Publié le 1 avril 2016 à 2h38 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Non, non, ce n’est pas un poisson d’avril, le Conseil municipal de Marseille se réunit bien ce vendredi 1er avril à partir de 8h30. Les conseillers sont appelés à voter (pour ou contre et même s’abstenir) les quelques 200 rapports présentés. Parmi eux le budget primitif 2016, l’intensification du plan municipal en faveur des écoles et des crèches et enfin le clou des dossiers l’extension du dispositif de vidéo-protection. Entretien avec Caroline Pozmentier (LR) l’adjointe au maire en charge de la sécurité de la ville de Marseille
Destimed: Ce vendredi matin va être portée au vote « l’extension du dispositif de vidéo-protection urbaine ». Pouvez-vous revenir sur la genèse de ces caméras ?
Caroline Pozmentier: Je tiens tout d’abord à rappeler qu’en 2011 nous n’avions que 200 policiers municipaux, ils sont 420 aujourd’hui faisant ainsi de Marseille la plus grande police municipale de France. Puis, nous avons lancé en 2009-2010 un marché afin de doter Marseille de caméras de vidéo-protection. Sachant qu’en 2009, les caméras ne recueillaient que 65% d’avis favorable de la part de la population. Nous avons donc fait le pari de ces outils performants qui permettent à nos polices (municipale et nationale ndlr) de travailler mieux, d’être plus réactives mais aussi de collaborer. Un partenariat indispensable pour une politique de sécurité à l’échelle de la 2e ville de France. Le Centre de supervision urbain (CSU) de la ville de Marseille est ouvert 24h/24 et plus de 40 policiers municipaux l’exploitent par le biais de convention, de coordination avec la police nationale. Puis, début 2013 nous avons lancé la vidéo-verbalisation et en l’espace de 3 ans, dans certains secteurs, il est possible de dire que les Marseillais respectent de mieux en mieux l’espace public. La politique de sécurité se veut globale à la fois au service de la tranquillité publique et de la lutte contre la délinquance. Chaque année en moyenne ce sont plus de 1 200 faits qui sont constatés en temps réels par les opérateurs du CUS. En 2014, nous avons vu plus de 1 000 images réquisitionnées à la demande des services de police, en 2015 nous étions à 1500. Nos policiers municipaux surveillent et contribuent à l’élucidation des affaires judiciaires. La Direction départementale de sécurité publique que je viens d’avoir m’a précisé que depuis le début de l’année ce sont 60 interpellations en flagrant délit qui ont été rendues possibles par le CSU dont 40 en temps réel. Nous avons donc légitimement voulu continuer le déploiement des caméras sur Marseille. L’acte fondateur sera cette première délibération pour 500 caméras.
Est-ce que la concertation aura sa place dans le dispositif ?
Il m’appartient pour nos administrés de donner les bonnes informations de
cette phase de déploiement des 500 caméras. En 2009 nous étions très volontaristes eu égard à l’opposition. Et je prends sur moi la première phase des mille caméras -qui sont quasiment toutes en service aujourd’hui- n’avait fait l’objet que d’une concertation très technique avec la préfecture de police et, nous avions suivi à 97% les préconisations de la police nationale afin de déployer au plus vite et au mieux ces premières1 000 caméras. Pour cette nouvelle phase, nous souhaitons toujours une concertation technique et professionnelle avec la police nationale, avec le Procureur de la République et nos partenaires financiers le Département et la Région. Une fois cette phase passée après 6 ou 7 mois, nous aborderons une concertation avec les mairies de secteur, les Comités de quartier, les associations de commerçants. A l’issue, il faudra compter au moins une année en tout, nous serons prêts à lancer le marché avec un cahier des charges des plus précis. Car, installer des caméras de vidéo-protection ce n’est pas l’installation de simples potelets mais de véritables chantiers qui répondent à la fois à des règles très techniques et d’environnement.
Où en est-on justement, aujourd’hui, de l’installation des 1000 premières caméras?
Le plan des 1 000 caméras est quasiment abouti. Nous sommes sur 200 qui doivent être mises en service avant la fin de 2016. Elles sont aujourd’hui installées dans tous les arrondissements. Il reste à installer par arrondissement, par exemple, 5 caméras dans le 11e, 15 dans le 12e, 29 sur le 9e et 33 sur le 8e. A propos du 8e, l’abandon de la mise en service du BHNS nous prive de 30 caméras. Nous voulions les installer sur un réseau propriétaire qui ne coûte plus rien en fonctionnement à la ville. Et je tiens à annoncer que j’ai vu avec le ministère de l’Intérieur afin que nous puissions transformer ces caméras BHNS en caméras espace publique et il a accepté. Le 8e arrondissement va voir son plan de déploiement aboutir avant la fin 2016. Après, les 500 autres caméras continueront à mailler l’espace public d’ici 2018-2019.
Des espaces prioritaires sont-ils prévus pour ces caméras ?
L’enjeu de ces caméras est la lutte contre la délinquance mais aussi le Secours, puisque le Bataillon de marins-pompier de Marseille (BMPM) reçoit les images du CUS à son centre de commandement; nous allons bientôt signer une convention. Et aussi l’éducation avec l’installation de caméras aux abords des établissements scolaires. nous avons été très attentifs à l’audit sureté que nous avons réalisé en interne auprès des établissements scolaires de la ville. Il faut savoir que 40% des écoles sont couvertes par la vidéoprotection: 120 écoles ont des caméras en environnement proche – installées à l’abord de l’école- et, 55 écoles sont couvertes en indirect, à savoir dans le périmètre. A propos des 500 caméras à venir, les priorités qui sont les nôtres concernent les abords des établissements scolaires ce qui nous permet d’aller chercher des financements partenariaux: Département et Région seront ainsi avec nous dans cette boucle financière. Et l’État à hauteur de 50% ou peut-être plus…
Outre l’investissement, qu’en est-il du coût supplémentaire de fonctionnement que ces 500 nouvelles caméras vont générer?
Il faut savoir qu’entre 2008 et 2015 les dépenses de fonctionnement de la sécurité hors personnel ont augmenté de 112% et les frais de personnels de plus 60% . Nous allons poursuivre jusqu’à 2 000 caméras horizon 2020. La gestion est des plus sérieuses dans le développement et le fonctionnement. Des recrutements sont nécessaires pour que le Centre fonctionne mais aussi nous avons lancé un marché pour un traitement intelligent de l’image avec de nouveaux logiciels qui vont permettre d’alerter les opérateurs et ainsi travailler en meilleure gestion des ressources humaines. In fine, nous allons créer cette ville de demain à laquelle nous aspirons: intelligente et sûre
Propos recueillis par Patricia MAILLE-CAIRE