Publié le 3 mai 2020 à 10h56 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h16
Sophie Joissains, sénateur des Bouches-du-Rhône vice-présidente de la Commission des lois, vient d’adresser un courrier à Muriel Penicaud, ministre du Travail, Franck Riester, ministre de la Culture et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics pour les alerter sur la situation des intermittents. Elle leur rappelle que, dans le contexte d’urgence sanitaire, «la plupart des Festivals ou spectacles programmés ne pourront être reportés à l’automne et, dans le meilleur des cas, se tiendront l’année suivante». Pour elle: «Il serait dès lors juste et approprié de prolonger les droits des artistes et techniciens intermittents en conséquence et de fait, bien au-delà des mois où toute activité aura été impossible. Au regard des délais de report, du nombre de compagnies et d’artistes en grande précarité qui s’annoncent, une année blanche comme le réclame la profession, est nécessaire».
Dans son courrier adressé aux ministres, le sénateur Sophie Joissains écrit: «Depuis le début de la crise sanitaire, les acteurs de la culture alertent quant à la précarité de leur situation. La fermeture des théâtres, l’annulation des concerts, festivals, tournages et autres événements culturels impactent durement et de manière vitale les intermittents du spectacle. Sénateur des Bouches du Rhône, habitante de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et conseillère municipale de la ville d’Aix-en-Provence, j’en suis le témoin direct. La culture est au cœur de notre identité, elle est l’âme et l’éclat de la ville d’Aix-en-Provence. Les pertes économiques et touristiques sont d’ores et déjà très lourdes sur l’ensemble de notre territoire, les craintes concernant la pérennité de nos festivals, théâtres, salles et le devenir de nos compagnies sont vives. Sans ambiguïté ou tergiversations, les collectivités ont décidé d’être en appui total des acteurs culturels, mais cela ne suffira pas. Sans considération de leur régime spécifique par l’État, les conséquences de l’urgence sanitaire ne leur permettront pas de survivre. L’exception culturelle française, si enviée à l’international, pourrait avoir vécue… Les pouvoirs publics, à travers l’ordonnance du 25 mars 2020, ont prolongé sur la période de confinement, la durée de leurs droits à l’allocation chômage et allongé d’autant la période d’activité prévue pour réaliser les 507 heures de travail, nécessaires au renouvellement de leurs droits à l’assurance chômage. Or, la fin du confinement ne signifiera pas la réouverture des salles de spectacle, ni l’autorisation d’événements rassemblant de larges publics, comme précisé par les annonces gouvernementales. Les artistes et techniciens intermittents du spectacle pourront -si cette date peut être maintenue et selon les mesures sanitaires qui seront en vigueur- recommencer à travailler à partir du 15 juillet, c’est-à-dire quatre mois après la fermeture des salles de spectacle et deux mois après la date de fin du confinement. Ceux qui devaient à cette date, avoir totalisé les 507 heures de travail nécessaires au renouvellement de leurs droits à l’assurance chômage, n’auront pu les effectuer et seront donc théoriquement radiés. Les mesures prises, certes nécessaires face à l’urgence, demandent à être adaptées sur le moyen et le plus long terme à la réalité du monde de la culture, aux contingences inhérentes à l’activité des intermittents du spectacle, lesquels sont soumis aux contraintes de calendrier des spectacles et des saisons artistiques pour pouvoir exercer leurs métiers. Dans ce contexte d’urgence sanitaire, la plupart des Festivals ou spectacles programmés ne pourront être reportés à l’automne et, dans le meilleur des cas, se tiendront l’année suivante. Il serait dès lors juste et approprié de prolonger les droits des artistes et techniciens intermittents en conséquence et de fait, bien au-delà des mois où toute activité aura été impossible. Au regard des délais de report, du nombre de compagnies et d’artistes en grande précarité qui s’annoncent, une année blanche comme le réclame la profession, est nécessaire. Des mesures seront-elles annoncées en ce sens ? La réouverture des salles de spectacle est au mieux, envisagée au 15 juillet (à condition que la situation sanitaire globale continue à s’améliorer), mais le travail des compagnies, des orchestres se fait sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois en amont de la première représentation, aucune programmation ne peut se faire sans tenir compte de ce temps dédié. Ce travail met en contact physique, en proximité immédiate les artistes, autant lors de la création des œuvres que des répétitions et des entraînements. Les musiciens, les danseurs, les comédiens, les chanteurs, les artistes circassiens pourront-ils commencer leur travail en amont, au moment de la réouverture des salles ? Et si oui, dans quelles conditions ? À quel moment ? Un aménagement des gestes barrières sera-t-il envisageable dans le respect de la sécurité sanitaire ? De quelle manière ? Des mesures spécifiques seront-elles prises ? L’incertitude sur cette question perturbe gravement les projections d’avenir, les reports de programmation et de tournées, paralyse et met en péril l’ensemble des acteurs de la culture… Des réponses sont nécessaires. Il s’agit de tout mettre en œuvre pour préserver le souffle, le rayonnement, l’identité de la France, il s’agit d’être à l’écoute de l’un des secteurs très impactés par la crise, un secteur créateur d’emplois et d’une importance majeure en termes d’activité économique et touristique, il s’agit de l’une des forces essentielles de notre pays.».