Publié le 6 août 2015 à 21h43 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 15h29
C’est l’inauguration d’un projet gigantesque bouclé en un an seulement -pour un montant de 9 milliards d’euros récolté par la seule souscription nationale- qui s’est déroulée ce jeudi 6 août en Égypte : la seconde voie du canal de Suez. Une nouvelle voie doublant, sur 35 km, le célèbre canal long de 193 km, et l’élargissement et l’approfondissement d’un tronçon sur 37 autres kilomètres qui doit permettre le doublement, d’ici à 2023, du trafic maritime entre la mer Rouge et la mer Méditerranée. Ainsi quelque 97 navires par jour pourront circuler sur le canal contre 49 actuellement. La nouvelle artère permettra la circulation dans les deux sens, réduisant de 18 à 11 heures l’attente des bateaux et, fera passer les revenus du canal de 5,3 milliards de dollars (environ 4,7 milliards d’euros) attendus en 2015 à 13,2 milliards de dollars (11,7 milliards d’euros) en 2023, selon les autorités.Ce chantier, porté par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, doit symboliser le renouveau économique et diplomatique de l’Égypte, avec un accent particulier sur la relation avec la France. Le Président français François Hollande étant d’ailleurs l’invité d’honneur de l’inauguration à Ismaïlia.
Construite il y a 146 ans sous l’impulsion du diplomate français Ferdinand de Lesseps, cette voie maritime est devenue très vite l’une des plus fréquentées au monde. Mais son accaparement pendant près d’un siècle par des compagnies occidentales en a aussi fait un objet particulier du roman national égyptien.
Lorsqu’il est inauguré en 1869 après dix ans de travaux, le canal de Suez donne lieu à des célébrations fastueuses et ce sont des navires européens, britanniques et français en tête, qui le traversent en premier. L’Egypte du vice-roi Ismaïl Pacha n’a alors même pas de flotte. Et lorsque Le Caire, endetté par la spéculation autour du canal, est obligé de vendre ses parts aux Anglais, c’est le début d’une séquence d’un siècle où Suez fera la fortune des compagnies françaises et surtout britanniques, notamment la Anglo-Persian Oil Company.
Après la Deuxième Guerre mondiale, réparer l’outrage en limitant l’influence étrangère devient une priorité pour les nationalistes égyptiens. En 1956, le président Gamal Abdel Nasser donne le signal de la reconquête du Canal et des revenus qu’il assure à travers les droits de passage. La réaction militaire franco-britannique échoue. Les sociétés britanniques et françaises sont ruinées. Pour autant, l’Egypte ne profite pas longtemps du canal : deux guerres avec le voisin israélien rendront son exploitation impossible. Ce n’est qu’après la paix, en 1978, que la reprise du trafic sur le canal assurera un revenu conséquent au pays.
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