Publié le 24 novembre 2020 à 8h30 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h19
«N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant». C’est par cette citation de Simone de Beauvoir que Nathalie Tessier, conseillère municipale (PM) en charge des droits des femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes, a présenté lors du conseil municipal de Marseille ce lundi 23 novembre, le dossier relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes rappelant à cette occasion que «53% des Marseillais sont des femmes».
Cette question des violences est malheureusement toujours d’actualité puisque, avec le confinement, on a assisté «à une explosion des plaintes, plus 36% au niveau national». Et, toujours au niveau national «une femme décède tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon». A Marseille, dans le centre ville «les violences conjugales ont représenté 75% des plaintes pendant les deux mois de confinement». Face à cette violence Nathalie Tessier note: «Une prise de conscience de la société, un développement de la solidarité mais aussi et surtout un manque de moyens». Elle met en exergue les 5 000 faits de violence constatés en 2019 dans les Bouches-du-Rhône. «Il faut une politique à la hauteur des enjeux. Les féminicides ne sont pas une fatalité et peuvent être endigués par un véritable plan national d’urgence», insiste-t-elle. D’autant que, au-delà de l’impérative nécessité de sauver des vies, de lutter contre des violences, une telle politique pourrait conduire à des économies, dévoile Nathalie Tessier : «L’impact des violences faites aux femmes est estimé à 3,6 milliards pour L’État alors que toutes les études chiffrent à un milliard la mise à l’abri et la prise en charge des victimes de violences conjugales». L’élue rappelle que les femmes sont toujours victimes de discrimination à l’emploi, qu’elles ont la responsabilité de 87% des familles monoparentales, que 26% d’entre elles ont un emploi précaire contre 8,2% des hommes «et la crise de la Covid a montré s’il le fallait la place immense des femmes dans les métiers essentiels et pourtant si mal considérés et si mal payés».
Les investissements publics et les politiques publiques doivent bénéficier autant aux femmes qu’aux hommes
Dans ce contexte, pour que l’égalité devienne effective la Ville souhaite : «Une prise en compte des femmes dans les grands projets de la mandature. Les investissements publics et les politiques publiques doivent bénéficier autant aux femmes qu’aux hommes». Pour ce faire, la majorité municipale affiche sa volonté de développer une politique globale: «Il importe de s’attaquer aux inégalités dès le plus jeune âge, de lever les obstacles à l’égalité professionnelle, de protéger les femmes, de décliner l’égalité dans tous les pans de l’action publique». Nathalie Tessier annonce que la Ville a l’ambition de créer un Observatoire des violences faites aux femmes et un accueil global, en partenariat avec le milieu associatif et institutionnel, pour simplifier le parcours des victimes. Par ailleurs 43 200 euros sont affectés dans ce cadre à des associations. Un dossier voté par la majorité et l’opposition à l’exception du Rassemblement national qui s’est abstenu…
Michel CAIRE