Publié le 29 avril 2020 à 8h01 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
«Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai», a annoncé le Premier ministre, Édouard Philippe en présentant le plan de déconfinement, alertant ainsi sur les risques de «relâchement». Et d’insister: «Aucune mesure ne permettra d’endiguer cette épidémie si les Français ne les appliquent pas. Si la chaîne virale n’est pas remplacée par une chaîne de solidarité. À partir du 11 mai, le succès ne reposera pas sur la seule autorité de l’État mais sur le civisme des Français». Mais alors pourquoi déconfiner? «Si le confinement a été nécessaire il pourrait, s’il durait trop longtemps, entraîner des effets délétères». Le chef du Gouvernement présente donc un plan qui s’appuie sur trois principes: vivre avec le virus, agir progressivement, adapter localement. Ce qui conduit ainsi à un autre triptyque, pour le Premier ministre: «protéger, tester, isoler». Et le 11 mai n’est que le début d’une première étape qui commencera en effet ce jour-là: «une phase qui durera jusqu’au 2 juin».
Pour Édouard Philippe, avec la sortie du confinement «le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale prendra plus d’importance». Et d’évoquer le port du masque reconnaissant que la pénurie «a entraîné l’incompréhension et la colère de certains Français». Mais il ne manque pas de rappeler que, voilà peu, la communauté médicale était divisée sur le port de ce masque: «Certains craignaient qu’une mauvaise utilisation ne soit plus risquée que l’absence de masques ». Question résolue, masque il y aura dans certaines situations. Le chef du Gouvernement demande aux entreprises d’équiper en masques leurs salariés. Signale que les TPE et les travailleurs indépendants pourront bénéficier d’aides. Il ajoute qu’il sera possible d’acheter des masques dans les pharmacies et la grande distribution.
«Nous allons faire passer à 100% la prise en charge de ces tests par l’Assurance maladie»
Concernant les tests, il avance que, à partir du 11 mai, la France sera en capacité d’effectuer 700 000 tests virologiques par semaine. «Nous allons faire passer à 100% la prise en charge de ces tests par l’Assurance maladie», annonce-t-il avant de préciser que, lorsqu’une personne aura été testée positive, «tous ses cas contacts seront testés et invités à s’isoler, compte tenu des incertitudes sur la durée d’incubation». Un isolement qui pourra se dérouler à domicile ou dans un hôtel. L’objectif de cette politique «est de permettre d’isoler au plus vite les porteurs du virus afin de casser les chaînes de transmission». «L’isolement n’est pas une punition, insiste-t-il, c’est une mise à l’abri. Il doit être expliqué, consenti et accompagné. Notre objectif est de nous reposer largement sur le civisme de chacun». Et il reviendra au préfet «de définir les plans d’accompagnement des personnes à isoler». En ce qui concerne la reprise économique, il préconise le maintien du télétravail chaque fois que cela est possible; des horaires décalées, afin d’éviter qu’il y ait trop de monde en même temps dans les entreprises. Le dispositif d’activité partielle restera en place jusqu’au 1er juin avant d’être adapté. Les commerces, à l’exception des cafés et des restaurants, rouvriront le 11 mai. Ils devront respecter des règles strictes pour la protection des clients comme des salariés. Les marchés reviendront également sauf si les maires ou les préfets estiment qu’ils ne peuvent faire respecter les gestes barrières. Pour les cafés et restaurants «une décision sera prise fin mai», pour une éventuelle réouverture après le 2 juin. Il en va de même pour les plages qui resteront interdites au moins jusqu’au 1er juin. En revanche les grands musées, les cinémas et les théâtres resteront portes closes. Il n’y aura pas de cérémonies religieuses avant le 2 juin. Les parcs et jardins ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne circule pas de façon active. Et, les bibliothèques, petits musées pourront ouvrir leurs portes dès le 11 mai. «Quant aux rassemblements, ils seront limités à 10 personnes à partir du 11 mai».
«Une réouverture très progressive des maternelles et écoles élémentaires à partir du 11 mai»
Il est un autre dossier qui fait débat, pour ne pas dire polémique, celui de la reprise des cours. Le Premier ministre explique: «Nous proposons une réouverture très progressive des maternelles et écoles élémentaires à partir du 11 mai, partout sur le territoire et sur la base du volontariat. Dans un deuxième temps, à compter du 18 mai, mais seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible, nous pourrons envisager d’ouvrir les collèges, en commençant par la sixième et la cinquième. Nous déciderons fin mai si nous pouvons rouvrir les lycées, en commençant par les lycées professionnels, début juin». Il insiste sur le fait que «le maximum de souplesse sera laissé au terrain» et rend un hommage appuyé aux enseignants pour leur «dévouement, leur mobilisation et leur inventivité». «Les classes, poursuit-il, commenceront dans des conditions sanitaires strictes : pas plus de 15 élèves par classe. Tous les enseignants et encadrants recevront des masques». Si le port des masques n’est pas recommandé à l’école élémentaire, des masques pédiatriques seront à disposition «dans le cas où un enfant présenterait des symptômes». Le masque sera obligatoire au collège «nous en fournirons aux collégiens qui peuvent en porter et qui n’auraient pas réussi à s’en procurer». Autre réouverture annoncée, celle des crèches «par groupes de 10 enfants maximum» avec la possibilité d’accueillir plusieurs groupes de 10 enfants «si l’espace le permet et si les conditions sont réunies pour que les groupes ne se croisent pas». Et le port du masque grand public sera obligatoire «pour les professionnels de la petite enfance puisque les règles de distanciation physique ne peuvent pas y être appliquées». Le Premier ministre d’ajouter: «Bien sûr, il n’y aura pas de port du masque pour les enfants de moins de 3 ans».
«Le port du masque sera rendu obligatoire dans tous les transports»
Après l’emploi et l’école le Premier ministre en vient aux transports. Il reconnaît à ce propos: «les trois semaines à venir seront difficiles. Le port du masque sera rendu obligatoire dans tous les transports ». Il prévient: «Nous voulons réduire les transports interrégionaux et interdépartementaux au maximum en limitant les déplacements aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux». Et de lancer: «Ce n’est pas le moment de quitter son département pour partir en week-end». En revanche les attestations de déplacement vont disparaître au 11 mai pour les trajets de proximité ( moins de 100 km du domicile).
Michel CAIRE