Disparition de Paul Auster : un géant des lettres mondiales s’en est allé

« C’est avec une immense et profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de Paul Auster, survenu ce mardi 30 avril, des suites d’un cancer. »  Ce sont par ces mots que les Éditions Actes Sud la maison d’éditions françaises de ses œuvres ont annoncé la disparition d’un des plus grands écrivains de la littérature mondiale.

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Paul Auster qui vient de publier en France «Baumgartner» s’est éteint à l’âge de 77 ans (Photo Spencer Ostrander)

Bertrand Py de ces mêmes éditions Actes Sud évoque Paul Auster en des termes aussi admiratifs que chaleureux : «  Paul Auster n’est pas, dans le catalogue d’Actes Sud, un auteur parmi d’autres. Sa rencontre avec nos éditions -à l’époque presque aussi inconnues qu’il l’était lui-même dans son propre pays- date d’un voyage d’Hubert Nyssen à New York, au milieu des années quatre-vingts.»

Dès que fut traduit (par Pierre Furlan) Cité de verre, Paul Auster vint à Paris où la modeste maison arlésienne avait organisé, dans l’enthousiasme, comme s’il s’était agi du nouveau prix Nobel, une « conférence de presse »! C’est qu’immense était alors en France le désir de lectures neuves, l’appétit de traduction. Et rapidement, la subtilité narrative et les chausse-trappes existentielles de la Trilogie new-yorkaise, portées par le charisme, la poésie et l’érudition francophile de Paul Auster, allaient s’imprimer – le mot dit bien la chose- dans l’identité littéraire de toute une génération.

«Être son éditeur ou son éditrice, explique en l’occurrence Marie-Catherine Vacher, était une chance, et devint pour Actes Sud une carte de visite circulant amplement dans le cercle toujours plus large des amis de Paul Auster…  Son œuvre n’en était qu’à ses débuts -mais déjà nous faisait grandir. Et quand ici ou là sont cités les noms des fondateurs d’Actes Sud, il faudrait ajouter qu’assurément, la confiance que Paul Auster leur a accordée fut aussi bienfaisante que déterminante dans leur histoire. »

Très émue Marie-Catherine Vacher éditrice de Paul Auster chez Actes Sud a publié cette lettre ouverte absolument poignante :

« Paul, mon ami (if I may…)
Quand je suis arrivée chez Actes Sud, à la fin des années quatre-vingts, ton nom claquait déjà, tel un étendard, au grand vent du ciel d’Arles, si bien que quand me furent, un peu plus tard, accordés le privilège et la responsabilité de suivre, au sein de la maison, la publication de tes livres en français, je me rappelle à quel point je me sentis tout d’abord intimidée, un peu comme face à quelque statue du Commandeur, quoique façon « rêve américain »… Tu avais alors acquis une large célébrité en Europe (certains parlaient d’ailleurs de toi comme du « plus Européen des écrivains américains ») mais quand on te rencontrait enfin, en chair et en os, un peu au-delà ou en-deçà de l’impressionnante œuvre littéraire qui était la tienne et n’allait cesser de grandir, on était surpris de pouvoir plaisanter de plain-pied avec toi, d’être soudain si proche d’une sorte de « grand frère d’Amérique » fantasmé (j’ignorais encore tout, alors, de la complexité de ton « roman familial », de l’histoire de tes origines, de ses arcanes, je résumais, je simplifiais : tu étais l’Amérique …!)
« Hi, it’s Paul Auster, calling from Brooklyn… », commençais-tu d’ailleurs toujours par dire, de ta belle voix profonde et chaleureuse, quand tu laissais un message téléphonique.

