Publié le 18 juin 2013 à 3h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h38
Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) a été présenté ce lundi 17 juin au conseil municipal avant d’être voté par Marseille Provence Métropole (MPM). Un document qui a vu un élu de droite, et pas n’importe lequel, Robert Assante, le maire UDI des 11/12 expliquer les raisons qui le conduise à ne pas prendre part au vote sur ce dossier.
Claude Vallette présente le dossier, explique que ce Schéma de cohérence territoriale, de MPM « est un documents de projets qui s’inscrit dans l’esprit du Grenelles et prend en compte la création de territoires métropolitains. A cette approche s’ajoute aussi le soucis constant de la cohérence des choix avec l’échelle de proximité qui fait le quotidien de nos concitoyens ». Il s’agit, pour l’élu, « d’un document qui traduit l’ambition de développer et de renforcer l’attractivité du territoire. De poser un nouveau regard sur l’évolution urbaine car la ville a atteint son maximum en terme de développement géographique sachant que nous voulons préserver les espaces agricoles et naturels. Il s’inscrit également dans une logique de proximité, tout en entendant nous permettre de changer d’échelle, de nous inscrire dans une logique de métropole euroméditerranéenne ». Il est aussi question de respect de l’environnement et du patrimoine.« Il s’agit aussi de développer la ville en considérant l’articulation de l’urbanisation avec les déplacements pour permettre tout à la fois de densifier la ville dans les secteurs bien desservis en transport en commun, mais aussi d’achever le maillage et la hiérarchisation de notre réseau de voiries encore en attente, améliorant ainsi la qualité urbaine ». Soulignant : « La commission d’enquête publique a émis 5 réserves et 16 recommandations. Toutes les réserves ont été levées et les recommandations suivies dans l’intérêt général ».
Michèle Poncet-Ramade (EELV), ne l’entend pas ainsi : « ce dossier a évité les contraintes du Grenelles 2 ce qui limite sa durée de vie à 3 ans ». Selon l’élue : « si ce document n’est pas illégal, il est illégitime » avant de dénoncer le manque d’ambition du document en terme de construction de logements sociaux.
Robert Assante prend alors la parole : « J’ai refusé de voter cette délibération en conseil d’arrondissements. On me parle de solidarité, mais cela fait des années que certains me critiquent. Que tout ce qui va bien relève des autres membres de la majorité, et que tout ce qui va mal relève de ma responsabilité. Certains osent même dire aux opposants à ce document que c’est le PLU de la Communauté urbaine ». Au-delà, il critique le document lui-même considérant qu’il ne répond pas aux besoins des 11/12. Une intervention qui voit le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin encaisser le coup.
« La ville est fracturée au-delà de la frontière entre le Nord et le Sud »
Jean-Marc Coppola, groupe Communiste, Républicain et Citoyen, de s’exprimer à son tour : « Votre objectif principal est résumé dans ces petites phrases que vous et vos adjoints distillez et que je rappelle : « faire revenir en ville des gens qui paient des impôts et se débarrasser d’une partie des habitants », sous-entendu des plus pauvres ». Il lance : « La ville est fracturée au-delà de la frontière entre le Nord et le Sud puisque avec 1 500 résidences fermées, Marseille et championne des copropriétés sécurisées à l’américaine ». Il souligne: « L’absence de mixité sociale sur l’ensemble de la ville est la première des cinq réserves formulées par l’enquête publique. Où sont les mesures contraignantes par arrondissement ? Vous n’en voulez pas. Vous êtes pourtant obligés, aujourd’hui, de concéder, une orientation d’aménagements multi-sites en réponse à la réserve. Mais rien ne permet la relocalisation d’activités industrielles et côté transports collectifs, c’est le service minimum… Dans ce contexte, non seulement les habitants vont continuer de vivre mal, mais Marseille ne pourra pas jouer un rôle dynamique qui devrait être le sien au plan régional, national, international ».
