Alain Gargani, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Sud et les président(es) des CPME départementales : Corinne Innesti, Bouches-du-Rhône, Sylvie Galéa Hautes-Alpes et Bernard Vergier, Vaucluse, ont fait un point sur la rentrée économique et l’actualité des entreprises.
Si les présidents se veulent toujours positifs, ils ne cachent pas que des nuages sont là avec des défaillances d’entreprise, la question du chômage des chefs d’entreprise… Mais de se féliciter de voir que le gouvernement a reculé sur les arrêts maladie avant de déplorer qu’il n’en ait pas fait autant sur les impôts de production. Puis, Alain Gargani, dans le cadre de son club Eco For Sud, a organisé une rencontre avec Émilie de Lombares, présidente du Directoire d’Onet.
« La CPME est la première organisation patronale en France avec 300 000 entreprises. Elle l’est aussi dans la région Sud avec 70 000 entreprises et nous sommes de tous les combats pour défendre les entreprises, rappelle Alain Gargani qui évoque une force d’importance alors que les difficultés arrivent : « Nos entreprises connaissent une succession d’événements : augmentation du prix de l’énergie et des matières premières, augmentation des salaires, émeutes… Les marges se restreignent, des indicateurs passent à l’orange. Et on a des entreprises en liquidation. On déplore 49 863 défaillances au niveau national sur les 6 premiers mois de l’année ; 4 800 dans la région sud. Ainsi, au niveau national des chefs d’entreprise perdent leur emploi chaque jour ». Il ajoute : « Ces défaillances d’entreprise vont avec un corollaire : le chômage des patrons explose. Mais, en réalité, quand on parle de chômage, il n’y en a pas et c’est bien la difficulté. Un chef d’entreprise qui met la clé sous la porte perd tout, y compris ses biens propres ». De plus, poursuit-il: «La moyenne d’âge de l’entrepreneur en perte d’emploi est de 46 ans, un âge qui rend difficile la reconversion».
« Le chef d’entreprise ne doit pas rester seul »
Dans ce contexte Alain Gargani insiste sur le fait que des outils existent. « Le chef d’entreprise ne doit pas rester seul. Il doit s’appuyer sur nous. Nous travaillons depuis deux ans sur le Groupement de Prévention Agréé. Nous pouvons négocier l’étalement des dettes… Mais il faut vite venir nous voir ». Puis d’en venir aux émeutes que le centre-ville de Marseille a connu. « Nous avions alerté sur la situation que connaissait Noailles en 2022. Il y avait eu quelques moyens supplémentaires pour faire face aux vendeurs de rue qui devenaient de plus en plus violents et puis rien. Et la situation a empiré. Il faut trouver des solutions ».
« Les entreprises sont confrontées à une compétitivité dans un cadre européen »
Corinne Innesti en vient aux derniers combats menés par la CPME et, en premier lieu, celui mené à propos des arrêts maladie : « Le gouvernement souhaite lutter contre l’augmentation des arrêts maladie des salariés. Il proposait notamment la prise en charge du 4e au 7e jour d’arrêt maladie par l’employeur, l’entreprise se substituant à la Sécurité Sociale sur cette période. Nous nous sommes mobilisés contre cette charge supplémentaire et la CPME a été entendue par le gouvernement. La proposition a été retirée ». En revanche elle déplore que le gouvernement ait fait la sourde oreille sur la baisse des impôts de production. Elle explique : « La loi de finances 2023 a instauré une suppression de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) sur deux ans. Or il veut maintenant reporter la suppression de manière progressive sur 4 ans. L’économie de 4 milliards se transforme en 1 milliard. Et les entreprises qui avaient prévu des investissements se trouvent coincées. » Elle poursuit : « Les entreprises sont confrontées à une compétitivité dans un cadre européen. Si vous regardez les impôts de production par rapport au reste de l’Europe, on est à 3,8% du PIB en France contre 2,5% dans le reste de l’Europe». Elle s’inquiète aussi de la réforme de l’assurance chômage. «L’exécutif ne laisse quasiment aucune marge de manœuvres aux organisations patronales et syndicales. Est-ce la fin du paritarisme ? ».
« La CPME est favorable à un titre de séjour pour les métiers en tension »
Alain Gargani reprend la parole pour évoquer les difficultés de recrutement. « La CPME Sud a souhaité créer un groupe de travail sur cette question. Il réunit un certain nombre d’acteurs de l’emploi et de la formation. L’objectif est de faire ressortir, d’ici ce mois d’octobre, une trentaine de propositions que la CPME pourra porter au niveau national.» Et de réaffirmer que « la CPME est favorable à un titre de séjour pour les métiers en tension.»
Bernard Vergier met en lumière la création d’un pôle jeunes Sud, un pôle qui a vu le jour dans le Rhône puis dans le Vaucluse : «Il vise à permettre de partager des valeurs et des expériences, ; d’accompagner de jeunes pousses vers le succès, ; d’être le porte-parole des jeunes entrepreneurs au sein de la CPME et auprès des institutions, des pouvoirs publics ; de faire grandir les futurs représentants de la CPME.»
Sylvie Galéa présente pour sa part le Pôle « Femmes » Sud qui vient de voir le jour. « On veut montrer qu’il existe un endroit où les femmes peuvent partager leurs problèmes, peuvent prendre confiance ». Le lancement du Pôle Femmes Sud aura lieu le 28 septembre 2023 au Palais des Congrès de Toulon.
Puis place à un déjeuner débat d’Eco For Sud pour écouter Émilie de Lombares qui rappelle que le groupe Onet a vu le jour voilà 160 ans sur le port de Marseille. La société se diversifie vers la propreté avant de devenir le géant qu’il est aujourd’hui tout en restant un groupe familial. «Je ne voulais pas travailler dans le groupe mais l’entreprise nous dépasse. Notre rôle est de nous y investir. Nous avions des investisseurs financiers minoritaires, nous avons racheté leurs parts ». Pour elle : « Nous sommes dans les services et il faut aimer rendre service aux gens. Et je dois dire que nous avons des équipes attachantes, engagées, qui ne reçoivent pas pas suffisamment de mercis.» Arrivant à la direction elle indique : « Je savais que je n’avais pas l’expérience. J’avais une conviction, une vision et j’ai été très entourée de gens compétents ». Puis d’insister sur l’importance de la formation et de donner du sens au travail avec un cap pour la société : «Rester indépendant et familial».
Michel CAIRE