Publié le 13 février 2019 à 19h11 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h48
Question de la proximité sur les territoires, mobilisation sur la question de l’emploi, promotion du label «Consommez local et artisanal», régionalisation des Routes des arts et gourmandises sont quelques uns des chantiers engagés au sein de la Délégation 13 de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) Paca. Et tout cela, il faut le mener en soutenant les entrepreneurs, frappés de plein fouet par la crise des Gilets Jaunes… Perspectives 2019 avec Monique Cassar, sa présidente.
La feuille de route est chargée. Il faut dire, entre les chantiers engagés au sein de la Chambre des métiers et des artisans régionale et l’accompagnement des commerçants et artisans pendant les mouvements sociaux impulsés par les Gilets Jaunes, 2019 se pose un peu comme un challenge. Mais, explique Monique Cassar, présidente de la délégation des Bouches-du-Rhône, l’organe consulaire a été réactif dès les prémices de la crise. «Dès les premières actions des Gilets Jaunes, nous avons mis en place de quoi faire remonter l’information des artisans sur le net, via un questionnaire. Nous avons récolté près de 300 réponses au bout de deux jours, et quelque 1 000 retours au bout de 4 à 5 jours. Dans les faits, le premier week-end, ils ont été nombreux à ne voir personne… » Et ces quelque 1 000 réponses ont permis de mobiliser l’attention des partenaires institutionnels de la CMA : RSI, Urssaf… «Nous leur avons demandé d’être attentifs aux sollicitations d’échéanciers pour l’étalement des charges. Sans donner de chiffres précis, l’Urssaf a fait remonter de fortes demandes d’échéanciers, ce qui risque de devenir problématique, compliqué à gérer si cela continue de s’amplifier.» La CMA a su aussi se mobiliser auprès de la Région Sud, qui lui a donné la possibilité d’engager un fonds solidaire de 2M€ auprès des entreprises du territoire. « Nous sommes en pleine collecte de demandes des entreprises et commerçants, il y a déjà de nombreux dossiers déposés. Mais nous avons alerté la Région sur le fait que les critères émis étaient un peu trop restrictifs». Parmi ces derniers, fixés par la collectivité territoriale, les impératifs d’établir un comparatif à année N-1, mois par mois, d’avoir entre un et 10 salariés, d’avoir évalué une baisse du CA de l’ordre d’au moins 30% sur novembre et décembre, d’être basé sur des secteurs géographiques précis, touchés par les itinéraires de manifestations ou les points de blocages. Des critères qui risquent de laisser nombre d’artisans et de commerçants sur le carreau. «Déjà, les mouvements des Gilets Jaunes ayant commencé le 18 novembre, la perte de CA ne se chiffre pas forcément à 30% sur ce mois-là. Par ailleurs en décembre, avec les fêtes de Noël, il y a tout de même eu des achats… Ainsi, de nombreuses entreprises en souffrance risquent de se retrouver au bord des critères. Par exemple, une entreprise à zéro salarié qui enregistrerait une baisse de 25% de son CA. Ou alors, ne se situerait pas sur le périmètre géographique déterminé. Alors que certains blocages peuvent générer un effet papillon sur des secteurs qui ne seraient pas directement impactés. Nous avons donné notre avis en tant que CMA sur ces critères en demandant un plus de souplesse, car nous connaissons nos entreprises et leur situation. On espère donc des ajustements, afin de ne pas laisser sur le bas-côté des gens qui sortent des cadres, et ne pas avoir un fonds qui serait mal utilisé, mal investi», appuie la présidente.
Mettre l’accélérateur sur la proximité
Outre le fonds, il a été mis en place une campagne d’accompagnement spécifique, qui se fait au coup par coup en fonction des demandes. «Quand il n’y a pas de visibilité, on fait ce que l’on sait très bien faire : travailler la proximité, les moyens de se mettre en valeur, faire en sorte que les artisans et commerçants se sentent un peu moins isolés. Après on peut être performant en faisant une analyse de leur comptabilité, en établissant des projections qui vont permettre d’avertir les partenaires de suite.» C’est en effet le moment de cultiver de nouveaux réflexes et de faire preuve d’anticipation… «Nous apprenons aux entrepreneurs à demander des échéanciers, à lisser toutes leurs réactions, à prendre les mesures nécessaires à temps : échelonner les charges, les factures d’un fournisseur… Il s’agit d’apprendre à prioriser et à ne pas faire la politique de l’autruche, car c’est bien cela qui tue l’entreprise». Mais, outre la gestion de la crise des Gilets Jaunes, il y a aussi tous ces chantiers que la CMA a impulsés depuis le début de cette mandature. Et l’objectif numéro 1, c’est la proximité. Elle se met déjà en œuvre via la signature de chartes de soutien à l’activité économique de proximité, l’outil choisi par la CMA régionale, puisque les chambres «sont autonomes dans leurs outils et leurs moyens». Concrètement, un courrier a été préalablement envoyé aux maires, afin d’expliquer la démarche. «Et en un peu plus de deux ans, 26 d’entre eux ont signé cette charte. L’idée cette année, c’est d’accélérer le mouvement. Lors de mes vœux j’ai été à la rencontre des maires, certains nous ont sollicités». L’idée étant d’être tous mobilisés dans le même objectif : redynamiser les centres-villes. Certes les réalités de terrain s’avèrent forcément différentes selon la commune, d’où l’importance de trouver un point de départ de collaboration. Et générer, là encore, des réflexes : quelle que soit la question, ou la problématique, s’appuyer sur la CMA et ses collaborateurs. «Dans les noyaux villageois, par exemple, quand il y a la fermeture d’un commerce incontournable, type boucherie ou boulangerie, la collectivité sait qu’elle peut se tourner vers la CMA pour trouver un professionnel dans ses adhérents qui pourra prendre la suite. Autre exemple, sur la ville d’Eguilles, les artisans ont organisé toute une semaine d’action et de commercialisation. La Chambre a forcément été un soutien, elle les aide à atteindre leurs objectifs». Des actions commerciales qui permettent aussi de défendre et de mettre en avant le label « Consommer local et artisanal ». «Et avec la crise des Gilets Jaunes, le consommer local prend justement tout son sens… »
