Publié le 1 décembre 2015 à 10h29 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h54
C’est avec tristesse que nous apprenons la mort de Jean Joubert, écrivain et poète. Il nous a quittés le 28 novembre dernier, âgé de 87 ans. Toute sa vie et ses écrits ont été emplis de sa vitalité et jeunesse d’esprit. Son dernier recueil de poèmes est paru en avril 2004 aux éditions Bruno Doucey : «L’alphabet des ombres». Ce livre a reçu le prix Kowalski, le grand prix de poésie de la ville de Lyon 2014. Au cours de sa longue et brillante carrière d’auteur, Jean Joubert a été un habitué des prix littéraires : il avait reçu notamment le Prix Renaudot 1975 pour son roman inoubliable :«L’homme de sable», le prix de l’Académie Mallarmé en 1978 pour «Les poèmes 1955-1975» (Grasset) ou le prix de la Fondation de France en 1988 pour Les enfants de Noé (L’école des loisirs).
«Que j’écrive des poèmes, des romans ou des contes, c’est toujours en poète que je m’exprime», affirmait-il. Il vivait à Montpellier (Hérault) où il présidait aux destinées de la Maison de la Poésie avec attachement et passion. Né dans le Loiret, professeur de littérature américaine, Jean Joubert, qui avait été un grand voyageur, avait trouvé son point d’ancrage dans cette région de terres et de mer, de garrigues et d’eau salée. Il est l’auteur de nombreux romans, contes, livres pour la jeunesse et bien sûr des recueils de poésie comme «Les lignes de la main» (Seghers, 1955) ou l’«Anthologie personnelle» (Actes Sud, 1997) pour ne citer qu’eux. Nous perdons un auteur qui nous a offert de bien belles pages de lecture, un poète dont l’écriture était portée de lumières. Il restera à nos côtés parce qu’il l’avait écrit, «la frontière est poreuse entre les vivants et les morts».
Extrait : « Et moi, vieux poète, déjà au bord du sombre fleuve, me voici sous ma lampe, dans cette grange – mon atelier – où jadis, me dit-on, vécurent la mule, le cochon et la volaille, me voici donc dans cette désormais caverne de livres à démêler dans la nuit les lourdes mèches de la mémoire. Derrière la fenêtre, l’ombre écrase le jardin. Au loin, sur les collines, un orage rôde et grogne. Et des éclairs clignent de l’œil entre les rideaux. Je sais que la frontière est poreuse entre les vivants et les morts et qu’il suffit de fermer les yeux et de penser à eux très fort pour qu’ils s’arrachent de leurs tanières de racines. »
Mireille SANCHEZ