Publié le 13 mai 2020 à 20h31 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h36
Nous avons décidé de poser les mêmes questions à plusieurs acteurs de la société civile de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour savoir comment ils ont vécu le confinement, et surtout ce qu’ils entendent proposer concrètement comme mesures à prendre au plus vite pour combattre les autres crises qui vont apparaître -après l’actuelle sur le plan sanitaire -à savoir économique, sociale… Denis Philippe, le président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress), a accepté de se prêter à l’exercice. La Cress en Provence-Alpes-Côte d’Azur regroupe 16 600 employeurs, plus de 800 PME (employeurs de 50 postes et plus), 3 300 petits établissements (10 à 49 postes) et 12 500 micro-structures (- de 10 postes). L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) en région représentait en 2019 près de 163 000 salariés répartis dans plus de 16 800 établissements. En 2019, toujours, 10 % de tous les emplois de la région relevait de l’ESS, et 13,5 % pour le seul secteur privé.
Destimed: comment avez-vous vécu le confinement sur un plan personnel et familial?
Denis Philippe: Je l’ai plutôt bien vécu en étant confiné chez moi dans les Hautes-Alpes. Je peux dire que la situation n’a pas été trop pénible à vivre. J’ai découvert les conférences téléphoniques et les visioconférences pour le travail, et j’ai pu aussi redécouvrir les charmes du bricolage à la maison, comme lire aussi plusieurs livres que je n’avais pas eu le temps de lire les derniers mois et même les dernières années. Pour résumer la situation, je ne me suis pas ennuyé du tout.
Quelles sont les 3 principales mesures que vous attendez du gouvernement dès la sortie de la crise sanitaire ?
Il faut que le gouvernement soit en mesure de répondre aux plus élémentaires besoins de protections individuelles des personnels soignants et des citoyens, avant toute chose. Il y a aussi la grande nécessite qu’il relocalise la production de produits vitaux : je pense en premier lieu aux médicaments dont nous risquons de manquer cruellement. Certains produits à usage médical manquent déjà, et je pense là, plus précisément, au curare, qui sert en anesthésie. J’attends ensuite qu’il fixe un cap précis et s’appuie sur les élus locaux qui sont en capacité de mettre en place les mesures nécessaires aux besoins des populations en fonction de la réalité des territoires. Il faut que le politique reprenne sa place devant la technocratie.
Comment voyez-vous le monde de demain : des grands changements seront-ils obligatoires, ou alors n’y croyez-vous pas ?
En tant que représentant régional de l’Économie sociale et solidaire, je suis convaincu que de grands changements sont nécessaires. L’ultra libéralisme financier montre toutes ses limites. Nous ne pouvons plus ignorer l’indispensable transition écologique et énergétique. Les modes de consommation comme les modes d’entreprendre doivent changer. L’idéal serait que nous nous attelions tous, politiques et société civile avec les citoyens, a un nouveau projet de société. Je crains, malheureusement, que la facilité qu’il y a à ne rien entreprendre, à ne rien changer, conduise à reprendre nos mauvaises habitudes. Comme avant…
Propos recueillis par Bruno ANGELICA