Publié le 20 avril 2020 à 8h06 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
«Imaginer que la crise serait derrière nous serait une erreur. La crise sanitaire fait encore des morts et la crise économique ne fait que commencer», a rappelé avec insistance le Premier ministre Édouard Philippe lors d’un point de situation sur le Covid-19 ce dimanche 19 avril. Annonçant qu’un plan de déconfinement serait présenté dans les 15 jours qui viennent et qu’il s’agit, ce jour, de ne présenter que les grandes règles qui vont s’appliquer. A ses côtés: le ministre de la Santé Olivier Véran, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, et l’infectiologue lyonnaise Florence Ader.
Un Premier ministre qui a insisté sur le fait que le déconfinement ne signifiait pas le retour à la vie d’avant «pas tout de suite, et probablement pas avant longtemps». Le message est clair: «Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus». Mais, dans un premier temps, Édouard Philippe fait un point sur l’actualité de la crise, il précise que 30 610 personnes sont hospitalisées en France soit 29 de moins que la veille mettant en exergue l’efficacité du confinement. Jérôme Salomon confirme indiquant que 5 744 malades sont en réanimation soit 89 de moins que la veille. C’est la onzième journée consécutive où le solde des malades en réanimation est négatif. Olivier Véran concède pour sa part : «Il existe toujours une tension sur les masques FFP2» mais cinq millions de masques grand public devraient, dès cette semaine être déstockés en faveur des ambulanciers, préparateurs en pharmacie, sage-femmes, techniciens de laboratoire, aides à domicile et manipulateurs radio. Il est précisé que la production nationale est passé de 4 millions par semaine à 8 millions. L’objectif est d’atteindre les 17 millions de masques par semaine d’ici le 11 mai dans le cadre du déconfinement. Il signale également que, d’ici fin juin, la France devrait disposer de 15 000 respirateurs de réanimation et de 15 000 respirateurs de transport. En revanche le ministre note que les «surblouses, charlottes, tabliers et gants» manquent encore pour les personnels soignants. Et d’affirmer: «Nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes mais nous faisons le maximum». Le Premier ministre répond à une attente et annonce que, dès ce lundi, un droit de visite sera accordé aux familles dans les Ehpad, à la demande du résident et sous la responsabilité de l’établissement. Pas plus de deux personnes de la famille pourront voir en même temps le résident sans qu’il soit possible de «toucher la personne». Par ailleurs, en constatant «une chute de 60% des consultations chez les spécialistes, de 40% chez les généralistes, une forte baisse du dépistage de certains cancers», le ministre de la Santé ne cache pas son inquiétude et invite à la plus grande vigilance en matière de soins.
«la plus forte récession depuis 1945»
Édouard Philippe en vient au «défi économique» avec «la plus forte récession depuis 1945» et un recul du PIB de 8%. Il détaille et parle de -36% pour l’activité économique, -43% pour l’industrie et -90% pour l’hébergement et la restauration. L’objectif, maintenant «est de sauver ce qui peut l’être pour relancer ce qui doit l’être». Le chef du gouvernement en vient aux principes du déconfinement: «Il s’agit de préserver la santé de nos concitoyens et d’assurer la continuité de la vie de la Nation.» En matière de santé, il avance: «Comme nous n’avons pas encore de vaccin et de traitement efficace la prévention reste déterminante. Trois éléments sont essentiels: les gestes barrières, les tests virologiques qui devraient passer de 150 000 par semaine à 500 000 par semaine et l’isolement des porteurs de virus» Concernant les transports qui ne fonctionnent aujourd’hui qu’à 10%: «Le déconfinement va entraîner une augmentation du nombre d’usagers. Il faut étudier les gestes barrières et le port du masque pourra être obligatoire à partir du 11 mai». Dans les entreprises: «Lorsque c’est possible il faudra maintenir le télé-travail, lorsque ce n’est pas possible il faudra mettre en place une organisation respectant les gestes barrières et la distanciation sociale». Les commerces vont rouvrir progressivement: «En respectant les gestes barrières et la distanciation sociale. Ainsi, les files d’attente devront être organisées pour respecter une distance minimale de plus d’un mètre entre les clients, et des mesures comme la mise à disposition de gel hydro-alcoolique à l’entrée du magasin ou juste avant la caisse devront être mises en œuvre», précise le Premier ministre qui ajoute que les cafés et les restaurants resteront fermés, leur activité ne permettant pas «de limiter la circulation du virus». En ce qui concerne les écoles «une question sensible», reconnaît Édouard Philippe «le ministre de l’Éducation Nationale a passé la semaine à discuter avec les organisations syndicales, les parents d’élèves, les mairies, départements et régions». Et d’avancer: «L’école n’ouvrira pas partout le 11 mai et ne fonctionnera pas comme avant le confinement». S’il rend hommage au travail accompli par nombre d’enseignants grâce à internet il indique: «un certain nombre d’élèves n’ont pas accès à ces instruments. Pour 5 à 10% d’entre eux un lien est rompu avec l’école et cette situation présente un grave danger pour la Nation». Raison pour laquelle, aux yeux du gouvernement, l’école doit reprendre «en garantissant les gestes barrières». Pour cela, «des hypothèses sont travaillées, différentes suivant les territoires».
Michel CAIRE