Publié le 7 novembre 2022 à 9h23 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 20h49
Le Conseil municipal de Marseille était réuni ce vendredi 4 novembre pour l’avant-dernière séance de l’année 2022. Crèches, Jeux olympiques et paralympiques, bibliothèque étaient à l’ordre du jour d’un conseil qui a vu le RN s’en prendre au planning familial et au droit à l’avortement et la naissance du groupe du député Renaissance Lionel Royer-Perreaut.
Crèches: une politique volontariste
Sophie Guérard, adjointe au maire, en charge de la place de l’enfant dans la ville est intervenue à propos du soutien en direction des associations œuvrant dans le domaine de la petite enfance et du versement du solde des subventions 2022. Elle souligne que la ville dresse un bilan de la politique municipale dans ce domaine: «Nous menons depuis notre arrivée une politique volontariste. Nous comptons 59 crèches municipales qui accueillent quotidiennement 3 500 enfants et nous accompagnons les crèches associatives du projet à la réalisation, du financement à l’investissement. Ainsi, depuis 2020, notre majorité a permis l’ouverture de 230 places supplémentaires avec l’ouverture de 7 nouvelles structures et, pour 2023, 6 nouvelles ouvertures sont prévues, soit 171 places supplémentaires». «alors oui, poursuit-elle, le retard est grand mais nous n’avons de cesse de le rattraper avec plus de 1M€ de budget supplémentaire pour la petite enfance». Elle annonce que les 19 et 20 novembre, dans le cadre de la journée des droits de l’enfant, la Mairie sera ouverte et accueillera un village associatif et des animations.
Jeux olympiques et paralympiques
Pour Samia Ghali, maire-adjointe en charge de la stratégie municipale sur les projets structurants de la ville, souligne l’ambition qui est celle de la Ville d’accueillir la flamme olympique, de réunir tous les éléments afin que les épreuves marseillaises soient un succès. «Nous travaillons aussi, insiste-t-elle, à la demande des habitants, pour qu’ils ne soient pas perturbés dans leur vie quotidienne pendant les Jeux ce qui nécessite des aménagements. Nous sommes prêts, nous n’avons pas pris de retard et nous avons prévu 10% d’autorisation de programme supplémentaire au cas où l’inflation l’imposerait». Elle ajoute que le projet est exemplaire sur le plan écologique et offrira à un plus grand nombre de petits marseillais l’occasion de découvrir les activités nautiques. Hervé Menchon, en charge de la mer, du littoral, groupe écologiste et citoyen ajoute pour sa part: «Les Jeux 2024 sont une chance pour Marseille même si la décision, prise par la précédente municipalité, de faire du Roucas Blanc le centre des JO n’est pas la meilleure. C’est une chance parce que la Ville a trop longtemps tourné le dos à la mer, parce que c’est un chantier à fort enjeu environnemental -on enlève la vase, on réutilise le sable, on crée une nurserie à poissons. Et, sur le plan social, ces travaux permettront de doubler le nombre de stages et d’équilibrer les stages entre le Nord et le Sud». Il note enfin que les Marseillais devraient bénéficier des retombées des Jeux, des équipements pour 10M€ sur les 40 que coûte l’opération. Sur les bancs de l’opposition, Alain Gargani, (UVPM) tient à souligner : «On attend 10M€ de retombées». Il rappelle que «la Région est très impliquée dans le succès des Jeux, elle verse 21M€ pour la voile et 5M€ pour financer la marina». Toujours dans le cadre des JOP, Yannick Ohanessian, en charge de sécurité annonce que tout est mis en œuvre «pour assurer la sécurité des Marseillais et des touristes du monde entier qui viendront assister aux épreuves. Nous travaillons pour cela avec l’ensemble des acteurs et nous avons mis sur pied une stratégie pour la tranquillité de tous sur terre et sur mer, nous créerons pour cela dès 2023 une brigade tranquillité littorale de la police municipale. Et l’État sera à nos côtés pour assurer la sécurité de tous».
