Publié le 15 juillet 2020 à 19h42 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h29
Un peu moins de deux semaines après sa nomination et au lendemain de «l’interview du 14-Juillet» du Président de la République, le nouveau Premier ministre Jean Castex, après avoir salué le travail de son prédécesseur Édouard Philippe, a dévoilé sa feuille de route pour les deux années à venir à l’occasion de son discours de politique générale prononcé ce mercredi 15 juillet devant les députés.
Les principales annonces du Premier ministre Jean Castex
Des juges de proximité
Contre «la petite incivilité, le tag, l’insulte, le petit trafic, les troubles à ce que le code communal appelle la tranquillité publique», le Premier ministre a demandé au garde des sceaux «de flécher des budgets pour créer dans les territoires des juges de proximité spécialement affectés à la répression de ces incivilités au quotidien».
un projet de loi contre les séparatismes
«Aucune religion, aucun courant de pensée ne peut s’approprier l’espace public et s’en prendre aux lois de la République. Il faut nommer les choses telles qu’elles sont : lutter contre l’islamisme radical sous toutes ses formes demeure l’une de nos préoccupations majeures», a déclaré Jean Castex dans son discours. Le Premier ministre a annoncé «un projet de loi contre les séparatismes», qui sera présenté en Conseil des ministres à la rentrée. Il s’agira avec ce texte d’«éviter que certains groupes ne se referment autour d’appartenances ethniques ou religieuses », a précisé le chef du gouvernement, qui entend défendre la laïcité «avec intransigeance». Il a également promis une «réponse ferme aux minorités ultra violentes» et à «la délinquance du quotidien».
«L’égalité des chances doit être une réalité»
«Trois de mes grands-parents étaient instituteurs. Ma mère était institutrice, et je suis devant vous aujourd’hui. Je le dois à l’école républicaine. L’égalité des chances doit être non seulement un idéal, mais aussi une réalité», a déclaré le Premier ministre en précisant que la «refondation de l’école», «engagée il y a trois ans», se poursuivra à la rentrée en ciblant en priorité «les enfants qui ont décroché durant le confinement».
Réforme des retraites
Le Premier ministre Jean Castex a jugé «nécessaire» de mettre en œuvre la réforme des retraites universelle par points voulue par Emmanuel Macron. «En matière de retraites, la crise nous invite plus que jamais à poursuivre nos objectifs vers un système plus juste et plus équitable (…) Cela implique clairement la disparition à terme des régimes spéciaux, tout en prenant en compte la situation des bénéficiaires actuelles de ces régimes », a précisé le chef du gouvernement. «Je proposerais que la concertation reprenne afin d’améliorer le contenu et la lisibilité en la distinguant de toutes mesures financières appelées parfois paramétriques», a-t-il ajouté.
6 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé un plan d’investissement de 6 milliards d’euros dans le système de santé, venant s’ajouter aux 13 milliards d’euros de reprise de la dette hospitalière d’ores et déjà prévu par le gouvernement. « L’objectif est de donner davantage de souplesse aux établissements, d’intégrer la qualité des soins dans les règles de financement des hôpitaux et des médecins de ville» et «de mettre l’accent sur la prévention», a précisé le chef du gouvernement.
Le développement du port du masque
Le Premier ministre Jean Castex a déclaré devant l’Assemblée nationale que la préparation face à une reprise possible de l’épidémie du coronavirus «passe nécessairement par le développement du port du masque et une intensification de notre politique de dépistage». «Ce que nous devons par-dessus tout éviter, c’est un retour à des formes strictes et larges de confinement, dont nous connaissons désormais le coût», a tenu à rappeler le chef du gouvernement.
Sécurité sociale – Une cinquième branche consacrée à la dépendance créée d’ici deux ans
En ce qui concerne la sécurité sociale, Jean Castex confirme la création d’une cinquième branche consacrée à la dépendance liée au grand âge : «Une avancée qui devrait aboutir avant la fin du quinquennat». Le déficit de la sécurité sociale va se creuser mais le Premier ministre n’annonce pas de hausse des impôts. « Devoir préserver notre pacte social nous oblige à penser à sa soutenabilité. La crise économique entraînera un déficit de 50 milliards d’euros de la sécurité sociale. C’est considérable. Nous devons faire la part des choses entre le conjoncturel et le structurel. Le conjoncturel sera couvert dans la dette Covid. Pour ce qui est structurel (…) il n’est pas envisageable de demander aux Français un effort fiscal supplémentaire.»
