strasbourg a augmenté sa taxe d’habitation de 3%, Lyon de 4%, Lille sa taxe sur le foncier bâti de 23,3%»
L’adjoint aux finances poursuit : «Après avoir accablé d’impôts les Français, sous couvert de réduire le déficit public, qui pour autant n’a pas diminué, le gouvernement s’emploie désormais à déstabiliser les collectivités territoriales, en baissant de façon considérable les dotations». Il note à ce propos : «C’est un plan de 11 milliards d’euros en trois ans qui a été décidé, soit, 3,7 milliards par an de 2015 à 2017. Ce qui aura, selon l’Association des Maires de France, un impact de 30% sur la commande publique et donc sur l’emploi et la fiscalité».
Puis de présenter ce qu’il nomme l’équation budgétaire : «La perte de recettes de la dotation globale de fonctionnement (DGF) due à l’incurie de l’État est de 20 millions d’euros; les charges supplémentaires nettes dues aux Ars, 15,8 millions d’euros; l’augmentation des charges annuelles de la ville, 22, 2 millions d’euros, soit une augmentation de nos charges qui s’élève à 58 millions d’euros. Nous avons, face à cela, accompli un effort sans précédent de 30 millions d’économie. Nous finançons les 27,5 millions restant par une augmentation des taux des taxes». Et d’indiquer que Marseille n’est pas seule dans ce cas, «Strasbourg a augmenté sa taxe d’habitation de 3%, Lyon de 4%, Lille sa taxe sur le foncier bâti de 23,3%».
En ce qui concerne le budget d’investissement de Marseille, il s’élève à 212 millions, «soit une baisse de 16% par rapport à 2014».
«Contrairement à ce que vous affirmez régulièrement, ce n’est pas 50% des ménages marseillais qui paient les impôts locaux mais quasiment 85%»
Stéphane Mari dénonce une augmentation des impôts alors que durant la campagne Jean-Claude Gaudin s’était engagé à ne pas le faire. Ce dernier rétorquera: «Sauf dépense supplémentaire, ce que nous avons avec les rythmes scolaires».
L’élu socialiste indique : «Contrairement à ce que vous affirmez régulièrement, ce n’est pas 50% des ménages marseillais qui paient les impôts locaux mais quasiment 85%. Cette hausse que nous estimons en moyenne à 140 euros par foyer va concerner 85% de contribuables». Selon lui : «L’État baisse le montant de ses dotations en faveur de Marseille de 18 millions d’euros». Alors que la ville vote «une hausse de près de 5% des impôts; la suppression des abattements sur la taxe d’habitation; l’augmentation de 20% de cette même taxe sur les résidences secondaires et la suppression des exonérations temporaires sur la taxe foncière. Au total près de 35 millions d’euros d’impôts supplémentaires».
Stéphane Mari considère ensuite que les économies réalisées par rapport au budget 2014 permettent d’absorber la baisse des dotations d’État. Conteste les chiffres avancés par la Mairie à propos du financement des rythmes scolaires : «Vous n’affichez plus 25 millions comme l’année dernière mais 22 millions, soit environ 600 euros par élève, ce qui nous classe largement en tête de toutes les grandes villes de France, qui, elles, parlent de 150 à 250 euros». De conclure son propos en considérant que la victoire de Martine Vassal aux départementales va permettre à la Ville de percevoir plus du Département, ce qui entraînera une réponse vive de la part de Lisette Narducci : «Les socialistes ont la mémoire courte», avant de citer le montant de diverses aides apportées par l’Institution.
«Osez nous rejoindre dans cette bataille contre l’austérité»
Pour Jean-Marc Coppola (Front de Gauche) «Il y a plusieurs Marseille avec des habitants dans l’opulence et d’autres qui attendent désespérément des réponses concrètes pour vivre décemment. C’est pourquoi si vous évoquez la baisse des dotations de l’Etat, et bien dénoncez-là vraiment, combattez-là ici comme à Paris. Osez nous rejoindre dans cette bataille contre l’austérité». De souligner alors: «C’est Nicolas Sarkozy qui a inscrit dans la Constitution un tour de vis pour réduire les déficits en forçant son gouvernement et les suivants à s’engager sur le gel des dotations de l’État». Mais, à ses yeux : «Le plus contestable dans le budget de la majorité est ce que vous faites des recettes, que vous allez sans scrupules chercher dans la poche des familles, pas dans celle des entreprises». Et de fustiger: «La majorité privilégie clairement le sécuritaire en donnant des armes létales aux policiers municipaux».
Stéphane Ravier critique pour sa part : «Les balivernes de M. Gaudin» et parle d’un Marseille « pauvre, pollué, communautarisé, endetté et, aujourd’hui, surtaxé».
Et Yves Moraine, au nom de la majorité municipale de s’en prendre au PS. «Le tsunami des critiques que nous venons d’entendre révèle d’abord l’amertume de ceux qui viennent de subir en un an à peine, une troisième défaite électorale cinglante». D’ajouter: «Du côté du FN ce n’est pas mieux puisqu’il n’a eu aucun élu à Marseille».
C’est à Jean-Claude qu’il revient de prendre la parole avant le vote, une intervention lors de laquelle il cite Martine Aubry: «Oui, nous sommes contraints d’augmenter les taxes, car, comme l’a dit le Maire de Lille pour expliquer l’augmentation qu’elle a dû, elle aussi, pratiquer : « c’est parce que le gouvernement cogne »».
Michel CAIRE