Que dire de ce premier tour des départementales ? L’UMP, au niveau national -fruit d’une stratégie d’union avec l’UDI et, à géométrie variable, avec le Modem- sort en tête de ce premier tour avec 29,4% des voix. Une incontestable victoire donc.
Mais s’il n’est pas devenu le premier parti de France, la progression du FN est plus que significative, avec 25,19% des voix. Il est en tête dans 43 départements et obtient l’élection de 8 conseillers départementaux dès le premier tour. Il arrive notamment en tête dans les Bouches-du-Rhône où il sera présent dans tous les cantons au second tour.
Le gouvernement, après un sursaut à la suite des attentats de janvier, a repris sa courbe descendante. La défaite, aurait pu être pire ? Sans doute, mais elle s’annonce déjà redoutable avec un effondrement dans ses bastions traditionnels, notamment le Nord et les Bouches-du-Rhône, les deux fédérations qui avaient permis à François Mitterrand de conquérir le PS puis la présidence de la République. Il y a là plus qu’un symbole. Une situation que le PS, au niveau départemental ne semble pas mesuré, trop préoccupé à s’entredéchirer, à tout faire pour tomber encore plus bas.
Très tôt, dimanche soir, le Premier ministre, Manuel Valls, a tenu à prendre la parole pour se réjouir du fait que le FN ne soit pas devenu le premier parti de France. Si son action, ces dernières semaines, a incontestablement permis, tout comme celle de Nicolas Sarkozy, de mobiliser une plus grande part de l’électorat, il n’en a pas moins mis le FN au centre du jeu. Ce qui n’a que très relativement affaibli ce dernier et l’UMP. Son «succès» est donc plus que relatif. Preuve que, plus que jamais, c’est par des choix politiques qu’il faut répondre aux attentes d’une population désespérée, en colère. Ne rien entendre et critiquer ne peut que renforcer le FN. Et puis, il y a Nicolas Sarkozy, incontestablement, il a contribué à la victoire de son camp. Mais, son glissement sur les positions sociétales de l’extrême-droite, renforce cette dernière. Et, pire, son nouveau discours, sur le fait que le FN serait sur le plan économique sur des positions de gauche, le conduit à dire, en est-il conscient, que l’UMP est à la Droite du FN. Il finit la banalisation par le « ni ni » et son discours devient dangereux pour sa propre famille politique. Enfin, le discours visant à dire que la progression du FN est stoppée est la dernière couche d’un gâteau qui se révèle bien peu appétissant et qui, dans certains départements, peut laisser craindre le pire dimanche soir.
Alors, urgence il y a. Et dimanche, seul le vote pour les candidats républicains face au FN, s’impose.
Michel CAIRE