Publié le 7 février 2019 à 21h51 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 20h48
Thomas Leleu est un musicien à forte personnalité. En 2012, il devenait le premier tubiste à obtenir une Victoire de la musique classique comme «révélation soliste instrumental». Un sacré coup de projecteur sur un musicien aux vies professionnelles multiples entre l’orchestre de l’Opéra de Marseille, l’enseignement, les concerts en soliste, et sur cet instrument si particulier, que l’on croit être encombrant, qu’est le tuba. Dans quelques jours, c’est un CD à son image, «Stories» qui sera positionné dans les bacs par le label allemand de musique classique Ars produktion. En compagnie de la vibraphoniste Kai Strobel et du pianiste Kim Barbier, avec lesquels il forme trio, Thomas Leleu et son tuba «French Touch» qu’il a lui même mis au point, proposent ces «histoires» qui ne sont autres que quelques unes des racines de vie du musicien. De Kurt Weill à Michel Legrand, de Tom Jobim à Reynaldo Hahn en passant par Carlos Gardel, Eric Satie ou Joseph Kosma, ce musicien du monde nous fait voyager, rire ou pleurer d’émotion en cachette. Virtuose époustouflant pour «Berlin Im Licht » il allie la puissance toujours maîtrisée de son tuba au cristal du vibraphone et à la délicatesse du piano pour un «Youkali» émouvant. Aux ornementations bienvenue des «Moulins de mon cœur», comme un hommage à Michel Legrand qui vient de nous quitter, Thomas Leleu passe sans difficulté à l’ambiance cabaret pour «La complainte de Mackie». Autant de tranches de vies, d’histoires, de «Stories» d’où les «classiques» ne sont pas absents, Satie et Brahms, entre autres. Ce premier opus du trio Thomas Leleu est à l’image du tubiste : ouvert sur le monde, libre et talentueux. « Entre tous, il y en a toujours une ou un, rebelle mais positif, réfutant les convenances et les conventions, les protocoles et les habitudes, mais se jouant de la richesse qui s’offre au monde et toujours avec respect et délicatesse. Cet électron est le plus souvent libre parce qu’il n’a plus rien à prouver. Au Tuba, c’est lui», écrit Ibrahim Maalouf dans la préface. Un commentaire frappé au coin du bon sens qui colle parfaitement à ce que l’artiste nous donne à entendre dans cet opus…
Michel EGEA