Publié le 26 juin 2017 à 10h06 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h24
C’est une manifestation d’importance, pour le Port de Marseille Fos, la métropole Aix-Marseille-Provence, qui vient de se dérouler au Palais de la Bourse siège de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence. On y célébrait en effet la mise en place d’une liaison ferroviaire directe entre Marseille-Fos et Genève dans le cadre du corridor Mer du Nord-Méditerranée qui permet ainsi à Marseille-Fos de bénéficier de sillons ferroviaires performants dans l’hinterland international. Plus efficaces, optimisés pour le trafic international longue distance, ces sillons facilitent le transport par rail et permettent de gagner des parts de marché. En encourageant ainsi le report modal de la route vers le rail, ils permettent de réduire l’impact environnemental des transports et contribue ainsi à la transition vers une économie durable.
Fruit d’une mobilisation collective des acteurs de la place portuaire de Marseille/Fos, l’ouverture de l’axe Marseille-Genève dans le corridor Mer du Nord/Méditerranée renforce l’attractivité du territoire et son positionnement comme porte d’entrée du Sud de l’Europe et passerelle naturelle vers la Méditerranée et l’Afrique. Il génère, en outre, de nouvelles opportunités d’affaires sur le marché suisse pour les professionnels locaux et développe ainsi le Via Marseille-Fos pour les chargeurs suisses.
Christine Cabau-Woehrel, Présidente du Directoire du Grand Port Maritime de Marseille, Jean-Luc Chauvin, Président de la CCI Marseille Provence, et Jean-Philippe Salducci, Président de l’Union Maritime Fluviale Marseille-Fos, ont présenté aux chefs d’entreprise de la place portuaire de Marseille/Fos l’ouverture de l’axe Marseille-Genève dans le corridor Mer du Nord/Méditerranée, en présence de l’Ambassadeur de Suisse en France, Bernardino Regazzoni, de Marianne Gerber Szabo, consul général de Suisse à Marseille et de Renaud Muselier, Président LR du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, député européen… A cette occasion, ils ont salué à l’unisson « une très bonne nouvelle pour le territoire, la place portuaire et les entreprises».
Jean-Luc Chauvin a tenu à rendre hommage à l’action de la Présidente du grand port, à Jean-Philippe Salducci «qui a porté ce dossier complexe au plus haut niveau européen» et à Renaud Muselier qui «en sa qualité de député européen a été et sera un soutien sans faille pour la place portuaire marseillaise». L’Ambassadeur de Suisse en France, Bernardino Regazzoni, souligne : «1/3 de notre PIB est lié aux exportations et 1/4 aux importations c’est dire l’importance pour nous d’avoir un accès à la mer». Il se réjouit également de voir son pays obtenir, avec Genève, un deuxième point de jonction au corridor européen après Bâle et n’omet pas de mettre en lumière le dynamisme des industries chimique et pharmaceutique suisse.
La bataille des ports se gagne à terre avec les hinterlands
Jean-Philippe Salducci intervient sur ce dossier depuis 2014. Pédagogue, il explique que «la bataille des ports se gagne à terre avec les hinterlands». Il insiste à son tour sur l’importance de cet accord qui va permettre à Marseille-Fos de bénéficier de sillons ferroviaires, c’est à dire d’une option sur un trajet ferré. «L’enjeu était de trouver avec RFF (Réseau ferré de France) des trajets déjà existants correspondant aux gabarits internationaux. Nous avons trouvé deux voies, une Marseille-Valence-Genève et une ligne Marseille-Lyon-Genève». «Les rails existent donc, poursuit-il, il faut maintenant que les transports de marchandises soient prioritaires sur tout, les transports de passagers, les travaux… Ce devrait être le cas à partir de 2018». Il ne manque pas de rappeler: «Marseille a été pendant longtemps le port de la Suisse, cela c’est perdu peu à peu par manque de fluidité. Une période aujourd’hui heureusement révolue, nous repartons de l’avant». Avant de remercier Marianne Gerber Szabo, consul général de Suisse à Marseille qui s’est investie sur ce dossier mais également Renaud Muselier et le député François-Michel Lambert (LREM). Assurant que «ce dossier a été gagné grâce au jeu collectif». «Cette liaison, ajoute-t-il, permettra un gain de temps, elle sera par exemple de 5 jours pour un navire venant de Chine, il passera à Marseille plutôt que passer par l’Espagne avant de remonter vers les ports du Nord. Et cela a un impact écologique, moins 20% de CO² pour un trajet Asie-Europe. Et que dire lorsque l’on sait qu’actuellement des bateaux partent d’Alger pour aller vers l’Espagne, puis remonter vers les ports du Nord? le gain de temps et environnemental va être considérable».
L’étape suisse est majeure, elle ouvre les portes de l’Allemagne, la Belgique et, pourquoi pas, la Russie
Christine Cabau-Woehrel se fait l’écho de l’évolution positive du port fondée sur la stratégie de diversification des trafics maritimes «et des investissements massifs». La hausse des conteneurs mais aussi des voitures, remorques, petits vracs et GNL a permis de stabiliser le trafic 2016 au niveau de 2015 avec un trafic total de 80,9 millions de tonnes. Le conteneur poursuit sa course positive avec une hausse de +3% (+4,1% à Fos), une progression supérieure pour la 2e année consécutive à la moyenne des ports européens et français. En matière de fret roulier, les voitures neuves profitent de la bonne santé du marché automobile français et progressent de +5% tandis que les remorques confortent l’activité des bassins de Marseille avec un score de +7%. Christine Cabau-Woehrel se réjouit donc: «Nous avons un outil qui nous permet de développer notre hinterland. L’étape suisse est majeure, elle ouvre les portes de l’Allemagne, la Belgique et, pourquoi pas, la Russie».
Pour Renaud Muselier l’ouverture de l’axe Marseille-Genève: «est un facilitateur pour le travail quotidien des transporteurs qui passent par le port de Marseille. C’est aussi un levier de croissance». Et se félicite : «150 000 conteneurs supplémentaires par an sont attendus en 2025 ce qui doivent générer 150 emplois dans le port, 450 dans le secteur des transports et 900 dans la logistique». Il insiste à son tour sur l’impact écologique, tant par la réduction des trajets maritimes que par l’utilisation du train: «À énergie équivalente un camion peut parcourir 58 km pour 111km un train». Il rappelle que la Région s’engage massivement en faveur du grand port avec notamment 52 millions de financements régionaux dans le contrat de plan Etat-Région. Il conclut: «Et, en tant que député européen, j’ai obtenu de la commission européennes que les pilotes et lamaneurs étrangers soient contraints de battre pavillon français lorsqu’ils interviennent dans nos ports. Cela nous permet de nous protéger des dumpings sociaux et de préserver nos emplois et je me bats aujourd’hui pour protéger les ports français d’une fiscalité qui serait injuste».
Michel CAIRE