Publié le 21 janvier 2021 à 20h49 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 12h34
Quand on parle neige et sports d’hiver, on ne pense pas en premier lieu à la Corse. Erreur ! Dans la vallée de Prunelli, les sommets sont couverts d’un épais manteau blanc et la décision de ne toujours pas rouvrir les remontées mécaniques fait plus qu’inquiéter des professionnels du tourisme qui tirent fortement la sonnette d’alarme.
De mémoire, cela faisait vraiment très longtemps que l’on n’avait pas vu un enneigement aussi important. Un coup d’épée dans l’eau puisque la décision de ne pas rouvrire les remontées mécaniques a été prise par le gouvernement. Bien plus qu’une mauvaise nouvelle, il en est de la survie de nombreux professionnels de la montagne qui voient de plus en plus le spectre d’une saison blanche s’approcher. «Ce beau manteau neigeux est en train de se transformer en handicap», déplore Gilles Giorgi, directeur d’un gîte à Ghisoni. C’est aujourd’hui toute l’économie qui tourne au ralenti, voir qui est à l’arrêt.
«Un sursaut des autorités corses et non pas au niveau national»
Pour trouver des « pistes » de sortie de crise, des représentants du secteur et des institutions se sont donnés rendez-vous à Bastelica. Le but étant de faire reconnaître la spécificité de l’intérieur de l’île en termes de tourisme. «Ce que nous attendons : un sursaut des autorités corses et non pas au niveau national. Il faut mettre tout le monde dans le même cercle que ce soit les élus ou les professionnels et nous devons parler d’une même voix», explique Sauveur Grisoni, président des APPN. Il faut dire que dans cette région, la saison estivale ne représente de 15% du chiffre d’affaires. Autant dire qu’en 2020, avec les confinements successifs, on est bien loin de cette petite part ! Face à ce constat, les commerçants et représentants de l’hôtellerie-restauration dénoncent des mesures inadaptées pour lutter contre la crise sanitaire. Au cœur du débat, les infrastructures des stations corses. En effet, ici, les skieurs peuvent profiter de tire-fesses et non de cabines closes.
« Un regard un peu plus conciliant serait vraiment le bienvenu »
Dans la vallée de Prunelli, la volonté est encore au dialogue, mais on sent que l’inquiétude est « plus » que grandissante. «Faire vivre son village est devenu quelque chose de difficile. Les paysages sont jolis, nous avons plein d’atouts, néanmoins les difficultés sont là. Un regard un peu plus conciliant serait vraiment le bienvenu», rétorque Gilles Giorgi du site communal de Ghisoni. D’autant que les mesures économiques misent en place sont jugées totalement insuffisantes. «Les 10 000 euros, mais c’est une plaisanterie ? Vous connaissez nos charges ?», interroge encore Marie Guerrini. Face à cette détresse, les élus et la Collectivité assurent qu’ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour épauler leurs camarades. D’ailleurs, Jean-Félix Acquaviva, député et président du Comité de massif, rappelle que les communes de Bastelica, Ghisoni et Asco sont «nommément citées » dans le décret du 30 décembre relatif à l’élargissement du fonds de solidarité. Certes, mais semblerait-il que cela ne soit pas suffisant !
Mathieu SELLER