Pour ma part, je t’avais découvert, dans un premier temps, non pas à travers la fameuse Trilogie new-yorkaise mais à la faveur d’un roman qui m’avait envoûtée : Le Voyage d’Anna Blume, lequel, à ta demande, finit, des années plus tard, par changer de titre en français pour prendre celui de Au pays des choses dernières car tu tenais absolument à faire entendre au lecteur français le message explicite que délivrait le titre original : In the Country of Last Things. Je dois à la vérité de dire, et tu le sais, que nous n’avions pas, au départ, été tous forcément convaincus par cette nouvelle option mais il nous fallut bientôt reconnaître que tes arguments ne souffraient guère la contradiction pour la bonne et simple raison que tes livres avaient prouvé mille fois et de mille façons que ton autorité sur leur devenir éditorial était difficilement contestable. Il fallait faire la moitié du chemin : c’est le métier.

Je n’ai jamais été tellement sûre que, malgré ce que l’on pourrait peut-être imaginer, un éditeur / une éditrice, quels qu’il ou elle soient, puissent, par nature et par fonction, être nécessairement les mieux à même de se montrer les exégètes les plus pertinents de l’œuvre d’un auteur dont ils s’efforcent, sur un plan séculier (soit : au jour le jour) de suivre et de servir la création : tout au plus et au mieux, sont-ils dans le compagnonnage le plus honnête possible et, s’agissant d’un auteur usant, comme toi, d’une langue « étrangère », soucieux d’être présents et attentifs tout au long du périlleux trajet que la traduction effectue vers la « langue-cible », le tout dans le respect du travail, immense, trop souvent méconnu, des traducteurs, et dans l’espérance que justice soit au bout du compte rendue, dans la langue française, au texte qui les a convaincus à la lecture de l’original au point qu’ils aient voulu à toute force faire partager pareille épiphanie !

Et ce dont j’aime à me souvenir, Paul, ce sont, notamment, ces heures, transatlantiques, passées au téléphone avec toi, sous la sévère férule du décalage horaire, nos oreilles, sur le combiné, échauffées par le “combat”, à peser au trébuchet tel ou tel point de traduction, afin de tenter de fomenter une solution qui non seulement nous satisfasse tous deux mais qui paie son tribut au génie des deux langues — et ce, ligne à ligne, quasi mot après mot. Mais il y eut également des séances plus « frontales », « en présentiel » (comme nous avons appris à dire depuis le / les confinement/s) qui se tinrent, souvent, dans le patio (fumeur) de l’hôtel d’Aubusson (33, rue Dauphine, 75006 Paris) où tu aimais, ces dernières années, à prendre tes quartiers quand, pour notre chance aussi bien que pour notre plaisir, tu venais à Paris afin d’apporter ton concours à la promotion de l’un ou l’autre de tes livres, et j’ai toujours eu le sentiment (sauf à divaguer complètement ?) que tu étais très attaché à ces modestes séances, à ces “coulisses”, à cette expérimentation organique et minutieuse du passage d’une langue à une autre. Ce dont, je crois, je me rendis mieux compte alors, c’est que le romancier puissant, accompli, célébré urbi & orbi, que tu étais, avait, aux origines, été un amateur passionné de cette langue première et ultime qu’est la poésie (en v.o. et en v.f.) et que tu l’étais resté : n’avais-tu pas commencé par traduire, du français vers l’anglais, des poètes français et non des moindres… ? Pire encore (pour moi, dans la position que j’occupais), n’étais-tu pas, de surcroît, de ce genre d’écrivain redoutable : parfaitement bilingue, attentif aux moindres inflexions d’une « simple » ponctuation ? Tu as dit, un jour, qu’il faut écrire assis à un bureau placé devant un mur, jamais devant une fenêtre ouvrant sur le dehors. Sinon, tu risques de passer à côté d’un possible avènement de l’invisible : ne pas voir ce qui est autour de soi, devant ou derrière soi, serait essentiel…
Tu prenais cette chose, écrire, au sérieux, peut-être un peu plus que d’autres, ou différemment : tu l’incarnais plus que tu ne la théorisais et là était ta force. A l’heure où j’écris ces lignes, je crois que je comprends mieux, peut-être, la leçon que tu n’as cessé de prodiguer, la légitimité (ardemment conquise) de ta posture, la stature de ta vocation d’écrivain, l’étendue du respect que tu as voué à la mission que tu avais choisie, la belle radicalité, sans compromis, qui a inspiré toute ton aventure littéraire personnelle.

