Publié le 1 avril 2020 à 8h56 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
Sur le site de la PME Kolmi-Hopen, premier producteur français de masques, situé dans la banlieue d’Angers, Emmanuel Macron a affiché son ambition d’atteindre «l’indépendance pleine et entière» de la France dans la production de masques «d’ici la fin de l’année». Le président de la République a pris plusieurs engagements sur le plan national et a fait le point sur l’approvisionnement en matériel et en médicaments pour faire face à l’épidémie de Covid-19 et d’insister sur l’importance, dans cette crise des notions d’unité et de souveraineté nationale et européenne .
Emmanuel Macron a profité de son passage sur le site de Kolmi-Hopen pour revenir, une nouvelle fois, sur un monde qui change et sur le jour d’après. Il a replacé la crise des masques que connaît notre pays dans son contexte: «Nous sommes passé de 4 millions de masques utilisés chaque semaine avant la crise à 40 millions de masques par semaine actuellement alors que nous ne disposions que de 140 000 masques en stock. Nous avions alors une certitude, les masques étaient produits en très grande quantité de l’autre côté du monde et nous pouvions les importer facilement. Mais le monde a changé depuis quelques semaines avec une tension inédite sur les marchés mondiaux». Face à cela, poursuit le Chef de l’État : «Le gouvernement a édicté une doctrine pour ne jamais être en rupture et toujours pouvoir équipé les soignants qui sont les plus exposés au virus». Il a été ainsi décidé «d’importer rapidement plus d’un milliard de masques de Chine et des commandes supplémentaires sont déjà passées». Mais, annonce Emmanuel Macron: «Il nous faut avant tout produire d’avantage en France car cette crise nous enseigne que sur certains produits, certains matériaux, le caractère stratégique nous impose d’avoir une souveraineté européenne et de produire plus sur le territoire national pour réduire notre dépendance». Et de mettre en exergue Kolmi-Hopen qui, en quelques semaines, «a vu ses effectifs augmenter de 50% ce qui permet à l’usine de fonctionner 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 et doubler ainsi la production. Et, cette dynamique va s’amplifier avec l’arrivée de nouvelles machines».
Plus de 10 millions de masques d’ici la fin avril
«3,3 millions de masques étaient produits en France par semaine avant la crise, fin avril nous serons à plus de 10 millions », assure Emmanuel Macron qui ajoute «et nous continuerons cet effort dans un objectif d’indépendance nationale pleine et entière à la fin de l’année». Il se félicite à ce propos de l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché des masques qui doivent permettre d’atteindre cette production de «15 millions de masques par semaine» d’ici fin avril. Et d’évoquer une filière qui achète 100% de produits européens, à 3/4 français et utilisent des machines françaises avec un effort qui va se poursuivre. En parallèle la France va produire d’autres catégories de masques (hors FFP2) en direction d’autres professions particulièrement exposées au risque de contamination telles «les services à domicile, transporteurs, pompiers, forces de l’ordre, caissiers et caissières, guichetiers». 85 modèles ont été validés ces derniers jours. L’objectif est de produire un million de ces masques par jour d’ici 3 ou 4 semaines. Le Président en vient aux respirateurs, il remercie Air Liquide pour son travail, évoque le consortium qui s’est constitué autour de ce dernier avec Schneider Electric, Valeo et PSA: «Il va permettre de produire 10 000 respirateurs lourds comme légers d’ici fin mai». Concernant le gel hydroalcoolique, sa production va passer de 40 000 à 500 000 litres par jour annonce le chef de l’État qui remercie industriels, fabricants, ainsi que les pharmaciens pour leur «mobilisation exemplaire». Emmanuel Macron annonce également des commandes massives de médicaments, matériels et tests: «Ce qui peut être produit en France l’est et nous montons en volume, il en va de même en Europe» afin de «sécuriser les apports». Et de préciser qu’afin d’honorer les commandes, une dotation spécifique de quatre milliards d’euros a été attribuée à Santé publique France par l’État.
«Le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant»
Le Président Macron insiste une nouvelle fois: «Le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant. Nous devons reconstruire notre souveraineté européenne. Nous avons commencé à le faire. Nous avons fait des réformes pour permettre à notre Pays d’être plus compétitif. Mais nous devons retrouver la force morale et la volonté pour produire d’avantage en France. C’est ce que nous commençons à faire avec force, courage, sur les produits de première nécessité. C’est ce que nous continuerons de faire le jour d’après». Et de mettre en avant les notions de souveraineté et de solidarité «sans lesquelles rien ne sera possible, sans le courage d’hommes et de femmes qui ne comptent pas leurs heures et qui, avec courage, sont là pour faire avancer le Pays. C’est cette France unie à laquelle je crois».
«Je ne m’exonère de rien»
Enfin, en réponse à une question sur les responsabilités, Emmanuel Macron devait lancer: «Je ne m’exonère de rien. Mais j’ai un principe simple : quand on mène une bataille, on doit être unis pour la gagner. Et je pense que, toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre sont irresponsables. Le temps viendra de la responsabilité, il est légitime et démocratique. Et la transparence complète devra être faite. Mais j’appelle d’abord à la dignité et à l’esprit de responsabilité celles et ceux qui construisent des certitudes avec les connaissances d’aujourd’hui qui n’étaient pas celles d’hier». Et d’inviter: «Vous pouvez retrouver les paroles de toutes celles qui, quelques jours avant ma première allocution du 12 mars, expliquaient qu’il serait indigne de reporter les élections municipales, qu’il y avait une mise en scène du gouvernement et quelle allait trop loin… Nous avons tous appris avec beaucoup d’humilité de cette pandémie car cette crise est inédite. Et viendra le temps de voir ce que nous aurions pu, dû, mieux faire et, là encore, on le regardera avec un principe de justice à l’égard de tous les choix passés car on ne peut pas demander des choix, il y a cinq ou dix ans alors que nous ne pouvions prévoir ce qu’il allait advenir. Mais encore une fois, aujourd’hui il importe de s’unir, de multiplier les innovations pour terrasser le virus ».
Michel CAIRE