Publié le 21 septembre 2017 à 10h21 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h38
Fabrice Alimi évoque alors la transversalité, le devoir d’expérimentation et le mentorat. Sans ignorer que, «sans logement et, bien sûr, sans transport, point d’emploi». Pour expliquer cela il a choisi de tenir sa conférence de presse dans un espace de co-working: «Le lien entre immobilier et travail est la preuve que le travail change. Voilà quelques années, un tel espace était inimaginable». Précisant à ce propos: «Il faut être conscient que 50% des emplois de demain n’existent pas». Pour répondre aux enjeux notamment en termes de logements intelligents comme d’emplois «il faut arrêter de réfléchir en silo la transversalité s’impose. Il faut rapprocher les lieux de travail de ceux d’habitation. Il faut imaginer, voir si cela marche et, si tel est le cas, dupliquer», explique-t-il.
Fabrice Alimi revient sur son expérience au sein du Club de l’immobilier: «C’est un outil de lobbying qui porte des événements tout au long de l’année. L’objectif est triple: transmettre des messages positifs, se mailler et se comprendre entre collectivités et gens de terrain pour construire demain. Dans ce cadre, le Club s’intéresse tout autant à la macro qu’à la micro-économie. Nous expérimentons, nous avons lancer les assises de la transition énergétique qui réunissent de plus en plus de monde. Nous allons maintenant créer le baromètre de la transition énergétique sachant que des dizaines de promoteurs ont choisi le mix énergétique. Et le club de l’immobilier de Marseille, né d’une bande de copains, s’est dupliqué, un club est né à Toulon, un autre à La Réunion. On nous demande de créer des clubs à Paris, Lyon, Lille et Nantes et, en 2018 sera organisé le premier Congrès national des clubs de l’immobilier. Nous allons également créé une entité en Afrique».
«Nous avons regardé ce qui se faisait dans les autres grandes villes portuaires»
Innover c’est aussi s’appuyer sur ce qui marche à l’extérieur. Guillaume Pellegrin,Tivoli capital et fondateur du concept « I lov’it », indique : «Nous avons regardé ce qui se faisait dans les autres grandes villes portuaires: Rotterdam, Anvers, Hambourg. Nous avons vu qu’elles n’étaient pas réductibles à leur dimension portuaire: Rotterdam est la capitale de l’architecture, Anvers celle de la mode, Hambourg de la musique. Et nous? Comment briller? Les villes ont su capter les classes créatives. A nous de voir comment les faire venir. On sait que le triptyque propreté-sécurité-éducation est fondamental mais il ne suffit pas, il faut des nouveautés, une offre culturelle». Une réflexion qui a conduit le Club de l’immobilier à devenir partenaire du Mucem, comme l’explique Emmanuel Gard, membre du club de l’immobilier en charge de la commission de partenariat avec le Mucem. Sandrine Bordin, présidente du directoire de Logis Méditerranée indique pour sa part: «Nous sommes très présents sur Marseille et nous nous interrogeons sur la stratégie de développement et notamment sur comment produire du logement au sein des zones économiques et comment mettre de l’emploi dans les zones de requalification urbaine?».
«L’emploi nécessite la même transversalité que l’immobilier»
Le lien avec l’emploi est bien présent, Fabrice Alimi reprend: «L’emploi nécessite la même transversalité que l’immobilier. Le 20 janvier la Chambre de Commerce et d’Industrie et la métropole Aix-Marseille-Provence ont signé une convention avec pour objectif la création de 60000 emplois. Attention, on ne va pas créer 60 000 CDI mais 60 000 emplois. En disant cela, je ne veux pas dire que je suis contre les CDI, je dis simplement qu’il faut utiliser toutes les armes à notre disposition. D’un côté il y a pléthore de chômeurs, de l’autre des filières en carence. Or, l’immense majorité des gens veulent travailler, il faut donc trouver les clés de l’emploi. L’entreprise doit s’approprier cette question de l’emploi. Nous accompagnons avec la Chambre les bénéficiaires du RSA, il existe donc des outils mais, il faut en créer d’autres. Nous devons et nous allons expérimenter pour trouver. Pour cela nous devons dire oui à l’échec, nous allons capitaliser dessus pour rebondir. Nous avons la chance d’être sur un territoire métropolitain qui est une terre de challenges, un territoire métropolitain où l’ADN de la gagne est fort. Nous devons nous appuyer sur cela et sur le numérique qui sera la clé de notre réussite». Puis de mettre en avant le mentorat, à travers l’exemple de la Skola, un dispositif porté par l’Ouvre-boîte et la fondation des Apprentis d’Auteuil, qui, avec l’accord des Terrasses du Port, à permis d’ouvrir une boutique éphémère dans laquelle vingt jeunes marseillais, éloignés de l’emploi ont eu la possibilité de se former aux métiers de la vente en boutique. Un dispositif qui a pu être mis en place grâce à des marques telle que Kaporal. «Et je dois dire, poursuit Fabrice Alimi, que j’ai été profondément ému lorsque, au terme de leur formation, je leur ai remis leur diplôme. Alors je vais prendre la tête à tout le monde pour que d’ici la fin de l’année nous ayons 100 entreprises mentors et 500 à la fin de l’année prochaine. Les cibles sont multiples car le chômage touche tous les jeunes». Le deuxième axe va concerner le public féminin, «il est en difficulté, le taux de divorce est de 60% en milieu urbain et, dans 100% des cas ce sont les femmes qui s’occupent des enfants avec toutes les contraintes que cela représente pour elles. Il faut trouver des solutions». Troisième axe les séniors, «on l’est à 45 ans dans le monde de l’emploi. Il y a dans cette catégorie une vraie angoisse lorsqu’elle a perdu son emploi alors qu’elle représente une richesse en matière de savoirs, de transmission».
«Nous allons créer des promotions d’entrepreneurs»
Le vice-président de la Chambre enchaîne: «Nous allons créer des promotions d’entrepreneurs afin de pouvoir les « mentorer », de créer des liens. De même une plateforme de recrutement RH mutualisée pour les petites et moyennes entreprises va être mise en place». Il est on ne peut plus clair que Fabrice Alimi veut que cela roule pour l’emploi, dans ce cadre il entend reprendre le principe des bibliobus en mettant en place des « Job truck ». «Ils auront pour objet d’aller à la rencontre des populations pour donner les outils d’accès à la création de son job». Il souhaite également mettre en place un suivi des étudiants qui arrêtent leurs études pour connaître les raisons, voir comment les aider à rejoindre le monde du travail. Virginie Delmas, CCIMP rattachée au pôle insertion et formation, d’évoquer diverses actions conduites. Une conduite avec le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône a vu plus de 3 500 personnes contactées sur 10 sites, 60% d’entre elles retrouvant un emploi durable, ou encore le contact pris par une entreprise bordelaise qui a permis à 120 personnes de trouver un CDI sur le chantier naval de Bordeaux. «Parfois, ajoute Fabrice Alimi, il n’y a pas autant de postes à pourvoir, il faut ciseler. Nous travaillons notamment avec la Maison de l’Emploi sur ces questions. Nous avons notamment créé une formation, dans la Vallée de l’Huveaune, à la suite de contacts pris avec les entreprises et Pôle emploi, pour 12 personnes, dont 10 chômeurs de longue durée, 8 ont obtenu un CDI, 4 des contrats à durée indéterminée».
Michel CAIRE