Publié le 19 février 2015 à 23h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h41
Une délégation de 12 jeunes engagés dans la société civile en Libye sont à Marseille du 16 au 21 février dans le cadre d’un stage «citoyenneté et développement économique» organisé par le Réseau Euromed France et ses partenaires. Ce 19 février la délégation a été reçue à l’Hôtel de Région par Gaëlle Lenfant, vice-présidente en charge de la Solidarité, de la Prévention, de la Sécurité et de la Lutte contre les discriminations.
L’élue rappelle à cette occasion que la Région «mène un partenariat avec des pays du monde entier» et d’exprimer l’honneur tout particulier qu’elle ressent d’accueillir une telle délégation «venue d’un beau pays qui connaît des difficultés. Dans ce contexte, vous êtes un exemple de citoyens qui se lèvent pour aider votre pays, aider la démocratie. Nous avons été touchés par les attentats et des citoyens se sont levés. Je suis ravie que nous puissions discuter de citoyen à citoyen».
Samira El Massoudi, présidente de la Development Organization for Women and Youth répond : «C’est un plaisir d’être ici. Notre but est de favoriser les échanges entre les jeunesses française et libyenne. La Méditerranée nous rassemble, nous avons les mêmes problèmes et nous cherchons à ce que la paix et la prospérité règnent en Méditerranée».
Nacer El Idrissi, président de l’Association des Travailleurs marocains en France, à Aix-en-Provence et du Réseau Euromed France, une association « qui a pour objectif de soutenir le renforcement de la société civile en France, ainsi que le développement des échanges et la coopération entre les acteurs des sociétés civiles de la région euroméditerranéenne, fondé sur les valeurs de la démocratie, de la paix, de l’État de droit et des droits humains universels».
Il tient à remercier tous ces jeunes venus malgré les conditions qu’ils vivent. «Ils ont besoin de nous pour dire qu’il y a d’autres voies en Libye que celles présentées dans les médias», souligne-t-il. Précisant: «Les jeunes ont été très engagés pendant la révolution et ont contribué à l’émergence d’une société civile. Malgré le fait que 50% des libyens ont moins de 30 ans, leur parole ne semble guère écoutée, aucun mécanisme de consultation n’est mis en place pour permettre leur participation et celle du secteur associatif ».
«Pendant la guerre et depuis, poursuit-il, des milliers d’associations se sont constituées dans tout le pays. Cette société civile naissante, encore peu structurée et très peu soutenue par les pouvoirs publics, se développe aujourd’hui dans un contexte de grande instabilité politique mais aussi économique et sociale».
Face à cette situation, Marion Isvi, Euromed France indique que les 12 jeunes accueillis ont été sélectionnés par le « Development Organization for Women and Youth » «qui est notre partenaire en Libye». «Depuis un an et demi nous travaillons avec eux, nous avons ainsi reçu deux délégations et nous nous sommes rendus une fois sur place. Il s’agit d’un programme qui va se développer sur trois ans», explique-t-elle. «Lors de cette semaine, ajoute-t-elle,nous proposons une formation à la vie associative adaptée aux réalités de terrain et des rencontres avec des travailleurs sociaux, des associations, des collectivités, des lycéens».
Hussam Elbaroni, fondateur de l’association Network to promote democraty, raconte : «La jeunesse libyenne vit depuis des années avec des problèmes». Pour lui: «L’éducation est un problème majeur ou plutôt cela l’est pour les catégories populaires car les couches aisées ont accès à une éducation de qualité, un état de fait qui résulte de l’ancien régime. Mais, malgré les difficultés, la jeunesse est consciente de son rôle, de sa capacité à faire changer les choses. Alors, nous sommes dans une phase de transition, c’est dur, mais cela ne va pas durer. Et cela même si certains cherchent à s’accaparer le pouvoir, si des forces occultes sont à l’œuvre».
En ce qui concerne la menace islamiste, il explique : «Cette vision est véhiculée par les médias. Mais vous savez, lorsque je suis arrivé ici, je pensais arriver dans un pays en guerre avec ses religions, car tel est le message véhiculé par les médias en Libye. Et j’ai eu la surprise de découvrir une société où les gens se respectent, quelles que soient leur origine, leur religion. Et bien, partout dans le monde les humains aspirent à vivre en paix, et partout dans le monde, il existe une minorité de personnes qui sont prêtes à tout pour le pouvoir».
Michel CAIRE