« On en a fait plus en 4 ans qu’en 25 ans, clame Benoît Payan, le maire de Marseille. On va procéder à 17 inaugurations d’écoles neuves ou restructurées. On est les seuls en France à faire ça. En général un maire qui construit 4 écoles sur un mandat c’est déjà bien ».
1,5 milliard pour les écoles
Le 2 septembre 2021, Emmanuel Macron annonçait son plan «Marseille en grand» avec un accent porté sur les écoles de la ville. Trois ans après préfet et maire ont fait un focus sur 3 groupes scolaires très différents dans les 1er, 3e et 13e arrondissements. Une manière de montrer que ce plan touche tous les quartiers et tous les types de structures.
Premier rendez-vous en cœur de ville dans le 1er arrondissement. Le chantier est complexe, l’espace restreint : 500 m² au sol. Les architectes ont su valoriser cette contrainte en installant gymnase et cour de récréation dans les espaces élevés. « Être à l’étage, dans un milieu contraint c’est s’affranchir de la ville », indique l’architecte José Morales, on a des vues plus lointaines, cela créé une autonomie, un sentiment de récréation ». Une sorte de remède à la densité urbaine.
Cité et quartier paupérisé
La visite se poursuit, direction le 13e arrondissement avec ses tours et ses écoles délabrées en pied d’immeubles. « Il faisait parfois 40 degrés l’été dans ces établissements et 15 degrés l’hiver dans les classes. Ce n’était pas acceptable, on mettait des petits de 6 ans là-dedans, s’indigne le maire, et c’était tellement gros que ça passait. L’école c’est le cœur de la République, c’est à l’école qu’on apprend à devenir une citoyenne ou un citoyen et à Marseille. C’était honteux ». Tout a été restructuré. Les classes et réfectoire sont entourées d’un passage voûté qui protège du soleil ou peut servir de préau.
Dans le 3e arrondissement un beau geste architectural a fait jaillir un groupe scolaire à côté de la caserne du Muy. Les fabriqués provisoires qui tenaient lieu d’école ont duré… 12 ans. L’ensemble possède les dernières normes environnementales et est parfaitement intégré au quartier. Il contribuera à renforcer le lien social et à dynamiser la vie locale grâce à une ludothèque et une salle polyvalente. Le maire avait fait de la rénovation des écoles la priorité du mandat « On voit que le plan avance de mois en mois, cette année c’est 17 écoles neuves qui seront inaugurées, annonce fièrement le maire. Logiquement sur un mandat on ne construit pas plus de 4 écoles ».
Écoles « Potemkine »
En marge de la visite, dans le bus qui nous conduit à l’école Marceau entièrement reconstruite dans le troisième arrondissement, on interroge Benoît Payan sur le délabrement des écoles Marseillaises, sur comment la deuxième ville de France a pu laisser son système scolaire dans un tel abandon. « Je ne veux pas dédouaner Jean-Claude Gaudin mais on lui a expliqué autour de lui que tout allait bien. Il visitait des écoles « Potemkine ». Sa dernière rentrée scolaire il l’a faite aux Caillols dans une école où les services repeignent le couloir et la salle de classe qu’il va voir et ils lui disent que tout va bien. Or, à côté, il y avait une classe où le plafond s’était effondré et ça il ne l’a pas vu. Donc on a vécu dans une sorte de non-dit. L’école n’était pas une priorité ».
Plan Marseille en grand
Face à l’état de délabrement, avec des finances exsangues, la seule solution pour le maire a été de frapper à la porte d’Emmanuel Macron. « Pour le chef de l’État et pour moi on ne pouvait pas rester les bras ballants, je ne voulais pas faire payer aux Marseillais 30 années d’inertie, de laisser faire ». Est alors créée, la SPEM (la Société Publique des Écoles Marseillaises) dédiée à la mise en œuvre du plan écoles. « Vous ne verrez nulle part en France ce plan extraordinaire, des dizaines d’écoles comme celles que l’on vient de visiter vont démarrer d’ici la fin du plan. Elles sont 188. C’est sans précédent, il n’y a pas d’équivalent en termes de bâti scolaire depuis la fin de la guerre ».
Le plan Marshall de l’État
« Aucune commune en France n’a connu un engagement aussi systémique de l’État », indique le préfet de région. Dans le cadre du plan Marseille en grand, voulu par Emmanuel Macron, 400 millions d’aides seront distribuées à la cité phocéenne pour ses écoles et 650 millions d’euros d’emprunt sont garantis par l’État. Les chiffres sont inédits et les chantiers aussi. Sur une décennie 188 écoles vont être construites ou réhabilitées.» Pour ceux qui estiment que cela ne va pas assez vite, le préfet rétorque qu’«aucune ville en France n’est confrontée à un tel défi.
Reportage Joël BARCY
