Publié le 29 mars 2020 à 10h27 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
Le Premier ministre, Édouard Philippe est intervenu sur la pandémie de Covid-19 en France et sur la stratégie du gouvernement pour y faire face. «Nous prenons aujourd’hui des mesures exceptionnelles. Jamais un confinement général du pays n’avait été mis en place», a souligné le chef du gouvernement. Et, a-t-il ajouté : «Je ne laisserai personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision du confinement». Confinement qui a démarré le 17 mars et qui vient d’être prolongé jusqu’au 15 avril.
Accompagné d’Olivier Véran, ministre de la Santé, Karine Lacombe, cheffe du service infectiologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, et Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’institut Pasteur, le Premier ministre a tenu à communiquer de façon «totalement transparente» sur la gestion de l’épidémie. «Les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les quinze derniers jours qui viennent de s’écouler», a annoncé Édouard Philippe. Dévoilant que le nombre de cas continue à grimper et double «tous les trois à quatre jours», suivant la progression de l’Italie. Jérôme Salomon expliquant que les chiffres sont calculés selon «trois sources extrêmement fiables». Il précise : «On compte le nombre de cas de tests positifs, dans les établissements de santé de l’ensemble des territoires, ainsi que les formes sévères. Les admissions, les hospitalisations en réanimation, les guérisons et les décès sont comptabilisés. Nous suivons aussi les recours aux soins en ville avec surveillance syndrômique de la population, via des médecins sentinelles. Et enfin, Santé publique France continue de produire des données.» Au total, 44 000 personnes ont consulté, en établissement de santé ou auprès de leur médecin traitant, pour une infection au coronavirus. Karine Lacombe rappelle pour sa part que la transmission se fait par «gouttelettes manuportées»; que la maladie est bénigne dans 85% des cas et très contagieuse. «Une personne contaminée peut en contaminer trois autres», a-t-elle insisté.
L’impact du confinement mesuré « à la fin de la semaine prochaine »
L’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique et de l’Institut Pasteur, a expliqué l’importance des mesures de confinement pour freiner l’épidémie. «Si chaque malade infecte moins d’une personne, l’épidémie va décliner», assure-t-il avant d’annoncer que «pour en estimer l’impact, il va falloir attendre un peu». Évoquant alors la fin de la semaine prochaine. Et dans cette crise sanitaire l’objectif est de disposer de suffisamment de lits en réanimation pour accueillir les cas les plus graves, ceux qui sont en détresse respiratoire… «Si l’épidémie se développe, les formes sévères vont s’accroître et être de plus en plus nombreuses», a prévenu le Premier ministre, indiquant que «si l’on dépasse la capacité d’accueil en réanimation, nous allons avoir un sérieux problème.» Sur la stratégie hospitalière, il a indiqué que la capacité actuelle est désormais de 10 000 lits en réanimation (contre 5 000 initialement), avec pour objectif d’arriver entre 14 000 à 14 500 lits au mois d’avril tout en aplanissant la courbe de la contagion. Des respirateurs ont été commandés à l’industriel français Air Liquide. Parmi les annonces, le ministre de la Santé, a notamment indiqué que la France a commandé «plus d’un milliard» de masques notamment à la Chine en rappelant que la France ne produisait sur son sol que 8 millions de masques par semaine. La France a également passé une commande de 5 millions de «tests rapides».
Pour protéger nos soignants : j’ai commandé 1 milliard de masques.
Un pont aérien intensif est en place pour les acheminer et les mettre à disposition de celles et ceux qui prennent soin de nous, dans les plus brefs délais. pic.twitter.com/K1JIQS98QV
— Olivier Véran (@olivierveran) March 28, 2020
Les Ehpad vers un isolement individuel de leurs résidents
Le ministre de la Santé est revenu sur la problématique des Ehpad, particulièrement exposés en raison de la fragilité des personnes âgées qui y vivent. «Je demanderai aux établissements de type Ehpad de se préparer à aller vers un isolement individuel de chaque résident dans les chambres», a indiqué Olivier Véran. Et «partout où ce sera possible, j’encouragerai toute démarche pour que le personnel qui travaille sans relâche déjà au sein des Ehpad puisse le moins possible sortir de ces établissements pour prendre le moins de risques qu’il revienne avec le virus», a-t-il ajouté.
À propos de la chloroquine
Olivier Véran est aussi revenu sur les espoirs suscités par les travaux du professeur Didier Raoult –les résultats de ses tests sont publiés sur le site de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille– «Il n’existe hélas aucun traitement qui ait fait ses preuves en France et dans le monde», insiste Olivier Véran avant d’évoquer les études lancées en France sur le sujet. «J’invite chacun et chacune à la patience. S’il s’avérait qu’un traitement, celui-ci ou un autre, était efficace, nous mettrions tout en œuvre pour le fournir aux Français», a-t-il déclaré à propos de la chloroquine défendue par le Pr. Raoult.
Anna CHAIRMANN