Christophe Masse, PS, est tout aussi critique : « Si ce PLU est approuvé, le renouveau de Marseille, son développement, les fondements de sa cohésion sociale sont compromis ». En effet, aux yeux de l’élu : « ce document souffre de trois défauts majeurs : une concertation insuffisante avec les citoyens et/ou leurs représentants. Des incohérences manifestes sur la question des équipements publics et l’aménagement équilibré des quartiers. Il met surtout en évidence une absence de volonté politique en matière de logement social et bon marché ». Il prévient : « Pour toutes ces raisons, je crains que le PLU ne fasse l’objet de nombreux recours en annulation ».
« Notre ville ne rayonnera à l’extérieur qu’à la condition qu’elle soit forte et unie à l’intérieur »
De lâcher : « Où sont les emplacements réservés pour les équipements publics de proximité comme les écoles, les stades, les piscines ou les jardins publics… ». Puis de citer à son tour la commission d’enquête : « Le PLU n’apporte pas de véritables démonstrations de sa capacité à atteindre les objectifs de production de 5 000 logements fixés dans le Programme Local de l’Habitat (PLH). Les outils réglementaires permettant de garantir les objectifs de logements sociaux ne sont pas exploités. L’impératif de rééquilibrage territorial de l’offre n’est pas traité ». Il ajoute : « Même la Chambre de commerce, qui n’est pas gérée par la Gauche, a regretté qu’aussi peu de mesures incitatives soient inscrites dans le règlement au titre des servitudes de mixité sociale ». Christophe Masse rappelle, lui aussi, que les remarques ont obligé la Ville à mettre en place une orientation Aménagement habitat . « Elle fera rire tous les promoteurs tellement elle est peu contraignante. En matière d’opération publique- donc financée par les contribuables- vous osez indiquer que seul un quota de 25% de logements sociaux sera obligatoire alors que 30 000 foyers sont en attente d’un logement bon marché. Dans une ville où les inégalités sont les plus fortes de France, ce manque d’attention au quotidien d’une majorité d’habitants est insupportable. Notre ville ne rayonnera à l’extérieur qu’à la condition qu’elle soit forte et unie à l’intérieur ». Eugène Caselli explique pour sa part que, dans le cadre de l’accord de gouvernance passé en 2008, la régularité du document étant assurée : « Je voterai le PLU. Ceci n’est pas un jugement sur le fond du document mais je reste loyal à la parole donnée ».
« On nous a proposé 9 sites, les uns étaient déjà propriété de la Ville les autres inconstructibles »
Arlette Fructus (UMP) est la première à monter au créneau pour défendre le document. « Votre ministre du Logement a prévu la construction de 150 000 logements sociaux par an, on en est loin. La ministre a également annoncé des réquisitions, des mises à disposition de terrain. On nous a effectivement proposé 9 sites, les uns étaient déjà propriété de la Ville, les autres inconstructibles. En ce qui concerne les réquisitions nous allions voir ce que nous allions voir. Finalement il n’y aurait que 29 immeubles potentiellement réquisitionnables. Et lorsque l’on me parle des maires qui ne veulent pas de la métropole par peur d’accueillir des pauvres de Marseille. Mais pour le moment c’est l’inverse. Un quart des demandes de logements sociaux proviennent de personnes qui n’arrivent pas à se loger dans leur localité. Alors, nous n’allons pas refaire l’erreur du passé : construire des ghettos, nous travaillons à favoriser la mixité sociale ». Samia Ghali (PS) avoue être surprise par les propos d’Arlette Fructus : « Je n’ai pas vu arriver en masse des familles d’autres localités dans nos logements sociaux ». Yves Moraine (UMP) charge : « On nous reproche un manque de concertation mais voilà 4 ans que des réunions ont lieu toutes les semaines pour préparer ce PLU. On reproche aussi le manque de logements sociaux, le déséquilibre Nord/Sud, mais ce déséquilibre c’est vous qui l’avez créé par clientélisme ». Enfin Jean-Claude gaudin conclut sur ce débat : « Vous parlez de métropoles, heureusement que nous avons déposé des amendements avec Bruno Gilles. J’ai toujours considéré à propos du projet métropolitain gouvernemental : trop fort, trop vite, trop important, mais nous sommes intervenus pour faire avancer ce dossier. »
Michel CAIRE