Publié le 2 mai 2015 à 12h49 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h55
Depuis le 16 avril 2015, la capitale de l’Est algérien, Constantine, s’est parée de l’habit de «Capitale de la culture arabe». Une manifestation panarabe qui met en exergue, une année durant à titre successif, les atours civilisationnels et patrimoniaux d’une ville choisie de cette entité identitaire commune, qu’est le monde arabe. C’est à l’antique Cirta qu’a échu cette année le «privilège» de ce titre, auquel l’Algérie a voulu associer la notion du savoir. Le 16 avril de chaque année, ayant été décrétée «journée nationale du savoir». L’inauguration de l’événement, à cette date, a été voulue par ses initiateurs à la hauteur du tapage médiatique qui l’avait précédé des mois durant : un rendez-vous on ne peut plus officiel, avec la présence du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal à la cérémonie d’ouverture, des membres du gouvernement algérien en sus de personnalités diverses du monde arabe, dont le Secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Aarabi ainsi que le Directeur général de l’Organisation arabe pour la Culture, l’Education (Alesco), et les Sciences, Abdullah Hamad Muharab… Au total, 21 pays arabes ont marqué leur présence à ce carrefour culturel
Un spectacle haut en couleurs, en sonorités et symboliques
Un florilège de feux d’artifices, des chants et danses typiques à chaque État, étaient au menu du spectacle programmé la veille de l’inauguration officielle : Une parade «de l’amitié et du partage» mettant en avant les symboles phares des pays arabes ainsi qu’un spectacle lumineux intitulé «Lumières et murmures du Rocher», ont ponctué cette soirée festive. Le monde arabe y a été résumé en une procession de wagons mettant en exergue les spécificités culturelles et identitaires de quelques capitales, alors qu’une fresque historique et artistique, mettant en scène prés de 400 artistes, avait donné le ton final de la manifestation. L’Orchestre symphonique et le ballet national, sous la direction du maestro à l’envergure internationale, d’origine algérienne Amine Kouider, était également du programme.
Une bagatelle de 7 milliards de Dinars algériens (plus de 700 millions euros) serait le coût de financement des activités programmées tout au long de l’année, dont une partie puisée dans des financements arabes.
Le lancement de l’événement a été saisi par le chef de l’État algérien, Adelaziz Bouteflika, pour adresser un message «politique» à la communauté arabe. Par la voix de l’un de ses conseillers, il a affirmé que face au défi de la «mondialisation», seule une économie «forte» et un système éducatif «bien établi» permettront au monde arabe de «reprendre sa place».
Un foisonnement d’activités culturelles
L’événement est, sans contexte, une opportunité de relancer quelques activités culturelles. Au programme du département «Cinéma». Les organisateurs prévoient la production de cinq longs métrages et neuf documentaires qui seront réceptionnés après 2015. En matière d’arts plastiques, cinq rétrospectives seront montées ainsi que l’organisation d’expositions thématiques dont une dizaine liée au patrimoine, un salon de la sculpture algérienne. Au volet livre, il est question de l’édition de plus de 1 000 livres, ainsi que l’organisation de plusieurs journées d’étude, de colloques et de Salons.
Côté musique, on dénombre plus de 180 grands concerts prévus tout au long de l’année, répartis entre les différentes esplanades de la ville. Les organisateurs envisagent, en outre, la tenue de 36 spectacles thématiques dans un décor digne des mille et une nuits (Palais Ahmed Bey); des nuits de la musique et de la chanson arabes, le lancement de trois caravanes artistiques rassemblant près de 3 000 artistes. Douze spectacles d’humoristes sont également programmés ainsi que quatre festivals d’envergure mais aussi des résidences d’artistes pour la formation et l’écriture théâtrales, un atelier de formation aux métiers du théâtre, etc.
S’agissant du patrimoine immatériel, le programme comprendra, l’enregistrement de plusieurs coffrets et notamment du Malouf de Constantine (genre musical local), une anthologie comprenant 36 CD ainsi que l’édition de cinq ouvrages portant sur les éléments essentiels de la tradition constantinoise, deux expositions sur la musique andalouse et les musiques traditionnelles…
Ce qui, par ailleurs, mérite d’être relevé est que «Constantine, capitale de la culture arabe» met également à l’honneur le patrimoine propre à d’autres régions d’Algérie, à l’instar des richesses du M’Zab (Ghardaïa), exposées il y a quelques jours au Musée public national des arts et expressions culturelles traditionnelles. Il convient de préciser que l’événement phare de Constantine coïncide avec le mois du patrimoine célébré en Algérie du 18 avril au 18 mai de chaque année, un contexte particulièrement dense en activités et créations artistiques diverses.
De part sa dimension panarabe, la manifestation dédie ses espaces et temps aux cultures des «pays frères» dont elle met en exergue les particularités identitaires. Premier à être à l’honneur, la Palestine dont la cause est à l’origine d’un lien «affectif» particulier, entretenu par le peuple algérien, voire également par d’autres de l’entité régionale arabe. Une semaine culturelle a ainsi été organisée du 27 au 30 avril, pour mieux faire connaitre l’héritage matériel et immatériel de ce pays, au cœur d’importants enjeux géostratégiques au Proche-Orient.
En endossant l’ambitieux projet culturel, la ville des «ponts suspendus» est gagnante à plus d’un titre : l’acquisition de nouvelles infrastructures pour étrenner certaines activités; une médiatisation qui transcendance ses propres frontières; une réconciliation avec son propre patrimoine culturel ainsi que la rencontre d’autres civilisations puisées du berceau historique des peuples arabes. Pour ne citer que ces quelques retombées positives de «Constantine, capitale de la culture arabe».
Fatima Abbad correspondante Destimed en Algérie