Je te vois, je t’entends, je te lis, encore et toujours. Nous sommes et serons nombreux dans ce cas. Car, pour reprendre une formule d’Hubert Nyssen, ton premier découvreur et éditeur en France, tu nous as offert tes romans, chacun et tous ensemble, comme « un mythe, un territoire, des personnages », pour affronter notre chaos, et ainsi nous as-tu sans nul doute “augmentés”. Pour longtemps.
Merci Paul.

Paul Auster qui écrivit dans « Chronique d’hiver » traduit par Pierre Furlan : « Pour faire ce que tu fais, il te faut marcher. Marcher, c’est ce qui attire les mots à toi, ce qui te permet d’entendre les rythmes des mots à mesure que tu les écris dans ta tête. Un pied en avant, puis l’autre, le double battement de tambour de ton cœur. Deux yeux, deux oreilles, deux bras, deux jambes, deux pieds. Ceci, puis cela. Cela, puis ceci. Écrire commence dans le corps, c’est la musique du corps, et même si les mots ont un sens, s’ils peuvent parfois en avoir un, c’est dans la musique des mots que commence ce sens. Tu t’assieds à ton bureau pour noter les mots, mais dans ta tête tu es encore en train de marcher, toujours en train de marcher, et ce que tu entends, c’est le rythme de ton cœur, le battement de ton cœur. Mandelstam : « Je me demande combien de paires de sandales Dante a usées en travaillant sur la Commedia. » L’écriture comme forme inférieure de danse

Opinions sur son œuvre

Elles ne manquent pas les opinions sur l’homme et son œuvre qui fusèrent du monde entier. Retenons-en ici quelques unes :

« Paul Auster est décidément un génie. » Haruki Murakami

« Salut Paul, Tu te rappelles quand on était allé à Fenway Park, à Boston, avec notre copain Bill Corbett ? Le batteur envoie une balle courte dans le champ gauche. Manny Ramirez la rattrape, la relance à un joueur, puis se retourne et court se remettre en position oubliant que c’est la troisième mort [Au base-ball, la troisième « mort » met fin à la manche, NDT], Toi, moi, Bill et trente mille personnes ont commencé à se marrer. Un souvenir qui réchauffe, ici et maintenant, dans le froid de l’hiver.Ton copain ». Don DeLillo

« Tu es cet « Homme qui marche » de Giacometti. Sincère, droit et rassemblé. Je choisis trois adjectifs, tu m’as dit qu’il n’en faut jamais plus. D’ailleurs avant de terminer cette lettre, je vérifie que je n’ai pas écrit le mot «très» puisque tu me dis qu’il faut commencer par les supprimer. Les mots se suffisent à eux-mêmes. » Irène Jacob

« Bien que tu aies été en tout plus que moi – plus expérimenté, érudit, confirmé, assuré, célèbre- à aucun instant, tu ne m’as fait me sentir insuffisante. De ceci, je te suis reconnaissante, infiniment. J’y ai gagné la certitude de ta profonde générosité comme la conviction d’appartenir à une même famille : celle des cœurs vaillants à jamais engagés pour la littérature. » Céline Curiol

« Vous insistez pour laisser de la place au lecteur dans vos écrits. C’est ainsi que vos histoires nous attirent et nous envoûtent. Elles nous interpellent et nous émeuvent au-delà des clivages de culture, d’âge, de sexe, d’appartenance ethnique, de convictions politiques et de classes sociales, et ce dans le monde entier. » Gita Siegumfeldt 

« Un Balzac new-yorkais du XXIe siècle. » Laure Adler

« Pourquoi […] ce petit gars du New Jersey appelé Paul Auster, né « dans une famille de la classe moyenne en quête d’ascension sociale » où on ne lisait pas, est-il devenu cet impressionnant, ce magnifique écrivain américain que, nous, nous lisons depuis les années 1980 ? » Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche

