Une subvention de 80 000 euros sera versée par la ville de Marseille à l’Unicef pour venir en aide aux civils de Gaza, un dossier qui fait suite à une première subvention, votée en décembre, qui, elle , devait passer par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Subvention bloquée pour l’instant en attendant les résultats d’une enquête sur cette organisation pour l’implication d’une douzaine de ses membres dans les attentats terroristes du 7 octobre.
Il n’y a qu’une urgence : préserver des vies humaines
Le maire de Marseille, Benoît Payan présente avec gravité le dossier. Il rappelle : « Le 7 octobre le Hamas commettait des actes terroristes d’une violence inouïe et sans précédent depuis la Shoah ». Depuis, signale-t-il : « Nous nous sommes alignés sur les positions de la France et nous continuerons ». Précisant que « Marseille se tient sans relâche aux côtés des victimes ». Dès lors, il appelle : « A la libération immédiate et sans condition des otages dans la droite ligne de la position française et sans jamais y déroger. Nous avons appelé au respect du droit international, à la mise en place d’un corridor humanitaire et à un cessez-le-feu immédiat ». Le maire de Marseille considère que «la situation humanitaire n’est plus tenable à Gaza. Protéger les femmes, les enfants, toutes les victimes civiles de cette guerre c’est d’abord une obligation du droit international mais c’est surtout un impératif moral ».
C’est dans ce cadre qu’en décembre dernier le conseil municipal a voté une aide humanitaire à destination des populations civiles de Gaza en les versant à l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Mais, rappelle le maire de Marseille, « face à des révélations récentes concernant des salariés de cette agence j’ai immédiatement demandé au Ministère des Affaires Étrangères de me donner la position de la France ». France, indique-t-il, «qui a déclaré ne pas suspendre son aide à Unrwa». Et d’attendre que le pays reprenne ses versements pour faire ce don. « Mais, insiste-t-il, dans la situation actuelle il n’y a qu’une urgence : préserver des vies humaines. C’est pour cette raison que j’ai souhaité que Marseille verse une aide exceptionnelle à l’Unicef pour les enfants victimes de violence à Gaza. Et nous nous tenons aux côtés de la France et de la communauté internationale pour demander la libération immédiate de deux enfants encore retenus en otage ».
Valérie Boyer, LR, se dit rassurée : « Vous êtes revenu sur la délibération précédente lors de laquelle nous nous vous invitions à la méfiance concernant l’Unrwa ». Selon elle : « La France a suspendu son aide à l’Unrwa. Notre ancienne ministre des Affaires Étrangères fait partie d’une commission d’enquête. Mais personne ne s’oppose à ce que l’on vienne en aide aux enfants ». Le Zemmouriste Stéphane Ravier charge : «Cette subvention à l’Unrwa est une honte. Si vous la maintenez je porte l’affaire devant le tribunal administratif ». La RN Gisèle Lelouis dénonce à son tour l’Unrwa mais indique : « Nous ne serons pas contre cette subvention à l’Unicef».
Zoubida Meguenni, groupe écologiste, déplore pour sa part les attaques contre l’Unrwa : « Ne sont concernés que 12 salariés sur 30 000 et l’agence a pris des mesures contre ces 12 personnes ». Et d’attendre les résultats de l’enquête menée par Catherine Colonna. Puis de condamner l’attaque terroriste du 7 octobre avant de considérer que la riposte israélienne présente un risque de « génocide » ce qui poussera Benoît Payan à réagir : « Je ne partage pas le terme de génocide ».
«Être encore plus visible dans la lutte contre l’antisémitisme»
Le Macroniste Lionel Royer-Perreaut insiste sur le rôle d’une collectivité territoriale qui est «de s’aligner sur les positions diplomatiques de la France ce que vous faites. De plus vous posez le préalable qu’il fallait en condamnant les actions terroristes du Hamas et en demandant la libération des otages ». Puis de demander à la Ville d’être encore plus visible dans la lutte contre l’antisémitisme. Il conclut son intervention: « Je voterais ce rapport comme j’avais voté le précédent. Mais si le rapport de Catherine Colonna venait à considérer que l’Unrwa n’a pas respecté le droit international j’espère que vous serez aligné sur une position de condamnation.» Yannick Ohanessian, adjoint au maire en charge de la sécurité répond à Lionel Royer Perreaut: «Oui il y a une montée de l’antisémitisme et, avec les autres collectivités, nous luttons contre ».
