Emmanuel Macron voulait une clarification il l’a. Les Français se sont largement mobilisés et le RN est aux portes du pouvoir avec 33% des voix. Le Nouveau Front Populaire occupe la deuxième place avec 28% des voix. Ensemble digère mal la dissolution voulue par le Président avec 20% des voix. Tout est encore possible, mais ce champ des possibles Jean-Luc Mélenchon s’acharne à le piétiner. Le Nouveau Front populaire est accusé de ses liens avec LFI, juste après Marine Le Pen, un populiste succède à une populiste. Jean-Luc Mélenchon apparaît à l’écran, avec à ses côtés Manuel Bompard et la très clivante Rima Hassan, keffieh palestinien sur les épaules. L’image est là, plus forte que tous les mots. Jean-Luc Mélenchon est le premier soutien du RN et il fera tout pour que ce denier ait la majorité absolue. Il a besoin de Bardella Premier ministre, d’une stratégie du chaos, pour le plus important à ses yeux, exister encore lors de la prochaine présidentielle. Car, il ne faut pas s’y tromper, LFI ne se satisfait pas du Nouveau Front Populaire, il veut, comme le RN être la force principale, il trouvera bien un Olivier Faure dans le rôle de Ciotti.
«Le second tour sera un des plus déterminants de l’histoire de la République», avance Jordan Bardella. C’est bien le seul point sur lequel on sera d’accord avec lui. D’autant que l’on ne peut nier que le candidat RN prend de l’ampleur, que son calme peut rassurer. Il se présente, un comble, comme un rassembleur, comme le protecteur de la République, lui qui, avec son parti, joue sur les peurs, les haines, qui a commencé à diviser les Français avec son droit du sang et ses propos sur les binationaux ; lui qui présente un programme économique catastrophique, un projet de régression dans la lutte contre le changement climatique, de régression sur le droit des Femmes, la place de la France dans l’Europe, la Méditerranée et le monde…
Comment a-t-on pu en arriver là ? Il a fallu des années pour rendre notre démocratie malade à ce point. Il a fallu des années d’abandon des cités, de désindustrialisation, d’abandon scolaire, de manque d’effectifs de police, de vidéoprotections, notamment dans les cités, d’insécurité au sens large. Et, comment, à ce point, a-t-on pu refuser d’entendre la population, notamment lors du Traité de Lisbonne ? Il serait donc injuste de faire peser la responsabilité de la situation actuelle sur les seules épaules d’Emmanuel Macron d’autant plus qu’il a su protéger le pays face à la crise Covid avec le quoi qu’il en coûte. Et d’autant plus difficile de le critiquer à Marseille puisqu’il a été le premier président de la République à mesurer l’importance de cette ville, à investir fortement avec le Marseille en grand. Une vision qui a été tout sauf payée de retour lors des européennes et de ces législatives avec l’échec de ses candidats et, en premier lieu, Sabrina Agresti-Roubache, la ministre du Marseille en grand. Un projet abandonné, une chance perdue.
Il est des pays qui pour échapper à un danger font de grandes alliances qui, au bout du compte, bénéficie toujours à la force que l’on a voulu écarter. Mais la France a une spécificité, un rassemblement qui, face à la gravité de la situation a su regarder en face les problèmes, s’unir afin de résister et, dans le même temps, construire des solutions fortes, innovantes. Et bien si l’on veut se sortir de l’ornière actuelle, reconstruire un lien avec le peuple de France, dans sa diversité, si l’on veut refaire tout autant société, citoyenneté que nation, c’est d’un Conseil national de la résistance dont la France a besoin. Le chemin est ardu tant les égoïsmes, les replis, les calculs à la petite semaine sont grands, mais c’est la seule issue pour refonder la République. Emmanuel Macron, le Jupitérien, perdu entre Neptune et Saturne, devrait se dire que si le général de Gaulle l’a fait, il devrait pouvoir lui aussi le faire sans froisser son ego. Et l’appel au retrait devrait être entendu par tous pour éviter l’élection du RN.
Michel CAIRE