« Que Paul Auster soit le meilleur romancier américain d’aujourd’hui […] était déjà flagrant. Mais avec Le Livre des illusions, il ajoute une corde de plus à son arc : attention, mesdames et messieurs, cet homme-là est aussi un magicien ! » Didier Decoin, Le Magazine Littéraire

« Paul Auster est l’un des meilleurs écrivains contemporains. Patiemment, [il] a construit une œuvre unique en son genre, subtil mélange de roman philosophique et de road-movie, où des personnages fracassés par le destin entrent pourtant en lutte contre la résignation et le mouvement du monde. »  François Busnel, Lire et L’Express

« Paul Auster est l’un des écrivains américains les plus brillants de sa génération. »
Gérard de Cortanze, Le Magazine Littéraire

« Paul Auster est notre Shéhérazade. L’un des conteurs les plus imaginatifs à nous garder éveillés tard dans la nuit, à l’orée de nos propres songes, que ses récits alimentent. »
Michel Contat, Le Monde des Livres

« Un écrivain discrètement mélancolique, attentif aux traumatismes de son époque et plein de compassion pour l’humanité qu’il met en scène à l’heure du crépuscule, une humanité blessée qui ne renonce pourtant jamais à l’espérance, si ténue soit-elle. » André Clavel, L’Express

« Et si c’était lui, le grand romancier américain d’aujourd’hui ? […] Rarement romancier aura foré aussi loin, dans l’imaginaire américain, creusant de livre en livre de nouvelles galeries, avançant toujours plus loin dans l’inconscient collectif. » Didier Jacob, Le Nouvel Observateur

« Rares sont les écrivains de notre temps que l’on peut qualifier sans risque de grands. L’Américain Paul Auster est de ceux-là. » Olivier Barrot, France 3

« Humble, anticynique, l’auteur de Moon Palace et de Léviathan n’en finit pas de regarder l’humanité avec curiosité et générosité. » Olivia de Lamberterie, Elle 

« D’un roman à l’autre, l’auteur de l’inoubliable Trilogie new-yorkaise jamais ne se répète : sur le point d’ouvrir chaque année son nouvel opus, impossible de savoir où l’on va être entraîné -intrigue labyrinthique ou lumineuse, fiction cérébrale ou légère, les paris sont ouverts… »
Nathalie Crom, Télérama

« Le génie de Brooklyn. Inlassablement, de livre en livre, Auster essaie de lire en lui-même, de se reconnaître dans la foule des gens qu’il croise au hasard dans les rues de Brooklyn et d’ailleurs. Il fouille l’ambiguïté du genre humain – lui, les autres-, pour mieux exorciser ses peurs, se rassurer. Grand maître des illusions perdues et de la narration fluide, il met à jour ses errances, ses doutes, et dirige en douceur des personnages qui, forcément, tiennent un peu, ou beaucoup, de lui. »
Martine Laval, Télérama

« La magie de la première phrase, des premiers paragraphes, Auster en est décidément l’un des maîtres. En quelques mots, il plonge le lecteur dans le grand bain du récit. »
Denis Cosnard, Le Monde des Livres

« Paul Auster démontre sa virtuosité d’architecte de la littérature, qui sait parfaitement structurer son roman et invente entre l’imaginaire et le réel de vertigineuses passerelles. »
Muriel Steinmetz, L’Humanité

« Après ses maîtres Borges et Perec, Auster entraîne le lecteur dans son passionnant labyrinthe fictionnel. […] On est absorbé dans un monde de papier qui semble plus réel que le vrai. C’est peut-être ça la magie de la littérature. » Bruno Corty, Le Figaro Littéraire

« Paul Auster s’inscrit dans la lignée des grands auteurs américains d’aujourd’hui. Héritier des Faulkner, des Hemingway, il a dépassé le militantisme de l’après-guerre pour s’ouvrir aux littératures européennes, les Dickens, les Kafka, les Dostoïevski. Le résultat est étonnant. Quelque chose entre Modiano et Chandler. » Laurent Lemire, La Croix 

L’auteur de quelques chefs d’œuvres dont « La Musique du hasard »

Né en 1947 à Newark dans le New Jersey, Paul Auster étudie de 1965 à 1970 les littératures française, anglaise et italienne à Columbia University, où il obtient un Master of Arts. Il publie à cette époque des articles consacrés essentiellement au cinéma dans le Columbia Review Magazine, et commence l’écriture de poèmes et de scénarios pour films muets qui deviendront ultérieurement Le Livre des illusions.