«Il faut que cette guerre cesse et il faut que les otages soient libérés »
Catherine Pila, Une volonté pour Marseille, interroge : « Vous proposez une nouvelle subvention de 80 000 euros est-ce que vous verserez la même somme pour les victimes israéliennes ? ». Pour Samia Ghali, maire-adjointe de Marseille : « La situation est suffisamment dramatique parce qu’il s’agit d’enfants, qu’ils soient juifs ou palestiniens. Et on ne parle que de 80 000 euros pour des milliers de morts. C’est une goutte d’eau mais elle est importante. Bien sûr que nous condamnons ce qui s’est passé le 7 octobre mais ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas normal. Il faut que cette guerre cesse et il faut que les otages soient libérés ».
Le seul objet de la délibération est de venir en aide aux populations
Laurent Lhardit, Printemps Marseillais déclare : « Le 7 octobre les terroristes du Hamas ont perpétré le plus important massacre de juifs depuis la seconde guerre mondiale. Depuis Israël a décidé d’éliminer le Hamas en pénétrant à l’intérieur du territoire palestinien. On a tous vu, entendu, compris qu’un drame humanitaire se joue, qu’il frappe dramatiquement la population civile de la bande de Gaza, un territoire à peine plus grand que Marseille. » Et, il explique que le seul objet de la délibération est de venir en aide aux populations. Il invite « la minorité de l’opposition » tentée par l’envie « d’exploiter une polémique politicienne » de prendre exemple sur « les communautés locales concernées directement par le conflit qui font le choix de la retenue ».
«Ce qui est proposé qui est symbolique mais aussi indispensable»
Jean-Marc Coppola, PCF trouve « dérisoires certaines interventions au regard de ce qui est proposé qui est symbolique mais aussi indispensable ». Il évoque le conflit israélo-palestinien, ceux qui soutiennent la paix et deux États : « Et je suis fier d’appartenir à une sensibilité qui, dès 1987 a condamné le Hamas qui s’opposait au processus de paix initié par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Un processus que Rabin a payé de sa vie ».
« Les gens qui ont été attaqués aidaient au quotidien la population civile de Gaza»
Benoît Payan reprend la parole pour remercier les différents intervenants «et tout particulièrement Valérie Boyer et Lionel Royer-Perreaut qui posent des questions légitimes et qui sont à la hauteur de ce que nous devons faire ». Il dénonce une nouvelle fois l’attaque du 7 octobre « le premier pogrom du 21e siècle, le plus grand massacre de juifs depuis 1945 ». Il s’agit là pour lui : « d’une attaque terroriste qui a couvert de honte, de mort, de noir tout ce qui pouvait se passer ». Il rappelle que «les gens qui ont été attaqués aidaient au quotidien la population civile de Gaza ». «Il est absolument inacceptable que certains aient relativisé ce qui a pu se passer le 7 octobre », déplore-t-il avant d’ajouter ne pas vouloir commenter la riposte d’Israël.
Concernant L’Unrwa, Benoît Payan avance que le porte-parole du Quai d’Orsay a indiqué que que la France soutenait toujours l’Unrwa et en fonction de l’enquête indépendante diligentée par l’ancienne ministre des Affaires Étrangères, il décidera ou pas de nouveaux versements. «Je ne suspend donc pas le versement je l’accroche à celui du pays auquel j’appartiens », annonce Benoît Payan qui précise : «Mais, comme je ne peux pas faire comme si rien ne se passait je décide de verser 80 000 euros à l’Unicef ».
«L’antisémitisme c’est une métastase de l’humanité»
Concernant l’antisémitisme il note : « Jamais, depuis le 7 octobre, la France n’avait connu une telle montée de l’antisémitisme. Je vois fleurir sur les murs des synagogues, sur des commerces dont les propriétaires sont juifs des mots qui me font honte. Je demande qu’ils soient immédiatement retirés. Et j’ai décidé d’aller plus loin avec le prix Robert Mizrahi, prix permettant aux élèves d’apprendre ce qu’est la Shoah, l’antisémitisme. L’antisémitisme c’est une métastase de l’humanité, c’est un combat permanent à mener contre quelque chose qui se transforme sans cesse. Quand nous croyons la bête morte elle se transforme, elle s’infiltre de partout ». Concernant l’aide financière à Israël, il signale : « J’ai demandé à l’Unicef qui m’a répondu qu’Israël ne souhaitait pas un soutien financier. Je dois donc trouvé un support agréé par la France pour venir en aide aux enfants qui ont subi les attaques du 7 octobre ». Et, concernant la sécurité il assure : «Nous déployons notre police municipale devant les écoles juives et les synagogues pour éviter tout incident et je demande l’aide de la police nationale ».
Michel CAIRE