Naissance d’un groupe
Après les JOP, il a été question de compétition politique avec la création d’un nouveau groupe au sein du conseil municipal porté par Lionel Royer Perreaut, député Renaissance. Ainsi « Ensemble pour les Marseillais » est lancé et sera composé de cinq conseillers, Lionel Royer-Perreaut, Isabelle Campagnola-Savon, Emmanuelle Charafe, Aurore Bruna et Anne-Marie d’Estienne d’Orves. Le député se présente comme l’animateur du groupe avant l’élection d’un président. Il explique qu’«il y a des sujets qui imposent le consensus parce que nous aimons tous notre Ville, les Jeux en font partie et il y en aura bien d’autres, comme Marseille en Grand». Une création de groupe qui s’inscrit «dans le contexte de profondes mutations qui impose une refondation de notre pacte républicain. C’est pour participer à cet élan que nous avons décidé de créer ce groupe», indique Lionel Royer-Perreaut qui précise qu’il s’agit là «d’œuvrer à une troisième voie, centrale, pour porter la voix d’une opposition constructive et ferme. Si nous refusons de tendre la main aux extrêmes nous sommes ouverts à tous ceux qui sont soucieux de porter un discours d’espoir. Nous sommes dans l’opposition mais nous serons avec vous sur des projets structurants mais aussi sur les projets de réforme de la métropole pour que Marseille soit mieux entendue, mieux défendue, pour que les richesses du territoire soient réinjectées sur Marseille». Et de se tourner vers la majorité municipale: «Je sais que ces combats nous sont communs». Mais, ajoute-t-il: «Nous avons aussi des divergences: sur la politique fiscale, sur l’aménagement du territoire, sur la sécurité… Et tout ceci fait partie du débat démocratique». Puis à destination de son ancien groupe « Une volonté pour Marseille», il affirme que, comme le prouve la majorité municipale, «la pluralité est une force».
Une bibliothèque/médiathèque va voir le jour rue Loubon (3e)
C’est Benoît Payan qui présentera le dossier relatif à l’acquisition, 32 rue Loubon, d’un ensemble immobilier en vue de la réalisation d’un équipement public culturel de type bibliothèque/médiathèque. Occasion pour lui de rendre hommage à Émile Loubon «grand directeur de l’école d’art de Marseille». Il reprend en insistant sur l’importance de la culture «dans les temps troubles» que nous traversons. «Nous nous portons donc acquéreur d’un ensemble afin de réaliser dans le 3e arrondissement, probablement le plus jeune de Marseille, pour faire un lieu où il n’y aura pas seulement de très beaux livres mais aussi des espaces pour échanger. Oui, la culture est essentielle dans ces moments où le doute s’installe, où chaque euro est compté où, les divisions et fracas du temps font que, parfois, nous n’avons plus comme solution que de nous regarder en chien de faïence. Le livre fait grandir, espérer, créer; le livre est une des plus belles choses qui puissent être». Le Zemmouriste Cédric Dudieuziere annonce que les élus zemmouristes voteront ce dossier tout en affirmant s’inquiéter pour le fonctionnement du futur équipement «lorsque l’on sait le sous-effectif de ce service». Toujours dans l’opposition, Atia Hayat (UVPM) raconte: «Dans notre ville, les bibliothèques nourrissent non seulement l’esprit, elles sont aussi des havres de paix, cela l’a été pour moi. La bibliothèque me permettait de m’évader et elle était une ouverture sur le monde, une occasion de s’ouvrir l’esprit à une certaine tolérance». Et d’annoncer que son groupe votera ce dossier. Jean-Marc Coppola, en charge de la culture, ne manque pas de répondre à Cédric Dudieuziere: «L’état actuel du service public ne doit pas nous faire renoncer à ouvrir de nouvelles bibliothèques». Surtout, insiste-t-il, «que le retard est patent, nous allons avoir 10 bibliothèques municipales quand il y en a 16 à Lyon et 21 à Toulouse». Il précise également que la nouvelle municipalité s’est attaquée au sous-effectif dans les bibliothèques, dès son arrivée aux affaires, en recrutant.
Le planning familial pris d’assaut par le RN
Michèle Rubirola, Première adjointe, en charge notamment de la santé, aborde le dossier des subventions attribuées aux associations qui développent des projets de santé publique parmi lesquelles le Planning Familial. C’en est trop pour Selloum Arezki (RN), qui assoit ainsi les thèses de son parti: «Il y a dans ce dossier des associations utiles et d’autres que nous considérons néfastes pour la société car défendant une conception de la famille aux antipodes de la nôtre». Et de dénoncer le droit à l’avortement, le mariage pour tous… Une intervention à laquelle ne manque pas de répondre Michèle Rubirola qui rappelle que, voilà 40 ans, Simone Veil, ministre de la Santé, défendait à l’Assemblée son texte de loi sur l’IVG, interruption volontaire de grossesse. Un texte qui sera adopté après trois jours et deux nuits de combat le 29 novembre 1974. Un combat toujours d’actualité, dans un contexte international où nombre de pays font vaciller ce droit. L’élue annonce qu’elle organisera une manifestation à l’occasion de cet anniversaire.
Michel CAIRE