Publié le 15 février 2021 à 18h52 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h23
Après les étapes de Bordeaux, Lyon et Marseille qui ont réuni de nombreux entrepreneurs et de jeunes, issus des diasporas africaines, le Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) -structure indépendante, fondée par le Président français Emmanuel Macron en août 2017, qui réunit des personnalités issues de la société civile, membres ou non de la diaspora africaine- vient de présenter à Paris ses solutions pour promouvoir l’entrepreneuriat de la diaspora et favoriser les échanges entre la France et les Pays d’Afrique.
Selon un récent sondage réalisé par Opinionway, auprès de Français d’origine étrangère, l’intégration fonctionne mal en France et la diaspora africaine se considère sous-représentée dans l’espace public. Une enquête qui laisse également apparaître des attentes mais ouvre des pistes de solutions qui encouragent le passage à l’action. C’était bien là, l’objectif de ce tour de France initié par Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) à la rencontre de la diaspora africaine…
Pour Wilfrid Lauriando do Rego, coordonnateur du CPA, les remontées de ces rencontres confortent l’idée que l’Afrique représente «une véritable opportunité pour les diasporas». Et, les chances à saisir sont nombreuses «pour bâtir de véritables coopérations» d’autant que la plupart des acteurs interrogés se disent «prêts à s’engager dans un projet en lien avec le continent». Il insiste également sur le fait qu’«il n’existe pas une mais des diasporas».
«Aider l’entrepreneuriat c’est œuvrer pour l’égalité des chances»
«Aider l’entrepreneuriat c’est œuvrer pour l’égalité des chances, c’est permettre à ceux qui sont ici de réussir, ici et là-bas. Mais c’est surtout, créer du lien pour construire l’avenir», précise Wilfrid Lauriando do Rego qui met en exergue le potentiel de l’Afrique -tant d’un point de vue économique, avec un taux de croissance soutenu, que démographique avec une population jeune appelée à doubler d’ici 2050- qui «offre des perspectives de rayonnement à saisir pour la France». Le coordonnateur du CPA invite à s’appuyer sur les exemples des entrepreneurs de la diversité, porteurs de projets inspirants, «dont la réussite démontre tout le champ des possibles». Il observe cependant trois problèmes, comme autant de défis à relever: l’accès à l’information, le déficit d’accompagnement et, la frilosité du système financier à accompagner ces profils issus des diasporas.
«L’Afrique est aujourd’hui profondément ancrée dans la mondialisation»
Élisabeth Moreno, ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, rappelle son parcours, tant personnel que professionnel: «L’Afrique et la France font partie de mon identité, elles s’entremêlent, s’additionnent. Et je suis fière de cette double culture». Parle d’une Afrique qui est aujourd’hui «profondément ancrée dans la mondialisation et doit se réinventer chaque jour pour répondre aux défis auxquels elle est confrontée mais nul ne doute qu’elle sera à l‘épicentre des enjeux du XXIe siècle.»
La ministre insiste sur le rôle majeur des diasporas «dont la double culture est un atout dans le développement économique entre l’Afrique et la France». Elle revient à ce propos sur le discours de Ouagadougou d’Emmanuel Macron en 2017 lors duquel il lançait: «C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. Si nous échouons à relever ces défis ensemble, alors l’Afrique tombera dans l’obscurité, c’est possible. Elle régressera, elle reculera. Mais avec elle, l’Europe aura les mêmes difficultés, parce que s’ouvrira une longue période de migration, de misère, des routes de la nécessité et de la douleur plus encore qu’aujourd’hui».
