Publié le 2 mai 2020 à 22h32 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h34
En préambule des comédiens évoquent en regardant un écran les grands noms de la Comédie-Française : Jean Piat, Robert Hirsch, Roland Bertin, mesdames Casadesus, et Claude Winter. Certains lancent : «voilà Paul-Emile Deiber», «Je me réjouis de voir arriver ébaubie en diligence notre Denise Gence ». «Si je pouvais un jour c’est un rêve fantasque revoir jouer ensemble Aumont, Duchaussoy, Gasc», «Moi j’ai rêvé qu’à Geneviève Casile mon large cœur un jour put offrir un asile». D’autres questionnent : «Avez-vous vu Charon interpréter Feydeau ?»; «Savez-vous ce qu’est un sociétaire honoraire ?». D’emblée le ton est donné : c’est un hommage au théâtre et à ceux qui le font vivre dans la maison de Molière que signe ici le metteur en scène Denis Podalydès. Son «Cyrano de Bergerac» se fera l’éloge du jeu, et construit sur le principe de la « troupe » ne laisse aucun personnage dans l’ombre tous se battant pour une chose essentielle moteur de leur action. Couronné en 2006 par six Molière, ce spectacle mit en évidence l’inventivité de son metteur en scène et l’incroyable énergie de son acteur principal Michel Vuillermoz. Au nez énormeeeeeeeeee !!! plus encore que celui de Weber ou Depardieu, le comédien brille de mille feux, et saute les obstacles du texte de manière autant sportive que poétique. Voilà cette pièce qui revient sur France 5 enregistrée en 2017 avec une mise en scène quasiment similaire à celle de la création, avec une distribution quelque peu différente. Changements de sociétaires et départs oblige, exit Michel Robin, Grégory Gadebois (son Ragueneau étant joué par Bruno Rafaelli), le de Guiche d’Andrzej Seweryn (fort peu convaincant) laissant la place à Didier Sandre, Christian Hecq et Laurent Natrella intégrant la distribution, et surtout Loïc Corbery (le très émouvant «Misanthrope» pour le moins dépressif de Clément Hervieu-Léger) succédant à Eric Ruf sous les traits de Christian. Disons-le il touche davantage par un aspect plus romantique qui sied mieux au personnage. Le couple Françoise Gillard (Roxane) Michel Vuillermoz (Cyrano) est toujours-là, pour le plus grand bonheur de tous. Ils sont l’un comme l’autre le rôle dans son essence même, et surtout éclairent leurs personnages d’une intemporalité réjouissante. Déploiement de décors, perfection des costumes créés par Christian Lacroix, scénographie surprenante où l’on voit apparaître des soldats très régimes totalitaires, un final d’une beauté à couper le souffle où les mots s’envolent presque au sens propre du terme, ce « Curano » est un modèle du genre. Et Vuillermoz nous faisant passer du rire aux larmes ahlalalala…quel panache !
Jean-Rémi BARLAND
«Cyrano de Bergerac» d’Edmond Rostand, mis en scène par Denis Podalydès. Ce dimanche 3 mai sur France 5 à 20h 50. Avec…Véronique Vella (Tire-Laine, Cadet, La Duègne, une sœur), Sylvia Bergé (la Marquise, Enfant, Poète, Cadet, Précieuse, Mère Marguerite), Bruno Raffaelli (Ragueneau), Alain Lenglet (Lignière, Cadet), Françoise Gillard (Roxane), Laurent Natrella (Carbon de Castel-Jaloux, Jodelet, Précieux), Michel Vuillermoz (Cyrano de Bergerac), Christian Gonon (Valvert, Cuisinier, Poète, Musicien, Cadet), Julie Sicard (Lise, Sœur Claire), Loïc Corbery (Christian), Christian Hecq (Cuigy, Cadet, Précieux), Nicolas Lormeau (Montfleury, Pâtissier, Cadet, Précieux), Gilles David (le Bourgeois, Poète, le Capucin, Cadet), Stéphane Varupenne (Le Bret), Nâzim Boudjenah (le Cavalier, Bellerose, le Mousquetaire, Cadet), Claire de La Rüe du Can (la Bouquetière, Cadet, Musicien, Sœur Marthe), Didier Sandre (de Guiche), Julien Frison (le Marquis, l’Apprenti, Cadet, Précieux).