20 milliards d’euros pour la rénovation thermique et les technologies vertes
Le plan de relance consacrera «plus de 20 milliards d’euros» à la rénovation thermique des bâtiments, pour réduire les émissions des transports et de nos industries, pour produire une alimentation plus locale et durable, pour soutenir les technologies vertes de demain comme les batteries, pour mieux recycler et moins gaspiller», a-t-il précisé. Jean Castex déclare croire «en la croissance écologique» mais «pas à la décroissance verte». Car, explique-t-il: «L’écologie doit être créatrice de richesses». «Nos entreprises doivent évoluer, et les investissements massifs du pacte productif vont les y aider », insiste-t-il avant d’ajouter: «A nous de concilier transition écologique et pouvoir d’achat». Et d’annoncer que les travaux allaient commencer pour mettre en œuvre les propositions de la Convention citoyenne pour le climat.
Un plan vélo ambitieux
Le Premier ministre a affirmé que le plan de relance prévoira «un plan vélo très ambitieux» et «contractualisé» avec les collectivités, ajoutant que d’ici la fin 2021, tous les territoires devront être dotés de «contrats de développement écologiques».
Favoriser une alimentation locale
Jean Castex a annoncé des investissements dans la filière agricole afin de favoriser «une alimentation de qualité locale». «Pour lutter contre l’artificialisation des sols et promouvoir les circuits-courts et les petits commerces, nous mettrons en place un moratoire pour l’installation de nouveaux projets de centres commerciaux dans les zones périphériques», a-t-il ajouté. «Nous régulerons la publicité pour réduire les incitations à la surconsommation des produits polluants», a aussi déclaré Jean Castex.
40 milliards d’euros pour l’industrie
«Notre industrie s’est affaiblie», avance le chef du gouvernement . «Nos fleurons sont passés sous pavillons étrangers sans que nous puissions ou voulions réagir», regrette-t-il, déplorant que la France soit devenue «trop dépendante» de ses partenaires extérieurs. «Nous consacrerons 40 milliards d’euros pour que cela change. Nous allégerons les impôts qui pèsent sur la production en France. Nous réduirons notre empreinte carbone. Nous accélérerons la numérisation des entreprises comme des administrations. Notre souveraineté économique doit se construire à l’échelle de l’Europe»,annonce-t-il.
Revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire
«La solidarité nationale doit continuer à jouer à plein pour éviter une crise sociale majeure et des drames humains et individuels désastreux. Des mesures de soutien pour nos concitoyens les plus précaires seront donc prises. L’allocation de rentrée scolaire sera revalorisée de façon exceptionnelle dès la rentrée de septembre», a annoncé Jean Castex.
Aménagement de la réforme de l’assurance chômage
Le Premier ministre a indiqué qu’il aménagerait la réforme de l’assurance chômage dont une partie des mesures devaient entrer en vigueur en septembre. «Pour tenir compte du contexte de la crise, nous allons aménager la réforme de l’assurance chômage», a-t-il expliqué. «Ce sera l’un des points que nous aborderons vendredi dans le cadre de la conférence du dialogue social.»
Aide de huit milliards d’euros pour le chômage partiel
Le Premier ministre a annoncé une aide de «huit milliards d’euros pour le chômage partiel pour ceux confrontés à une baisse durable de leur carnet de commande». Il a également annoncé un investissement de «1 milliard et demi supplémentaire dans la formation; en incitant les régions à amplifier leurs interventions».
La lutte contre le chômage, «priorité absolue»
Dans un contexte très dégradé, «la lutte contre le chômage et la préservation de l’emploi» seront «la priorité absolue des 18 prochains mois», a-t-il assuré en parlant des mesures évoquées la veille par le président Emmanuel Macron, comme une prime à l’embauche de 4 000 euros par an pour les jeunes, ou des efforts sur la formation.
