Pour qui sont ces PRIDES…
S’il est un sujet sensible en ces temps de crise c’est bien celle du développement économique. Le sujet était à l’ordre du jour de la plénière, ce 12 avril, du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et cela dès la première question avec l’appel à projets « Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire » (Prides). Une question qui a vu le FN voter contre et les groupes Front de Gauche et UMP et apparentés s’abstenir.
Bernard Morel, le rapporteur du dossier, rappelle : « En 2006 la Région a adopté son schéma régional de développement économique. Les Prides ont constitué l’épine dorsale de ce schéma en permettant à la Région de tisser son réseau d’acteurs et de partenaires pour constituer le socle de la politique économique régionale. Leur principe directeur répond à la logique partenariale. Grâce à une démarche collective et une mutualisation de moyens et de savoir-faire, les PME membres d’un PRIDES peuvent retirer de nombreux avantages de leur appartenance à un tel réseau en termes d’économies d’échelle, d’accès à de nouveaux marchés, d’augmentation de leurs compétences ».
L’élu indique également que les évaluations effectuées en 2010 par la Région et en 2012 par l ‘État mettent en lumière « de très bons résultats ».
Il poursuit : « Le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi a confirmé le copilotage État/Région des pôles de compétitivité pour six ans autour de deux grands piliers : l’intensification des retombées économiques des projets et un accompagnement accru des PME pour favoriser leur croissance. Les pôles sont ainsi incités à passer « d’usines à projets » à des usines à produits d’avenir ». Le Pacte invite ainsi « à accompagner la montée en gamme en stimulant l’innovation ».
L. Polski présente pour sa part le rapport complémentaire, puisqu’il concerne la mise en place d’un outil de capital-risque de proximité en faveur de la création et du développement des entreprises de la Région. Un prêt à taux zéro a été mis en place en 2006. Et, depuis 2010, la Région soutient d’avantage les PME et les TPE à travers deux outils d’ingénierie financière : « Paca Investissement » et « Jeremie » qui permettent de renforcer leurs fonds propres et de garantir les prêts bancaires. « Afin d’améliorer l’efficacité des dispositifs régionaux en matière de développement économique, la Région souhaite mettre en place un outil de capital-risque de proximité qui se substituera prochainement au Prêt régional à la création d’entreprise et au prêt régional de développement pour l’emploi ».
Pour J. Melin, FN, la critique est totale : « On ne peut pas tout faire, l’emploi n’est pas notre rôle. Il vaudrait mieux s’occuper de la sécurité dans les trains, réhabiliter les routes et les autoroutes ». Et de conclure son propos par une ultime charge : « les charges sociales sont mortifères en France ». En clair, le discours de l’ultra-libéralisme, comme une forme d’hommage à Margaret Thatcher .
A. Bolla, Front de Gauche, juge qu’une évaluation du dispositif mériterait que l’on prenne son temps. Puis de dénoncer vivement l’accord national interprofessionnel et « les politiques d’austérité pour les peuples et les cadeaux pour le patronat », avant d’annoncer l’abstention de son groupe.
Sophie Camard, Europe Écologie les Verts, non sans talent, va défendre un point de vue radicalement différent. Selon elle, en effet : « Les Prides aident à la résistance face à la crise comme le montre des travaux de l’INSEE et de l’État. Mais, maintenant, il ne s’agit plus d’amortir la chute mais de favoriser le développement ». Dans ce cadre, elle juge discutable l’accord national interprofessionnel, en revanche, « la loi prévoit également un renforcement de la coopération entre les acteurs économiques et la recherche, et là, nous sommes dans la logique de nos délibérations ».
Daniel Sperling, UMP, s’interroge sur le futur financement des Prides « Notre certitude, et ce n’est pas une surprise, demeure que le désengagement pour ne pas dire l’abandon programmé de l’État – qui a ma connaissance depuis un an est socialiste – ne sera qu’imparfaitement complété par les financements de notre institution ». Il déplore, enfin, que 5 Prides aient échoué.
Bernard Morel répond : « Les Prides, c’est compliqué. On donne là à des gens la chance réelle de travailler ensemble et, parfois, cela ne marche pas. Mais, globalement, le succès est là et l’INSEE a montré que nous aurions eu plus de difficultés sans ce dispositif».
Puis A. Bolla, Front de gauche, plaide pour un débat démocratique sur le prêt à taux zéro, sur le nouveau système de capital-risque. Pour Sophie Camard, en revanche « Il s’agit d’un outil intéressant. Et nous avons besoin de ce type d’outil pour développer l’économie surtout lorsque l’on sait qu’un salarié sur quatre travaille dans une micro entreprise en Paca ». Jean-Pierre Colin, UMP, dénonce pour sa part, « la concurrence déloyale de l’économie sociale et solidaire envers le reste de l’économie ».
Bernard Morel précise, concernant le prêt à taux zéro : « Nous les faisions à des entreprises qui ne les remboursaient pas toujours. Là nous entrons dans le capital avec une obligation de retour sur investissement. Il s’agit donc d’un outil levier. Ce dispositif est plus efficace et nous permettra d’aider un plus grand nombre d’entreprises ».
Michel CAIRE