En l’emportant 27-12 face à l’Uruguay, la France « B » a fait l’essentiel mais cette victoire a démontré combien il est difficile pour les Bleus de se passer de leurs cadres. Des cadres en costume-cravate qui ont quitté les tribunes du stade avec une triste mine, à l’instar de leurs copains qui sortaient du terrain.
Avant la rencontre France-Uruguay à Lille, les supporters tricolores étaient divisés en deux camps : ceux qui considéraient la formation sud-américaine comme un adversaire qui pouvait donner du fil à retordre et ceux qui pensaient que la réserve française n’allait faire qu’une bouchée d’une équipe « du niveau Nationale 1 » (le niveau inférieur à la Pro D2, ndlr). Une chose est certaine, il ne fallait pas sous-estimer les adversaires du jour qui marquaient le 1er essai à la 6e minute par l’un des meilleurs joueurs de la soirée, Nicolas Freitas qui récupérait une superbe passe au pied et mystifiait Jaminet avant d’aller aplatir en coin. Le ton était donné par cette action, les Uruguayens rugueux et combatifs à la défense performante faisaient déjouer les tricolores empruntés, maladroits et surtout indisciplinés puisque totalisant une quinzaine de pénalités contre eux pendant ce match.
L’un des bons points pour cette équipe française, c’est d’avoir pu réagir rapidement après que les Sud-Américains aient scoré ; Hastoy répliquant à la 11e à l’essai de Freitas et Mauvaka, à la 55e, redonnant de l’air aux siens après un essai d’Amaya à la 53e. Mais entre les placages manqués (14), les fautes de main et les mêlées plus ou moins maîtrisées, les Français allaient douter jusqu’à ce que Louis Bielle-Biarrey, qui était en la circonstance le plus jeune joueur français à disputer un match de Coupe du Monde, ne vienne conclure sa prestation du soir par un essai salvateur sur une passe sautée d’Hastoy (27-12). C’était la 74e et le score n’allait plus évoluer, l’arbitre britannique O’Keeffe refusant l’essai du bonus à Macalou à la 77e. Un bonus qui avait tout son intérêt dans la lutte pour la première place dont on sait qu’elle pourrait permettre d’éviter les Sud-Africains en quart de finale.
Bref, la prestation du soir laisse un arrière-goût amer sauf peut-être à Bielle-Biarrey qui poursuit sa route dans les sphères du haut-niveau, pour Maxime Lucu qui a suppléé honnêtement Dupont ainsi que pour Macalou, le seul à vrai dire qui par son engagement, ses passes et sa puissance était au niveau de l’excellence dans l’élite du rugby. Autant dire qu’il aurait mérité d’inscrire ces essais du bonus. Jeudi prochain, c’est à la Namibie que se frottera la France ; il sera intéressant de voir ce que décide Galthié au moment de composer l’équipe. Mais on peut penser que la prochaine rencontre, qui sera suivie par deux semaines de repos avant d’affronter l’Italie en dernière journée de poule, verra quelques cadres sur le terrain…
Michel EGEA