«Une jeunesse de réussite et de conquête parce qu’il y a tout à conquérir»
Emmanuel Macron ajoutait: «Mais si nous parvenons à relever ensemble ces défis (…) alors ici se jouera une partie de la croissance du monde. Alors ici, cette jeunesse sera une jeunesse de réussite et de conquête parce qu’il y a tout à conquérir». Élisabeth Moreno reprend: «Emmanuel Macron, avec ce discours, a affiché son ambition de valoriser le rôle des diasporas africaines en tant qu’acteurs économiques en encourageant l’entrepreneuriat et l’innovation». «Ce dynamisme, poursuit-elle, constitue un enjeu d’inclusion, d’autonomisation, de réussite et d’émancipation, dont la place des femmes qui portent en elles l’avenir du continent africain, s’avère de plus en plus importante».
Dans ce processus, Élisabeth Moreno considère que le Conseil Présidentiel pour l’Afrique se doit de fixer un cap, de mettre en lumière les diasporas et ses talents, «d’apporter des solutions concrètes en réunissant des acteurs du secteur public, privé, de la Société civile et jouer de ce fait un rôle de passerelle et de boussole pour le monde de l’entrepreneuriat». En effet, pour la ministre: «Le brassage permanent des populations entre les deux rives de la Méditerranée dresse des ponts économiques, sociaux, culturels. Et, la richesse de ces échanges constitue un atout au cœur du pacte républicain voulu par Emmanuel Macron mais aussi dans la lutte contre les discriminations».
Faire remonter les discriminations subies par nos concitoyens
La ministre signifie l’importance du respect de l’égalité des chances. Considère que la République a une double obligation «d’action et de résultat». Elle annonce dans ce cadre qu’une grande consultation citoyenne sera lancée dans les prochaines semaines avec l’objectif de «redonner la parole aux Français» et faire ainsi remonter «les discriminations subies par nos concitoyens» afin d’y apporter des réponses concrètes et efficaces. Et enfin, elle annonce «la création prochaine d’une plateforme nationale dédiée afin de traiter toutes les formes de discrimination».
Afin que la diversité de la France plurielle puisse de déployer dans tous les domaines et à tous les échelons de la société, Élisabeth Moreno propose, sur la base de suggestions faites par des associations, «de créer un index de la diversité» permettant de mesurer le niveau d’inclusion réelle des organisations professionnelles, publiques ou privées afin d’y apporter des solutions pragmatiques et adaptées. Élisabeth Moreno réaffirme sa conviction que «lutter contre les discriminations et promouvoir la diversité c’est réconcilier l’idéal républicain avec la pluralité de notre société contemporaine».
Changer le regard des Français vers l’Afrique et de l’Afrique vers les Français
Le message de Franck Riester, ministre délégué en charge du Commerce extérieur et de l’Attractivité est sans ambiguïté lorsqu’il souligne le rôle des diasporas africaines: «une véritable chance pour la France comme pour leur pays d’origine»; «un atout inestimable» aux relations entre les Pays et, «porteuses des clés» du nouveau partenariat que la France souhaite établir «sur un pied d’égalité avec les Pays d’Afrique». Il revient de fait sur les résultats, de l’enquête réalisée à l’initiative du CPA, qui laissent apparaître «un ressenti encore négatif des Français issus de la diaspora» mais qui doit justement permettre au Gouvernement français «d’apporter les solutions pour répondre à l’expression de ce malaise».
Pour Franck Riester, le discours de Ouagadougou, d’Emmanuel Macron, s’inscrivait déjà dans cette volonté du Gouvernement Français de «changer le regard des Français vers l’Afrique et de l’Afrique vers les Français». La volonté affirmée aujourd’hui par la France de vouloir lutter contre les discriminations, notamment à l’embauche, et pour l’égalité des chances, «doit contribuer à repenser nos relations et nos coopérations et ce, dans tous les domaines. La réforme monétaire avec les Pays de l’Afrique de l’Ouest, qui a mis fin au Franc CFA, en est un exemple». Pour Franck Reister, bâtir de nouveaux partenariats mutuellement bénéfiques, «c’est accompagner le développement de l’Afrique dans des secteurs clés que sont l’agriculture, la ville durable, les technologies, l’énergie… ».
