Publié le 23 juin 2020 à 11h39 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 11h51
C’est par une formule choc que le président de la CCI Aix Marseille Provence, Jean-Luc Chauvin, a présenté l’ambition du projet «Le Drive Local » lancé pendant le confinement: «Aujourd’hui, il y a un vrai intérêt à dire stop aux grands sites du e-commerce dans le but de favoriser nos sites locaux». Ainsi, la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence s’est associée à la jeune start-up aixoise Getbigger, spécialisée dans le e-commerce, et Hopps Group, le premier opérateur postal privé et spécialiste de la logistique e-commerce, pour faire naître une plateforme : «Le Drive local». Son objectif étant de regrouper le plus vite possible le plus grand nombre de commerces de proximité et de producteurs locaux afin de développer les services de livraison et un circuit toujours plus court.
A la lecture des derniers sondages organisés les derniers mois sur le thème, tous les Provençaux se rejoignent pour clamer haut et fort leur attachement aux commerces de proximité et leur intérêt croissant pour la formule du «drive». Fort de ce constat, plusieurs acteurs locaux du monde de l’entreprise se sont rapprochés pour répondre aux nouveaux besoins. Et le lundi 15 juin dernier, la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, Hopps Group et Getbigger ont ainsi officialisé un partenariat pour la mise place sur le territoire métropolitain de la solution : «Le Drive Local». «Une marketplace locale dotée d’un système de livraison pour permettre de garantir durablement l’implantation et la visibilité commerciale des commerces de proximité en augmentant les potentiels de ventes», est-il précisé. La nouvelle plateforme, disponible sur mobile et « desktop », a pour objectif «d’être la première application gratuite d’intermédiation entre l’offre et la demande locales de produits de consommation alimentaires». Pour cela, elle est soutenue «par une solution de service de livraison intégrée répondant à l’évolution des attentes des consommateurs». Producteurs et commerçants peuvent ainsi proposer, via la plateforme, l’ensemble de leurs produits directement aux consommateurs. La plateforme offre à la fois une géolocalisation des commerces, un paiement en ligne intégré, un retrait pour les clients : « click and collect », drive piéton ou livraison à domicile (avec un coût supporté par le client ou offert par le commerçant).
Rivaliser avec les grandes plateformes du e-commerce
«Je ne devrais peut-être pas trop le dire, mais, aujourd’hui, il y a un vrai intérêt à dire stop aux grands sites du e-commerce, dans le but de favoriser nos sites locaux», avance Jean-Luc Chauvin. «C’est à mon sens, poursuit-il, une magnifique opportunité qui est née de la crise du Covid-19. Les commerçants qui le plus souvent n’ont pas cette compétence à la digitalisation nous ont demandé de leur apporter des services pour leur permettre de pouvoir rivaliser avec les grandes plateformes du e-commerce. Ils nous ont demandé de les aider à digitaliser, car il existe plusieurs générations de commerçants et plusieurs ne sont pas prêtes à cette digitalisation. Dans la réflexion que l’on mène, aussi, nous désirons tout mettre en œuvre pour les aider à se former dans ce sens. Nous sommes en train de travailler pour déployer des offres de formation, et nous effectuons cette démarche avec la métropole (Aix-Marseille-Provence NDLR). Notre ambition est de développer cette formation au plus grand nombre et sur l’ensemble du territoire, dans le cadre d’une coparticipation sur le sujet.»
Faciliter la vie des consommateurs
Thomas Geissmann, co-fondateur de « Getbigger », précise le sens de la démarche de son entreprise : «Notre mission est de faciliter la vie des consommateurs en leur offrant une application leur permettant de faire leurs courses chez leurs commerçants et producteurs locaux. Nous rêvons d’un monde où la proximité redevient un choix accessible. Pour cela, nous avons rapidement lancé durant le confinement cette application web et mobile pour créer un lieu d’intermédiation gratuit entre offre et demande locales avec options de drive ou de livraison à domicile. Dans ce monde d’après qui se devra d’être différent, nous devons continuer de faciliter les habitudes de consommation locales. » Lancée pendant le confinement, la plateforme regroupe déjà 200 commerçants des Bouches-du-Rhône. L’élan de pouvoir accompagner «un changement nécessaire » est lancé. Il doit maintenant se poursuivre afin que «les commerces de proximité puissent jouer à armes égales avec les autres», insiste Jean-Luc Chauvin avant de rappeler que «pendant le confinement, il faut bien préciser que la donne pour les commerçants locaux sur le drive était de ne s’intéresser qu’aux produits alimentaires. Désormais les services doivent toucher les autres secteurs. Il va y avoir une évolution logique, nécessaire.» Pour Frédéric Pons, l’un des deux directeurs de «Hopps Group» : «Il y a une vraie attente derrière ce projet. C’est un modèle gratuit et une offre de drive et de livraison unique en France. On entend toujours plus privilégier les entreprises locales à se développer auprès des clients locaux, pour résumer l’idée.»
Faire du local mais bien l’accompagner
Jean-Luc Chauvin en appelle « d’abord aux commerçants pour qu’ils s’inscrivent en grand nombre sur la plateforme du drive local. Cette dernière apporte un service pour concurrencer les sites du e-commerce. J’en appelle ensuite à la fois aux collectivités, établissements publics comme le nôtre, afin de dire et défendre l’idée que faire du local, c’est bien, mais qu’il faut à tout prix savoir et bien l’accompagner. Cela ne se fera pas tout seul. Nous devons apporter des solutions d’accompagnement, de formation. C’est pourquoi, je pense que ce n’est pas de l’argent à proprement dit qu’il faut mettre et investir dans un tel projet, mais des ressources pour aider les commerçants à avoir par exemple des community managers en temps partagés, afin de les aider à mettre en place leur vitrine, pour le déploiement de toutes sortes.» Le président de la CCIAMP lance un dernier appel en direction des clients du territoire «pour qu’ils répondent présents et soient critiques, également, dans le but d’améliorer en permanence la plateforme. Les commerçants doivent savoir écouter ces retours, remarques, pour sans cesse devoir s’adapter. Et là, on fait du gagnant-gagnant, pour pouvoir penser à des solutions durables.» Les efforts, maintenant, vont être de devoir convaincre dès cet été les commerçants, associations de commerçants, collectivités, d’accompagner la démarche de ce «drive local».
Bruno ANGELICA
Plus d’info: Le drive local