Publié le 6 octobre 2020 à 10h31 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h14
La sécurité, évoquée à propos du recrutement de 100 policiers municipaux, a fait l’objet d’un débat dense lors du conseil municipal de ce lundi 5 octobre. Occasion d’aborder les enjeux de tranquillité, de sûreté, de stationnement, de transports mais aussi de vidéo-surveillance. Tandis que la Droite étale ses divisions avec pas moins de trois intervenants sur cette seule question.
Yannick Ohanessian, adjoint en charge de la tranquillité publique, de la prévention, de la sécurité et de l’espace public indique, concernant la délibération visant à recruter, dès 2021, 100 policiers municipaux supplémentaires: «Notre objectif est clair : atteindre dans 6 ans le doublement des effectifs de la Police municipale, passant de nos 428 policiers actuels à plus de 800». Des effectifs supplémentaires qui ne seront pas là «pour pallier les carences de l’État et le manque de policiers nationaux», insiste-t-il, mais devront permettre «une meilleure répartition» dans tous les secteurs de la ville, une plus forte présence la nuit et une action renforcée contre le stationnement anarchique. Au-delà du simple renforcement des effectifs il avance: «Nous nous attaquerons quotidiennement aux véhicules ne respectant pas les pistes cyclables et rendrons les trottoirs aux piétons. Ainsi pour lutter contre le stationnement anarchique, je doterai la Police municipale et les ASVP (Agent de surveillance des voies publiques NDLR) de tous les outils nécessaires et créerai une brigade spécialisée. Il ajoute immédiatement qu’une action sera entreprise auprès de la métropole pour renforcer les transports en commun. Il poursuit: «Nous renforcerons l’offre de stationnement pour les 2 roues, les vélos ou les véhicules d’auto-partage et créerons une offre de stationnement dédiée aux engins de déplacement personnel en libre-service pour faciliter les déplacements des Marseillaises et des Marseillais». ll en vient alors à la vidéo-surveillance, signalant: «depuis 2012, la municipalité a consacré 29M€ dans l’installation de caméras de vidéo-surveillance. Leur maintenance coûte 7M€ par an. Ce coût est forcément supporté au détriment de la hausse des effectifs de la police municipale.» C’est la raison pour laquelle, annonce Yannick Ohanessian: «Nous organiserons en 2021 un moratoire sur la vidéo-surveillance pour rendre compte aux Marseillaises et aux Marseillais de l’efficacité de ce dispositif».
«Nous attendons un programme ambitieux pour la sécurité de tous les Marseillais»
C’est le général Galtier qui, le premier prend la parole dans l’opposition pour s’inquiéter du moratoire sur la vidéo-surveillance, plaider en faveur d’une capacité d’intervention de la police municipale 24 heures sur 24 «alors que nous ne sommes qu’à 20 heures sur 24» et de lancer: «Nous attendons un programme ambitieux pour la sécurité de tous les Marseillais». Des propos qui poussent le RN Stéphane Ravier à le remercier: «pour vos propos qui prouvent à quel point la précédente majorité a été nulle», avant de revenir sur un de ses sujets de prédilections: le racisme anti-français. Julien Ravier, (LR), signale que son groupe votera en faveur des recrutements mais signale que son groupe, la précédente majorité, ne veut pas doubler mais tripler les effectifs de la police municipale avant d’affirmer «nous sommes pour une police municipale de la répression» et, affiche un autre désaccord: «Nous sommes contre le moratoire sur la vidéo-protection car c’est un outil de prévention et d’aide à l’élucidation d’affaires». Lionel Royer-Perreaut (LR) intervient à son tour pour dénoncer l’augmentation de la délinquance lors de la période estivale, souhaite qu’un travail en commun soit mené pour revoir la doctrine « sur l’emploi de notre police municipale et de la police nationale», se prononce enfin pour « le développement de la vidéo-protection».
«Je reçois des administrés en colère contre les caméras»
Des propos qui font réagir Sophie Camard, la maire Printemps Marseillais des 1/7: «Nous avons trouvé une situation insatisfaisante à notre arrivée. Concernant les caméras, je reçois des administrés en colère contre les caméras. Elles permettent d’élucider des faits mais ce n’est pas cela que veulent les administrés. Ils veulent qu’elles empêchent des faits délictueux et, pour cela, ils demandent de l’ilotage, de la présence et, donc, cette délibération est attendue». Elle en vient aux incivilités des conducteurs: «pendant longtemps rien n’a été fait car on considérait les conducteurs comme des électeurs mais nous sommes tous des électeurs, nous subissons tous les stationnements anarchiques, les chauffards. Faisons respecter les règles et, dans le même temps, créons les conditions pour permettre de ne pas prendre sa voiture. La métropole doit faire appliquer un statut résident dans les parkings et à quand un TER marseillais reliant notamment Saint-Charles au centre-ville, bref, entrons dans le XXIe siècle». Samia Ghali se dit surprise par les interventions de la Droite: «On a l’impression que vous avez été muselés pendant 25 ans et que vous pouvez enfin vous exprimer. Mais pourquoi ne l’avez vous pas fait avant? Vous étiez dans le déni?». Puis de mettre en garde sur le moratoire de la vidéo-surveillance. Jean-Marc Coppola (PM) se félicite de cette délibération, insiste sur l’importance de ne pas se substituer à la Police nationale. Concernant la vidéo-surveillance, il raconte avoir écrit, en 2016, aux autorités municipales, au Procureur, au préfet de police concernant des trafics se produisant sous les caméras, dans une rue du 10e arrondissement de Marseille. «Cela me paraissait incongru qu’il n’y ait jamais d’initiative pour mettre fin à de tels agissements. Seul le préfet de police m’a répondu mais rien ne s’est produit jusqu’à ce que le gérant du bar à proximité duquel les faits se produisaient ne soit tué. Alors, la vidéoprotection ne doit pas être là que pour élucider, elle doit servir la prévention. Hé oui, je suis pour un moratoire».
Michel CAIRE