Publié le 9 décembre 2013 à 22h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h10
Ce dernier Conseil municipal de Marseille avant les élections de 2014 s’est inscrit dans la longueur avec plus de 400 rapports au programme et une séance qui a duré plus de 6 heures. Et dans cette pile de délibérations mises au vote celle qui a concerné la création d’un casino a animé l’hémicycle. Chacun s’étant préparé à défendre ses positions. Il est vrai que ces dernières semaines Patrick Mennucci, candidat socialiste aux municipales avait affiché son opposition dans un communiqué et créer un mouvement anti-casino par le biais d’une pétition qui fera dire à Yves Moraine, chef de file du groupe UMP, que « c’est l’homme qui tire la pétition plus vite que son ombre.»
Et le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, niant en début de la séance avoir évoqué l’esplanade du J4, qui accueille le Mucem et la Villa Méditerranée, pour l’implantation de ce casino, s’est ainsi fait prendre en flagrant délit d’omission par Patrick Mennucci qui a brandi des délibérations que le maire a signé et qui désignent bien le J4 comme lieu d’implantation. Le maire a certes reculé sur le lieu mais pas sur le casino. Patrick Mennucci a ironisé sur ce « virage à 180 degrés » et a regretté que le maire utilise ce dernier conseil municipal « pour tenter de faire adopter son programme. » « Un sujet aussi crucial, poursuit le candidat socialiste, il fallait le mettre dans votre programme municipal et laissez les électeurs décider. » Il réaffirme son opposition sur le principe même d’un casino « qui incite des gens d’origine modeste à jouer » et notamment avec le blanchiment d’argent en toile de fond « dans une ville touchée plus que la moyenne par l’économie souterraine.» Rejetant les arguments avancés comme l’emploi et la taxe et pointant une conjoncture « qui est mauvaise », il entame sa campagne en soulignant qu’il aurait préféré voir dans ce dernier conseil municipal « plutôt qu’un pont transbordeur et un Casino, une action foncière pour accueillir les entreprises, un rapport sur le forme 10, une sanctuarisation de notre patrimoine industriel… »
« Vous préférez un temple des jeux d’argent à la construction d’écoles, de crèches et de logements sociaux »
Parmi les opposants au projet le groupe communiste. Jean-Marc Coppola, tête de liste du Front de gauche aux municipales indique : « Vous préférez un temple des jeux d’argent à la construction d’écoles, de crèches et de logements sociaux. Vous préférez développer l’addiction aux machines à sous à la création de richesses par le travail. Vous préférez répondre à une minorité de touristes qu’aux Marseillais qui ont besoin de projets d’intérêt général pour réduire les fractures sociales et territoriales. »
Même position pour le MoDem. Sophie Goy d’indiquer : « Vous nous expliquez que ce casino a vocation à produire de nouvelles ressources financières pour les caisses de la Ville. Mais aurait-on eu besoin d’un casino si les ressources de la vilel avaient été mieux gérer ces 18 dernières année. »
Nicole Hugon EELV de son côté parle « d’un piège à touristes et la culture de l’agent sale.» et regrette que ce dossier soit présenté en vitesse au dernier conseil municipal.
Lisette Narducci (PRG) qui s’est abstenue, avoue que dans son secteur (les 2/3) « il y a des priorités du quotidien ». Mais, poursuit-elle : « Je ne suis pas choquée par l’implantation d’un casino dans la 2e ville de France. Je suis même favorable à ce que la Ville soit dotée d’un tel équipement à condition qu’il ne soit pas sur le J4. Maintenant je suis rassurée ».
« Marseille a besoin d’un Casino pour développer le tourisme»
Yves moraine passera à l’offensive en assenant: « Monsieur Mennucci, monsieur je sais tout et monsieur je suis contre tout.» Rappelant son opposition au casino, au tramway jusqu’aux Catalans, aux Terrasses du port, l’Hôtel Intercontinental etc. Lâchant que le seul programme de Patrick Mennucci c’est « intégration des Roms, logements sociaux partout, emploi public et impôts». Il estime cependant: « On a parfaitement le droit de ne pas aimer le casino. On nous dit que les Marseillais vont se ruiner, malheureusement ceux qui veulent le faire, le font déjà dans les casinos alentours, sur Internet ou au profit de l’État pour la Française des jeux. Le risque de blanchiment, il n’existe pas car les casinos sont soumis à l’obligation de déclaration à l’organisme de lutte contre le blanchiment Tracfin, à la différence des bars ou des restos qui constituent de l’avis des professionnels des lessiveuses plus efficaces ».
Aujourd’hui, selon lui, « Marseille a besoin d’un Casino pour développer le tourisme ». Rappelant que « ce casino créera 200 emplois ». Mais pas seulement poursuit-il : « L’avantage du casino réside dans les recettes fiscales qui permettra à la commune d’encaisser 5 à 10 millions d’euros chaque année, ce qui représente 1 point et demi à 3 points d’impôts en moins pour les Marseillais. » Quant à la localisation du casino « deux sites ont notre préférence : le J1 et l’ancien siège de la SNCM qui intéresse déjà un groupe hôtelier.»
« Nous ne sommes pas plus bêtes qu’à Lyon ou Lille»
Jean-Claude Gaudin aura le mot de la fin en obtenant au vote, une large majorité en faveur du casino ce qui lui permet de lancer la procédure de DSP pour en désigner l’opérateur. Celui qui, des années durant, s’était opposé à l’implantation d’un casino à Marseille avoue que « c’est Renaud Muselier qui m’a convaincu de l’intérêt financier (Renaud Muselier qui a d’ailleurs fait un retour remarqué ce lundi au sein du conseil municipal ndlr) j’ai résisté et je me suis rangé à son avis. Parce que nous ne sommes pas plus bêtes qu’à Lyon ou Lille. J’ai observé ce qui se passait à Cassis, Carry-le-Rouet, Aix-en-Provence et j’ai constaté que nous avions la possibilité de le faire sur notre territoire et sur ce point j’ai évolué. Ce casino pourra se faire sur le littoral. Alors allons de l’avant. »
Patricia MAILLE-CAIRE
