Publié le 26 avril 2021 à 18h06 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h54
Dimanche, Jean Castex semblait sûr de son fait quand il a annoncé que les variants dits brésilien et sud-Africain de la Covid-19 avaient tendance à régresser sur le territoire français. Pour Santé publique France, cette affirmation est loin d’être avérée, notamment en Ile-de-France. Mais quid des autres régions…
«Les variants sont très peu nombreux et ont tendance à régresser», indiquait le Premier ministre lors de son déplacement à Roissy dans le cadre de la vérification de l’application du protocole d’isolement en vigueur pour les personnes arrivant du Brésil, de l’Inde ou encore d’Afrique du Sud.
Un optimisme absolument pas partagé par Santé publique France
Le chef du gouvernement serait selon un constat de Santé publique France allé un peu vite en besogne en parlant de régression. L’organisme explique avoir constaté sur le terrain, principalement autour de Paris, des souches qui explosent. Quelques heures après cette affirmation ministérielle, Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, a souhaité alerter l’opinion sur une inquiétante évolution de l’épidémie notamment concernant les variants brésiliens (P1) et sud-Africains. Pour imager son propos, il s’est appuyé sur des courbes où l’on peut observer une nette accélération des cas.
Inquiétante évolution des variants brésilien (P1) et sud-africain en IdF. Il faut attendre le séquençage pour distinguer ces 2 variants dont on connait encore mal la transmissibilité relative face au britannique mais le P1 semble plus contagieux. Et l'indien, pas encore détecté. pic.twitter.com/f5ZIRWlFT2
— Rémi Salomon (@RemiSalomon) April 25, 2021
Une accélération plus qu’une stagnation
Dans ce schéma, la ligne bleue représente les deux souches qui regroupent 4,7% des contaminations au 21 avril en France. Comparativement, une semaine plus tôt, cette donnée tournait autour de 4%. Pour la seconde, elle symbolise les variants dits brésilien et sud-Africain, en Ile-de-France. Cette fois, l’accélération est nettement plus marquée en passant de 4,5% à 8,5% en deux semaines ! Une nouvelle enquête datée de ce lundi 26 avril confirme cette tendance, plus seulement en région parisienne, mais bel et bien sur l’ensemble du territoire hexagonal. En ce qui concerne l’ensemble du territoire aucun schéma n’a été présenté…
Face à ces chiffres, le Pr Eric Caumes, sur BFMTV, expliquait à son tour que la régression annoncée «est peut-être utopique», du moins pas basée sur les mêmes enquêtes. « J’ai bien peur que cela relève plus de l’espérance que de la réalité, a déclaré le chef du service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Au niveau de la région parisienne tous les variants, sans parler du variant anglais, représentent 10 % des contaminations». Quid encore des autres régions.
Pr Éric Caumes: "Le variant brésilien, sud-africain et ceux qui ont acquis certaines mutations représentent 10% en région parisienne" pic.twitter.com/bwofkZgB35
— BFMTV (@BFMTV) April 26, 2021
Une allocution basée sur des données plus anciennes de quelques jours
Selon Le Parisien, l’optimisme de Jean Castex se baserait sur «des données plus anciennes de quelques jours et contenues dans le rapport de Santé publique France paru jeudi». A ce moment précis, la part des variants en question était alors de 4,2% en France et de 6,5% en Ile-de-France. Face à ces chiffres, on était alors en mesure de parler de stagnation plus que de régression. Actuellement, c’est donc le variant britannique qui est majoritaire en France avec près de 80% des souches positives séquencées. Mais attention, une déclaration récente du Conseil scientifique souligne que d’ici la période estivale, le Brésilien pourrait rattraper son retard et prendre la tête du classement. «Le variant britannique, très contagieux, disparaît grâce à la vaccination, qui pourrait être moins efficace face aux variants sud-Africain et brésilien », conclut Eric Caumes.
Mathieu SELLER