Publié le 22 décembre 2021 à 22h48 - Dernière mise à jour le 3 novembre 2022 à 12h35
Le conseil municipal de Marseille, après un débat parfois vif, a voté à l’unanimité le rapport portant sur la création de la société publique qui mettra en œuvre le Plan Écoles. 1,2 milliard d’euros seront investis par la Ville et par l’État pour rénover les 470 écoles du territoire
Près d’une centaine de délibérations était à l’ordre du jour du conseil municipal de Marseille. Il a notamment été question de la lutte contre la pauvreté, de nouvelles règles dans l’attribution des logements sociaux municipaux, de la mise à jour de la carte des risques majeurs, de lutte contre les dépôts sauvages de déchets ou encore de la charte de déontologie pour les élus et agents municipaux. Mais c’est un rapport supplémentaire (n°95), ajouté à l’ordre du jour initialement prévu qui a ouvert le débat. Il fait suite à la venue du Premier ministre Jean Castex, ce mardi 14 décembre à Marseille. Dans ce cadre, le Premier ministre et le maire de Marseille ont signé un protocole d’engagement de réhabilitation des écoles marseillaises qui a été soumis au vote du conseil municipal et a entraîné des échanges vifs avant d’être adopté.
Un plan de rénovation historique
Ce plan vient concrétiser l’engagement de l’État aux côtés de la Ville de Marseille dans son grand projet de rénovation des 470 écoles municipales. Au total, 1,2 milliard d’euros seront investis pour les écoles. L’engagement historique de l’État atteindra les 400M€ en subventions et garantira plus de 650 millions d’euros d’emprunts sur les 800 millions que mobilisera la Ville de Marseille. Et quelque 150 millions supplémentaires se sont ajoutés aux 250 millions d’euros déjà votés par l’Assemblée nationale.
«La preuve que quand on veut on peut»
Benoît Payan rappelle que la question des écoles a été l’une des questions centrales de la campagne électorale et que ce protocole d’accord «est le résultat du travail acharné conduit». Il ajoute: «De la rencontre du président de la République et du Premier ministre est née une volonté commune de faire avancer ces dossiers». De mettre en exergue, les 255 millions d’euros voté par l’Assemblée nationale, la garantie bancaire portée également par cette dernière à la Ville pour 650 millions d’euros et les 150 millions d’euros supplémentaires porté par l’État «portant la participation de ce dernier à un niveau historique de 400 millions d’euros». Le maire de Marseille d’insister : «Aujourd’hui c’est la preuve que quand on veut on peut».
Hervé Menchon, groupe écologiste et citoyen, se félicite de ce protocole fruit: «d’un dialogue fructueux avec le gouvernement et le président de la République dans l’intérêt de Marseille» avant de dénoncer la volonté d’expérimentation dans 50 écoles: «Nous refusons de devenir les cobayes de la politique néolibérale».
«La rénovation lourde de 174 écoles et la remise à niveau des 296 autres établissements scolaires»
Pierre-Marie Ganozzi, Printemps Marseillais, adjoint en charge du Plan écoles et du bâti scolaire tient à revenir sur le passé: «Il y a 4 ans la précédente majorité votait un Partenariat public-privé (PPP) de 1 milliard d’euros. Il y a 2 ans à peine nous luttions contre ce PPP et pour que l’éducation devienne une priorité et, aujourd’hui, nous avons la fierté de présenter ce plan, un PPP bien différent puisqu’il s’agit d’un partenariat public-public, entre l’État et la Ville, de 1,2 milliard sur 9 ans».
L’élu précise que ce chantier, «unique en France», permettra la rénovation lourde de 174 écoles et la remise à niveau des 296 autres établissements scolaires pour permettre aux 80 000 écoliers marseillais «d’étudier dans des conditions dignes», dans des écoles en bon état, ouvertes et accueillantes, «alors que le PPP de la précédente majorité ne concernait que 10% des écoles», souligne-t-il.
«Ce n’est pas la volonté qui manquait mais l’argent»
Pierre Robin, pour l’opposition de droite, concède un satisfecit et précise : «Nous voterons ce rapport. Vous avez mis beaucoup d’énergie sur ce dossier et cela a été utile». Considère: «Vous avez su saisir l’opportunité d’un État généreux qui a su ouvrir le chéquier là où d’autres l’avaient gardé fermé et le Partenariat public-privé avait alors été la solution que nous avions trouvée. Vous avez saisi l’opportunité comme la présidente de la métropole a su le faire pour rattraper un autre retard, concernant les transports». Pour lui: «Ce n’est pas la volonté qui manquait mais l’argent». Puis de déplorer que l’opposition ne soit pas associée à la démarche.
«Jean-Claude Gaudin avait table ouverte chez le Premier ministre et le président de la République»
Stéphane Ravier, RN, profite d’avoir la parole pour répondre à Pierre Robin, présidentielle oblige: «Le Maire précédent a été à la tête de cette ville pendant 25 ans, période pendant laquelle il a également été notamment président de la région ou encore ministre de la Ville. A défaut de chéquier ouvert Jean-Claude Gaudin avait table ouverte chez le Premier ministre et le président de la République, en particulier Nicolas Sarkozy. Il aurait eu la possibilité d’avoir chéquier ouvert. Alors pourquoi en sommes-nous arrivés là. Peut-être par déni, sans doute aussi n’était-il pas informé par son entourage. Toujours est-il qu’il n’y a pas que la gauche qui a alerté, nous aussi nous avons sonné le tocsin.(…) En tout cas nous voterons favorablement ce rapport».
«Nous savons l’historique du combat qu’il a fallu mener pour nos écoles»
Samia Ghali (Marseille avant tout), revient à son tour sur l’intervention de Pierre Robin: «Vous êtes un nouvel élu mais ici nous connaissons l’historique du combat qu’il a fallu mener pour nos écoles». Elle raconte : «En 1995, dans une école des 15/16 les enfants avaient peur d’aller à l’école parce qu’il y avait des rats et, dans le dortoir, par temps de pluie l’eau coulait sur les fils électriques». Elle considère: «Il ne s’agissait pas de problèmes financiers mais de choix politiques. D’ailleurs, en 2016, il a fallu que je fasse voter un amendement au Sénat pour que Marseille ne perde pas les 120 millions qu’elle n’avait pas utilisés, somme allouée pour la rénovation urbaine». Elle poursuit: «Jean-Claude Gaudin avait une aura nationale, il aurait pu demander de l’argent pour Marseille à l’instar de bien d’autres maires, il ne l’a jamais fait. Et quand il a été question de métropole, quand Paris et Lyon étaient en négociation financière avec le gouvernement lui ne se préoccupait que du maintien des conseils de territoire et de savoir si les élus allaient garder leurs indemnités».
Benoît Payan de conclure: «Aujourd’hui nous avons la possibilité de faire en sorte que cette ville entre dans la norme nationale. L’école n’est pas de droite ou de gauche et nous, nous essayons juste de la réparer».
Michel CAIRE