Un plan pour la jeunesse va être discuté
Annoncé comme prioritaire mardi par Emmanuel Macron, l’emploi des jeunes va trouver un prolongement rapide. Jean Castex annonce en effet des discussions avec les partenaires sociaux dès vendredi prochain pour la mise en place d’un «plan jeunesse». « 700 000 jeunes vont bientôt se présenter sur le marché du travail. Aucun ne doit se trouver sans solution. Des mesures très fortes ont été annoncées pour soutenir l’apprentissage. Il faut favoriser l’embauche, l’État y aidera.»
Des repas à 1 euro pour les étudiants boursiers
Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures pour aider les jeunes face à la crise économique : «favoriser l’embauche», grâce à des réductions de charges sociales pour les emplois occupés par les jeunes de moins de 25 ans, « lutter contre le décrochage durable des jeunes qui sont le plus éloigné de l’emploi». Les étudiants les plus modestes seront également aidés. «Dès la rentrée les repas dans les restaurants universitaires seront à 1 euro pour les étudiants boursiers », a-t-il ajouté.
Rénovation urbaine dans 300 quartiers avant la fin 2021
Le Premier ministre a souhaité que la rénovation urbaine de 300 quartiers, sur 450 concernés, démarre avant la fin 2021. «S’agissant du plan de rénovation urbaine visant à restaurer la République dans les quartiers et à permettre l’émancipation de leurs habitants, il faut que d’ici la fin de l’année prochaine, les travaux aient effectivement démarré dans 300 des 450 quartiers concernés», a affirmé le chef du gouvernement.
Création d’un Commissariat général au Plan
Le Premier ministre, qui se dépeint en homme des territoires, leur a envoyé des signaux en annonçant que toutes les créations d’emploi de fonctionnaires se feront dans les services départementaux, et non dans les administrations centrales. «C’est une révolution», s’est-il félicité. L’État doit aussi «retrouver les voies de l’anticipation», a-t-il souligné. « L’action a trop été réduite à la simple gestion des crises et des urgences. C’est la raison pour laquelle le Président de la République souhaite la création d’un Commissariat général au Plan pour incarner une politique qui se projette dans le long terme».
Réunion des partenaires sociaux vendredi
«La France est celle de citoyens qui aspirent de plus en plus à participer à la chose publique sous des choses nouvelles. Nous devons en tenir compte. Comme le Président de la République l’a fait avec la convention citoyenne sur le climat. Comme nous allons le faire en transformant le CESE en conseil de la participation citoyenne. Il nous appartiendra ensemble de trouver les modalités de conciliation entre démocratie direct et démocratie participative», a déclaré Jean Castex. Et d’annoncer: «Vendredi je réunirai l’ensemble des partenaires sociaux pour discuter sur l’ensemble des sujets sur la table pour les semaines à venir à commencer par le plan de relance de notre économie».
«L’État c’est la France mais l’État ne s’est pas adapté à la France»
Jean Castex a critiqué frontalement les parlementaires. « L’intendance ne suit plus. Les lois que vous votez, les décrets que les gouvernements promulguent se perdent dans les méandres sinueuses et opaques au point d’impacter de manière incertaine et souvent incomprise la vie de nos concitoyens, a-t-il lancé, l’État c’est la France mais l’État ne s’est pas adapté à la France»
«Ressouder la France»
La crise du coronavirus «a mis en lumière de manière très crue nos difficultés et nos défaillances », a souligné Jean Castex. «La crise, insiste-t-il, a aussi souligné les faiblesses de notre économie ; un appareil productif incapable de répondre à nos besoins. Nous avons atteint un niveau de dépendance qui n’est pas raisonnable».
Et d’avancer: «La crise est venue frapper une France en plein doute, une France qui se divise, une France qui se crispe, et qui parfois se désespère depuis bien trop longtemps. En France, ou à tout le moins une partie d’elle qui se trouve gagnée par la peur du déclassement. Notre première ambition: ressouder la France»
Anna CHAIRMANN