Publié le 3 octobre 2013 à 20h40 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h23
Le regard vert pénétrant, Suzette Ricciotti ne laisse pas indifférent. Avec élégance, elle évolue parmi les objets et autre mobilier de « ses » designers qu’elle dévoile aux visiteurs de la Foire internationale de Marseille au sein du Palais des Arts. Deux espaces où s’exprime le talent d’une trentaine de designers marseillais, prouvent encore que cette Ville s’inscrit avec brio dans la création. Et puis, il y a la personnalité de la commissaire de l’exposition Suzette Ricciotti qui se présente comme « une autodidacte de tout », du design, de la gestion, de la communication… Mais surtout une passionnée « qui bouge pour que les choses bougent » et comme elle aime à le dire « je suis la Zavatta du design, je monte des chapiteaux et je repars pour des ailleurs ».
Suzette a eu plusieurs vies, d’origine savoyarde, elle a travaillé des années durant à Air India comme hôtesse. Elle vivait alors à Genève où elle a rencontré celui qui deviendra son mari, Rudy Ricciotti, à un arrêt de tramway. En un temps où celui qui est aujourd’hui l’architecte du Mucem, entrait en première année d’archi, il avait 20 ans. Depuis, après avoir voyagé à travers le monde, ils ont rejoint le Sud. Le couple s’installe donc à Bandol et Suzette s’occupe de l’agence de son mari, tout en montant un show-room spécialisé dans le mobilier contemporain qu’elle appelle « Tropismes en hommage à Nathalie Sarraute ». Deux fonctions qu’elle entend bien croiser. « Je voulais sublimer l’architecture avec du mobilier contemporain. Un bâtiment tout beau qu’il soit n’est pas photographiable, puisqu’on ne montre que l’enveloppe. Pour les magazines, j’ai apporté cette touche mobilier en plus pour mettre en valeur les espaces. » Cette passion du mobilier contemporain a démarré en 1972 « lorsque j’ai vu pour la première fois la chaise longue du Corbusier. Je rêvais à ce moment là qu’un jour je pourrais me l’offrir ». Puis, quelques années plus tard, « je vends mon show-room et je m’implique dans l’organisation d’expos décalés comme dans des vignobles et autres lieux tout aussi surprenants.»
Et vint le jour où elle décide de monter une exposition de designers marseillais. « Personne n’y croyait, personne ne m’a aidé. Et le design ne trouvait pas sa place avec MP2013, même si mon expo est labellisée. » Alors, le 18 janvier 2013, « j’ai monté les designers de la Capitale 2013 à la Capitale, invités par Francis Belfort (mission Paris 2000) pour l’exposition Docks en scène qui a rencontré un grand succès.»
Aujourd’hui l’exposition est enfin présentée à demeure à Marseille au Palais des Arts. Une trentaine de designers « confirmés ou non » présentent bijoux, objets, mobiliers, utiles autrement, inutiles charmants, décoratifs. Qu’importe, ils interpellent dans leur différence. Suzette Ricciotti ne cache pas non plus son goût pour l’innovation. Sur le parvis du Palais, un banc aux formes sensuelles interroge. « Il s’agit d’un projet que j’avais rêvé de sortir pour MP2013. On devait en installer plusieurs dans les bassins du Cours Julien qui sont vidés mais le projet est tombé à l’eau ! » La particularité de ce banc est qu’ « il est en Béton fibre ultra performant. Il a été dessiné par Joran Briand et conçu par les ingénieurs Lamoureux-Ricciotti. C’est le premier mobilier urbain avec ce niveau de matériau. » Elle avoue au passage qu’ elle souhaiterait voir un autre mobilier dans le paysage urbain. Sera-t-elle entendue ? Les visiteurs de la Foire ont également droit à une autre surprise. « Dans la nuit, j’ai volé un morceau du Mucem, je le remettrai en place, toujours la nuit à la fin de la Foire », raconte-t-elle. En effet, un morceau du Mucem, que chacun reconnaîtra, s’impose à l’entrée.
L’avenir? Il n’est pas incertain puisque l’exposition va rejoindre New York, invitée par Wanted Design. Alors, il est pas beau le design marseillais ?
Patricia MAILLE-CAIRE
Exposition « M » comme Marseille au Palais des Arts de la Foire internationale de Marseille jusqu’au lundi 7 octobre.