Publié le 6 mai 2023 à 11h19 - Dernière mise à jour le 6 juin 2023 à 16h18
Il a été question de sécurité au cours du Conseil municipal qui s’est tenue en présence de familles de victimes et qui a donné lieu en ouverture de séance à une intervention du maire de Marseille, Benoît Payan.
La séance du 5 mai du Conseil municipal de Marseille a été grave avec des interventions de droite comme de gauche pour la plupart à la hauteur du drame qui se joue dans cette ville, en dehors des dérapages de l’extrême droite. Mais, avant d’évoquer largement ces interventions, il importe de revenir sur l’intervention préliminaire du maire. Lequel considère: «Le narcotrafic, qui fait de la pauvreté une rente, a enfermé des milliers de Marseillaises et de Marseillais dans la peur du quotidien. Pendant des années les pouvoirs publics ont regardé à côté». Mais il ne manque pas d’ajouter: «C’est un sujet qui doit, qui devra dépasser tous les clivages, qui dépasse tous les jeux de pouvoir, un sujet sur lequel nous travaillons avec le président de la République, avec les Ministres, avec les Préfets, avec toutes celles et tous ceux qui savent abandonner les postures quand il s’agit de Marseille».
«Chaque semaine des Marseillais perdent la vie sous les balles»
Dès ses premiers mots le ton est donné: «Chaque semaine des Marseillais perdent la vie sous les balles d’une guerre qui dure depuis trop longtemps», dénonce le maire de marseille qui rappelle que : «les fusillades, les assassinats, les exécutions ne sont jamais des faits divers. Ce sont toujours des drames». Car, poursuit-il: «À chaque fois que frappe la violence de ces gangs, à chaque fois que le linceul se pose sur ces Marseillais, ce sont nos fils, nos frères, nos pères, nos grands-pères ; ce sont des familles déchirées, des quartiers dévastés, traumatisés, des voisins apeurés, des plaies béantes. Ce sont des vies enlevées au nom d’un réseau criminel qui plonge Marseille dans la tourmente».
Le maire de Marseille rappelle que «ce sont aussi des habitants qui se battent pour continuer à exister, pour être entendus, qui se battent avec dignité pour être pleinement citoyens d’une République qui parfois ne les regarde plus, qui trop souvent leur refuse le statut de victimes». Insiste sur le fait qu’il s’agit: «de gens qui vivent dans la peur et dans la crainte du quotidien, des femmes et des hommes assignés à résidence, qui n’osent parfois plus sortir de chez eux»; avant de s’interroger: «Dans quelle autre ville de France aurait-on accepté ça ?».
«Désormais, les tueurs ne se cachent plus»
Benoît Payan fustige: «Désormais, les tueurs ne se cachent plus; ils n’agissent plus tapis dans l’ombre. Ils frappent aveuglément, et frappent en pleine lumière». Alors, pour le maire, il est hors de question de laisser aux narcotrafiquants «un seul moment de répit. Face à eux, l’État doit être ferme, fort, et nous devons être responsables et dignes». Il précise immédiatement: «Nous continuerons de demander des moyens et des effectifs pour notre ville. Nous l’avons déjà fait, et ce sont déjà des personnels de Police, de Police Judiciaire, de Police Scientifique, de Police Financière, des magistrats, qui sont arrivés à Marseille, pas par dizaines, mais par centaines». Et point question de polémiquer: «Et si je salue ce matin l’effort du gouvernement, et le travail de la Préfète de police, il en faudra encore plus pour répondre à l’impératif de sécurité qu’exigent les Marseillais. Et je sais d’ailleurs que sur cette question l’État et le Gouvernement ne fléchiront pas».
«Jamais notre main ne devra trembler, pour traquer, arrêter et condamner»
Le maire de Marseille assure: «Jamais notre main ne devra trembler, pour traquer, arrêter et condamner à des peines maximales ces criminels et leurs commanditaires. Traquer les commanditaires, traquer les assassins, traquer les porte-flingues, traquer ceux qui installent la guerre à Marseille.Tout doit être fait pour stopper cette spirale infernale de la mort, pour stopper ces bandes d’assassins.».
Il aborde ensuite l’action de sa majorité: «Depuis le premier jour, nous sommes au rendez-vous, nous faisons notre travail. Pour ouvrir des centres sociaux, pour investir dans la rénovation urbaine, dans la politique de la ville, pour désenclaver ces quartiers, rénover les écoles, embaucher des policiers et installer de la vidéoprotection notamment dans le Nord de la Ville.» S’il juge qu’il n’y a pas de solution miracle il avance: «Il y a des lois dans ce pays, et ces lois doivent être appliquées, partout et pour tous». Ajoutant qu’«il n’est pas de liberté qui ne coïncide pas avec l’impératif de sécurité et de fermeté face à ceux qui assassinent. Aujourd’hui, plus que jamais, c’est la France, c’est la République, qui doit aider Marseille, et c’est Marseille qui doit se lever toute entière pour être entendue».
«Marseille a besoin d’engagement plutôt que de commentaires»
Et de signifier tranquillement à ceux qui voudraient profiter de ces drames que «Marseille a besoin d’engagement plutôt que de commentaires. Parce que, Mesdames, Messieurs, c’est notre ville toute entière qui souffre de ces drames, et c’est Marseille toute entière qui doit s’unir. Nous devons ici, toute la représentation municipale, peser de tout notre poids, à tous les niveaux, des mairies de Secteur jusqu’au sommet de l’État, pour trouver ensemble des solutions. Nous irons chercher sans relâche et avec volonté tous les moyens d’agir pour redonner aux habitantes et habitants le droit de vivre sereinement».
«Vous qui avez cessé de vivre»
Puis de se tourner vers le public, vers les familles de victimes: «Vous qui êtes les mamans, les parents, vous les frères et les sœurs, vous qui avez cessé de vivre le jour où vous avez perdu un enfant, un mari, un frère. Vous qui restez dignes. Vous qui agissez avec force, avec honneur et avec bravoure. Vous qui continuez de vous battre pour que plus jamais personne n’ait à subir ce que vous avez subi». A ces familles qui réclament justice, il tient à déclarer: «Votre dignité nous oblige. Elle nous oblige à ne rien lâcher, et à agir sans relâche pour en finir avec la résignation». Puis d’inviter à respecter une minute de silence, invitation à laquelle quelques élus notamment sur les bancs de l’extrême droite n’ont pas tenus à respecter en ne se levant pas.
Michel CAIRE