Publié le 4 avril 2017 à 9h48 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h00
Le budget était le plat principal du dernier conseil municipal avant la présidentielle. Une plénière qui a donné lieu à quelques passes d’armes, entre le PS et la majorité sur le futur du J1 et entre Arlette Fructus, UDI et Caroline Pozmentier-Sportich (LR) et le FN. Le positionnement de Lionel Royer-Perreaut, LR, étant bien plus ambiguë.
Roland Blum, l’adjoint aux finances, présente le budget primitif (1,444 milliard d’euros dont 434 millions d’euros en investissement et 1,010 milliard en fonctionnement. Il précise immédiatement: «Comme annoncé lors des orientations budgétaires, grâce à la poursuite de ses efforts de gestion, la municipalité est en capacité, pour la deuxième année consécutive, de ne pas augmenter les taux d’imposition des ménages marseillais» Il évoque un contexte de fortes tensions financières et une nouvelle coupe sur des dotations de l’État «qui s’élève cette année à plus de 10 millions d’euros. C’est, depuis 2014, un manque à gagner en cumulé de 146 millions d’euros». Annonce: «Nous reprenons notre politique d’investissement, après l’effort important réalisé en 2013, grâce aux efforts que nous avons accomplis et à l’aide du Conseil Départemental». Citant les secteurs qui bénéficieront de cette manne: «l’éducation, le logement, le sport, la culture…». Et cela, en réduisant la dette: «Les efforts de diminution de la dette réalisés depuis 2 ans, -53 millions tous budgets confondus, se poursuivent et s’amplifient cette année: le remboursement de la dette (169,6M€) restera supérieur au volume d’emprunt ». L’adjoint conclut en indiquant «s’inquiéter» devant les propositions d’Emmanuel Macron…
Jean-Marc Coppola, Front de Gauche lance : «Vous m’avez devancé sur les inquiétudes que l’on peut avoir suivant ce qui peut sortir des urnes. Mais, je n’oublie pas que la baisse des dotations de l’État a commencé avec Sarkozy et que votre candidat, comme celle de l’extrême-droite, ne garantissent rien de bon». Il plaide alors «pour un changement de politique et une réforme profonde et pas juste de la fiscalité». «Vous dessinez, dénonce-t-il, une société de plus en plus privatisée, il ne faut pas alors s’étonner d’une montée de l’individualisme». Souligne enfin l’absence de politique des transports: «alors que nous sommes les champions de France de la pollution».
«Plus de 100 000 Marseillais vivent dans des logements insalubres»
Benoît Payan, PS, parle d’une majorité municipale qui ne met en avant que les baisses d’aides de l’État mais «oublie» toutes celles qui arrivent. Il invite «à regarder le bilan de la législature avec ses manques mais aussi ses succès: le projet Saint-Charles, la rénovation urbaine, les crédits aux transports, la mise en place de la métropole…». Puis, dresse un bilan critique de la mandature en cours. «Plus de 100 000 Marseillais vivent dans des logements insalubres, les travaux du Vélodrome ont été bien mal négociés, cela coûte en effet plus d’un million d’euros par mois aux Marseillais. Nous n’avons toujours pas de pont transbordeur…». Stéphane Ravier, FN, rappelle qu’il s’agit du 22e budget de Jean-Claude Gaudin. Met en exergue que deux adjoints du maire de Marseille ont rejoint Emmanuel Macron. La réaction du maire est immédiate: «Vous en avez perdu 5 dans votre seule mairie de secteur et qui ont créé leur propre groupe». Ignorant le propos, Stéphane Ravier poursuit: «Nous sommes dans la capitale de la grande pauvreté, 20 à 25% des Marseillais vivent sous le seuil de pauvreté, alors votre bilan devrait vous conduire à plus d’humilité». Le groupe Marseille d’abord, composé de dissidents du FN dénoncera pour sa part ce budget «que l’on croirait venir d’une ville socialiste». Telle n’est pas la vision d’Yves Moraine, LR, qui voit là «un budget sérieux et ambitieux». Il insiste sur la baisse des aides de l’État, qu’il impute au trio: «Hollande, Valls, Macron», lance à Stéphane Ravier: «Vous faites du Mennucci 2014 sans le savoir. Vous voyez tout en noir sans savoir que cette stratégie a été sanctionnée par les électeurs». Jean-Claude Gaudin rappellera : «Nous poursuivons notre plan pluriannuel d’économie, relançons l’investissement, réduisons la dette tout cela en stabilisant les taux d’imposition et l’opposition ne voit rien de tout cela».
Benoît Payan reprendra la parole pour s’inquiéter du devenir du J1: «C’est flou et quand c’est flou il y a un loup» avant parler d’une politique de «coups» en matière d’attractivité «alors que ce qui compte c’est la qualité de vie, c’est le logement, l’école, les transports, quand, aujourd’hui, le trajet Marignane-Marseille dure plus longtemps que Paris-Marignane», assène-t-il. Le maire rétorque: «Si nous pouvions acheter le J1 cela fait longtemps que nous aurions réalisé cet achat. Mais nous sommes face à un Port placé directement sous l’autorité de l’État. Et le Port ne veut rien céder». «Il n’est pas normal, ajoute-t-il, que la métropole n’ait pas un siège de plus au conseil du grand Port et c’est un gouvernement que vous soutenez qui nous dit non».
La première polémique avec le FN viendra avec une intervention d’Arlette Fructus sur le logement social. Stéphane Ravier l’a présente comme «une apôtre de la religion laïque et obligatoire du vivre ensemble». Avant d’affirmer qu’Yves Moraine, Lionel Royer-Perreaut, maires de secteur LR ne veulent pas de logements sociaux là où ils sont élus. Puis dévoile: «Nous avons retrouvé une carte, à la Région, qui serait signée par vous (Arlette Fructus), dans laquelle vous souhaitez un bon Ramadan à la communauté musulmane». Lettre dont l’élue se dit très fière alors que Jean-Claude Gaudin s’écrie: «Plaise à Dieu que vous ne soyez jamais maire de Marseille. Laissez un peu de dignité à ce conseil Municipal». C’est une autre musique que fera entendre Lionel Royer-Perreaut: «Quelle n’a pas été ma surprise, monsieur Ravier, en commission d’attribution, de voir le représentant FN proposer des personnes qui n’ont pas la nationalité française… »
«Vous n’avez de cesse d’exacerber les haines, les peurs»
Stéphane Ravier interviendra à nouveau pour dénoncer la politique conduite en matière de prévention de la radicalisation. Propos qui ne manqueront pas de faire réagir Caroline Pozmentier-Sportich (LR) en charge de la sécurité : «Vous n’avez de cesse d’exacerber les haines, les peurs. Nous, nous travaillons, avec humilité, en partenariat avec les services de l’État, conscients que cette lutte doit être celle de tous et qu’il ne peut s’agir de diviser». Jean-Claude Gaudin ajoutant: «Nous ne vous attendons pas pour travailler avec les services du Préfet de région et du Préfet de Police sachant que si des problèmes se posent dans telle ou telle mosquée il dépend des services de l’État de les régler sachant, monsieur Ravier que, dans notre République on accepte la liberté de culte depuis 1905».
Michel CAIRE