Reconduction de la route de l’emploi
Au registre des chantiers à mettre en œuvre, la régionalisation des routes des Arts et gourmandises, initiées à l’origine sur le territoire de Provence, est en marche. Une nouvelle échelle qui devrait être «effective en fin de mandature, en 2020». Ainsi sous cette échéance, le site Web dédié aux circuits touristiques, à l’artisanat d’art et à la gourmandise de Provence recensera toutes les Routes mises en place dans la région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et en attendant, les opérations s’enclenchent pour donner de l’ampleur à ces mises en exergue. Notamment dans les Bouches-du-Rhône… «Nous venons de signer un partenariat de trois ans le 4 février dernier, avec Provence Tourisme pour une valorisation de la gastronomie en Provence». La route des arts et gourmandises de Provence y gagnera en termes de mise en lumière. Autre prérogative, accentuer la promotion du label « Consommez local, consommez artisanal». Tout cela pour favoriser le développement des entreprises locales…
«Mais nous nous mobilisons aussi sur la question de l’emploi. Le 18 octobre dernier, nous avons organisé une Route de l’emploi à Marignane. Nos services étaient présents pour répondre aux interrogations des collégiens et des jeunes de moins de 25 ans sur les questions de l’apprentissage, de l’emploi… Ce fut une journée forte et un grand succès». De bonne augure à l’approche de la nouvelle loi sur l’apprentissage, «dont nous attendons beaucoup, puisqu’elle va permettre de l’étendre aux jeunes jusqu’à 30 ans». L’idée de cette route : permettre à ce public de découvrir les métiers de l’artisanat tout en visitant les lieux culturels de la ville. Avec, au programme, conférences, visites d’ateliers, démonstrations par les CFA, Job dating et ateliers relooking… Un événement mis sur pied grâce au soutien du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, en coordination avec la ville de Marignane, la Mission locale et les collèges de la ville. Il concernait 130 élèves de 3e des trois collèges marignanais et une trentaine de jeunes de la Mission locale. La journée s’est achevée sur la signature de la Charte de soutien à l’économie de proximité entre la ville de Marignane et la Chambre de métiers. «Cette route de l’emploi sera reconductible. L’idée étant de changer de ville à chaque fois. Deux ont déjà postulé pour l’édition 2019». Enfin, il y a aussi des chantiers plus internes, et liés intrinsèquement au financement de la CMA et de son fonctionnement. Car la baisse de la TFC, ou Taxe pour frais de chambre, la touchant de fait, la mène forcément à dégager de nouvelles pistes vers l’autofinancement. «Nous avons engagé la réflexion sur ces questions depuis quelques années déjà. Pour l’heure, il serait prématuré de parler stratégie, mais elle est en cours d’étude». Affaire à suivre, donc…
Carole PAYRAU
La Chambre de métiers invite les artisans à s’exprimer Dans le cadre du Grand Débat National lancé par le Gouvernement, le sujet de l’entreprise, notamment de proximité, et de son rôle dans la société doit être posé puisqu’il est un levier essentiel pour l’économie de notre pays et qu’il impacte la vie quotidienne de beaucoup de nos concitoyens. C’est la raison pour laquelle la Chambre de métiers et de l’artisanat de Provence-Alpes-Côte d’Azur propose aux artisans et citoyens de la région d’apporter leur contribution sur cinq thèmes complémentaires, centrés sur l’entreprise et la TPE. Le Grand Débat National porte sur quatre thèmes qui couvrent les enjeux suivants : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’État et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté. «L’engagement des 150 élus et 1 000 collaborateurs de la Chambre de métiers et de l’artisanat de région est de porter la voix des artisans, leurs préoccupations mais aussi les solutions que notre secteur peut apporter.» Et la Chambre de mettre en exergue les cinq thèmes centrés sur l’entreprise et la TPE, « qui enrichiront la réflexion locale et nationale»: – Le coût du travail: l’investissement personnel et financier des chefs d’entreprises, travailleurs non-salariés, est-il reconnu à sa juste valeur face au régime général des salariés ? – La fiscalité des entreprises: existe-t-il une équité entre les entreprises soumises à l’impôt sur le revenu (plus de 50% des artisans) et celles soumises à l’impôt sur les sociétés ? –L’emploi du premier salarié ou d’un salarié supplémentaire: quelles mesures exceptionnelles pour créer un choc de confiance et permettre aux entreprises artisanales sans salarié ou avec un seul salarié de recruter le salarié qui leur manque pour honorer des commandes supplémentaires ? – L’équité de traitement devant les normes et les règlementations entre artisans, grandes surfaces et grands groupes: le coût lié à la mise en œuvre de ces règlementations et normes pèse-t-il proportionnellement plus sur les entreprises artisanales ? –La place et la reconnaissance des métiers manuels: comment faire pour que soient considérés les métiers manuels qui recrutent et offrent de belles carrières contribuant à l’économie locale ? Comment faire pour que soient pris en compte les besoins en formation et en qualification des chefs d’entreprise artisanale ? Pour répondre au questionnaire, rendez-vous sur : grand-debat.cmar-paca.fr. Pour permettre une large participation, la Chambre propose également l’ouverture de cahiers de doléances dans les mairies des communes signataires de la Charte de soutien à l’activité économique de proximité, et organisera une réunion publique régionale début mars. |