«Le vrai potentiel de l’Afrique ce sont ses jeunes»
Construire cet avenir, précise Franck Reister, «nécessite des investissements financiers publics, avec l’AFD (Agence française de développement)». Mais aussi, ajoute-t-il: «En encourageant les financements privés de nos entreprises, basés sur les entrepreneurs locaux afin de créer les conditions de la prospérité». Cela permettrait notamment de mettre fin «au cercle vicieux qui jette chaque année sur les routes, des milliers de jeunes africains et qui déforme totalement la vision de l’Europe sur le continent africain». A ce titre le ministre déclare: «La mobilité doit toujours être choisie jamais subie». Pour lui : «La jeunesse africaine est au cœur de notre stratégie car le vrai potentiel de l’Afrique ce sont ses jeunes et leur capacité à construire avec nous un monde meilleur et plus prospère pour tous».
«Nous devons donner aux Pays d’Afrique les moyens de s’appuyer sur leurs propres forces pour bâtir l’avenir», assure Franck Riester qui estime que, pour mettre en place cette nouvelle politique, il importe «de marcher sur nos deux jambes avec l’aide publique au développement mais aussi l’accélération de l’investissement privé de nos entreprises ainsi que des entrepreneurs locaux». «Nous devons, poursuit-il, nouer des partenariats de long terme en matière de formations universitaires mais aussi entre nos entreprises. C’est aussi de promouvoir l’Afrique à l’export pour nos PME, nos ETI, nos grands groupes, et de renforcer le dialogue en s’appuyant sur les diasporas, de soutenir l’entreprenariat local…»
Il rappelle in fine que choisir l’entrepreneuriat est un choix gagnant «pour ceux et celles qui osent, qui investissent». Et, les solutions concrètes du CPA qui «contribueront à rendre ce choix encore plus attractif». Il annonce à cet effet l’arrivée d’un nouvel outil de mentorat, en collaboration avec le CPA, le Medef international et le CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) «afin d’accompagner l’entrepreneuriat en Afrique et qui sera présenté en juillet 2021 lors du Sommet Afrique-France de Montpellier». Franck Riester en marge du discours économique a tenu à annoncer que «dans cette nouvelle logique de coopération, des œuvres vont être restituées au Bénin et au Sénégal.»
«Nous avons un atout unique: nos diasporas»
En clôture des travaux, et après avoir remercié le CPA pour la qualité de ses travaux et de son engagement, Emmanuel Macron a rappelé sa conviction que «les destinées de la France et du continent africain sont intimement liées» de par notre Histoire, les familles et les langues mais aussi «les défis communs qui sont les nôtres». Pour le Président: «Nous avons un atout unique: nos diasporas». Ces diasporas, insiste Emmanuel Macron: «Je veux que nous soyons en mesure de les accompagner, de les appuyer, de les valoriser. Trop longtemps la France s’est privée de tous ces talents, n’a pas voulu complètement les voir, les accompagner. C’est essentiel.» Il rappelle que c’est ce qui avait été «entamé avec le CPA et amplifié le 11 juillet 2019 avec la première Rencontre à l’Élysée des diasporas africaines en France.»
«Le changement de visage, le changement de méthodes, qui peut mieux l’incarner que vous entrepreneurs des diasporas, jeunes engagés dans la volonté de définir une relation différente avec le continent africain», déclare le Président de la République qui donne rendez-vous aux acteurs de la diaspora au 28e Sommet Afrique-France -qui se tiendra les 9 et 10 juillet 2021 à Montpellier – «Ce sommet inédit dans son fonctionnement se fera non seulement sans chefs d’État mais ce sera votre sommet. Le sommet des acteurs africains, français, franco-africains qui construisent par leurs projets, leurs actions, leurs engagements, les nouvelles relations entre la France et le continent africain. Ensemble, nous redéfinirons les fondamentaux de cette relation»
Michel CAIRE -Patricia MAILLÉ-CAIRE et Daniel BOCCARDI
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Conseil Présidentiel pour l’Afrique
Intervention du président de la République
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