De 1971 à 1974, il s’installe à Paris et traduit Jacques Dupin, André Breton, Edmond Jabès, Stéphane Mallarmé, Henri Michaux ou André du Bouchet. Unearth, son premier recueil de poèmes, paraît aux États-Unis en 1974, puis en France, en 1980, aux éditions Maeght. En 1979, il publie sous le pseudonyme de Paul Benjamin un roman policier intitulé Fausse Balle, dans la « Série noire ».

Son roman, Cité de verre (premier volume de sa Trilogie new-yorkaise), paraît en 1987 aux éditions Actes Sud et connaît un succès immédiat auprès des médias et du public. Paul Auster est l’auteur d’une œuvre de premier plan, reconnue dans le monde entier et traduite dans plus de quarante langues. Écrivain prolifique, outre une vingtaine de romans, il a publié des essais, nouvelles, pièces de théâtre, recueils de poésie, scénarios…

Il a reçu de nombreuses distinctions littéraires dont le prix Médicis étranger pour Léviathan, le Premio Napoli pour Sunset Park, et le très prestigieux prix Prince des Asturies pour l’ensemble de son œuvre. Il a été finaliste de l’International Impac Dublin Literary Award pour Le Livre des illusions, du Pen/Faulkner Award for Fiction pour La Musique du hasard, ou encore du Man Booker Prize pour 4 3 2 1.

Sa pièce de théâtre, Laurel et Hardy vont au paradis, a été montée en 2000 au théâtre de La Bastille, son roman La Musique du hasard a été adapté au cinéma par Philip Haas en 1991, et Cité de verre a été adapté en bande dessinée par Paul Karasik et David Mazzucchelli, en 1999.

Cinéaste, il a écrit plusieurs scénarios dont ceux de Smoke et de Brooklyn Boogie, films qu’il a coréalisés avec Wayne Wang (1995). Puis il s’est lancé seul dans la réalisation de longs-métrages : Lulu on the bridge, sélectionné au Festival de Cannes dans la catégorie « Un certain regard » en 1998 et La Vie intérieure de Martin Frost, sorti en 2006.

Paul Auster a été élu membre de l’American Academy of Arts and Letters et nommé Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. Il  a vécu la majeure partie de sa vie à Brooklyn avec sa femme, la romancière et essayiste Siri Hustvedt.

L’ensemble de son œuvre est publié chez Actes Sud

« Baumgartner », son dernier roman

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Paul Auster nous a proposé voilà peu « Baumgartner » texte terrible et puissant qui traite entre autres des affres de la vieillesse. Nous y suivons Sy Baumgartner, auteur et professeur de philosophie à l’université de Princeton, pour qui la vie n’a plus la même saveur depuis la mort de son épouse Anna, emportée par une vague à Cape Cod neuf ans plus tôt. Tandis que Baumgartner, désormais âgé de soixante-et-onze ans, continue de lutter pour vivre en son absence, le roman se déploie sinueusement en spirales de souvenirs et de réminiscences, de leur rencontre, étudiants, à New York aux quarante années de leur passion amoureuse.
En explorant le grand palais de la mémoire, le nouveau roman de Paul Auster dissèque la relation d’un homme au fantôme de sa femme, et pose cette question : pourquoi se souvient-on de certains moments et pas d’autres ? Une étude sensible, profonde et fouillée sur l’attachement et les méandres du deuil de l’être aimé. Un livre testament donc qui sonne vrai, juste, puissant. Austerissimo en fait. En conclusion de son œuvre, Paul Auster avait d’ailleurs dit que ce serait sans doute son dernier roman.

Jean-Rémi BARLAND

L’ensemble de l’œuvre de Paul Auster est publié chez Actes Sud

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