Élections européennes. Victoire du RN, dissolution : l’Europe avant la France ?

Emmanuel Macron a annoncé, après la victoire du RN, la dissolution de l’Assemblée nationale et convoque  des élections législatives, qui se tiendront le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second.

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Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale et convoque des élections législatives, ©Destimed/RP

Il faudra du temps, des historiens, des sociologues, des politiques pour analyser tout ce qui s’est passé lors de  cette journée du 9 juin, dans ce qui a pu conduire à un basculement de l’histoire. Mais on peut croire qu’en matière de neuf, on est surtout de l’ancien. Et, sans boule de cristal, on peut craindre que le 26 juillet, Jordan Bardella – à moins que ce ne soit Marine Le Pen- Premier ministre, lance les JOP de Paris.

« C’est certainement jour de fête au Kremlin»

Scénario d’autant plus fou qu’il devient possible. Et, ce dimanche 9 juin, pour parler de politique étrangère, c’est certainement jour de fête au Kremlin. Mais d’abord les chiffres. Le RN fait la course en tête avec 31,5% des voix et précède la liste de la majorité présidentielle conduite par Valérie Hayer, 14,7% des voix, Raphaël Glucksmann (PS -Place Publique) gagne son pari et prend le dessus sur la liste LFI (10,1%) qui réussit pourtant une percée. LR, avec François-Xavier Bellamy poursuit lentement mais sûrement sa lente descente aux oubliettes, (7,2%), tandis que Verts de Marie Toussaint se retrouvent à 5,5% des voix devant l’autre liste d’extrême droite, Reconquête, 5,3%. Le PCF obtient 2,3%, Jean Lassalle 2,2%, le Parti animaliste 2%. Les autres listes sont créditées de moins de 1,2% des voix.

Le RN, dès l’annonce des résultats, réclame la dissolution de l’Assemblée nationale. Jordan Bardella d’avancer en effet : «  L’écart inédit entre la majorité présidentielle et le premier parti d’opposition traduit un désaveu cinglant et un rejet clair de la politique conduite par Emmanuel Macron et son gouvernement ». Il devance effectivement largement Valérie Hayer qui aura eu à subir nombre de mauvais coups venus… de son propre camp. Entre la rigueur défendu par Bruno Le Maire, les attaques contre les fonctionnaires de Guérini, l’entrée en campagne tardive du Premier ministre.

 «Un jeu extrêmement dangereux pour la démocratie»

Raphaël Glucksmann avoue être fier du résultat obtenu, affirme: « Nous serons des combattants d’une Europe humaniste, féministe, écologiste, sociale » mais avoue « ne pas avoir l’âme en paix » évoquant « les 40% de l’extrême droite » et « la vague qui touche toute l’Europe».  «Nous vivons, poursuit-il, un moment de bascule avec l’extrême droite qui est en tête dans de nombreux pays. Les ennemis de l’Europe œuvreront à la déconstruction de ce trésor commun. Mais nous leur tiendrons tête en Europe et en France ». Après l’annonce de la dissolution par le président de la République,  il lance : « C’est un jeu extrêmement dangereux pour la démocratie. Je suis estomaqué ». Avant d’annoncer « on va se battre ». Tandis que le LFI Manuel Bompard retient dans cette élection « une déroute du camp présidentiel ». Du côté d’EELV on déplore que «l’écologie n’ait pas été au cœur de la campagne » et dénonce : « Un reflux au niveau européen ».

Le président de la République annonce pour sa part : « Les partis d’extrême droite qui, ces dernières années, se sont opposés à toutes les avancées permise par notre Europe -qu’il s’agisse de la relance économique, de la protection de nos frontières, du soutien à nos agriculteurs, du soutien à l’Ukraine- ces partis progressent partout sur le continent ». De noter à son tour : « En France leurs représentants atteignent près de 40% des suffrages exprimés. Moi qui ai toujours considéré qu’une Europe unie, forte, indépendante est bonne pour la France c’est une situation à laquelle je ne peux me résoudre.» Alors, pour le chef de l’État « les défis » tout aussi bien extérieurs, climatiques, qu’intérieurs « exigent de la clarté » et annonce  : « J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ». Avec un délai particulièrement court puisque le 1er tour se tiendra le 30 juin. C’est-à-dire quasiment pas de campagne. Une stratégie qui peut viser à créer des tensions entre Marine le Pen et Jordan Bardella et d’user ce parti au pouvoir avant la présidentielle dans une cohabitation qui, jusqu’à présent, n’a jamais été favorable à l’hôte de Matignon. Une dissolution qui arrive aussi à un moment où la gauche est divisée. Mais si Raphaël Glucksmann semble bien loin, comme le PCF, de tout accord avec LFI, Olivier Faure, le patron du PS, ne semble pas aussi catégorique.

Bref il n’est pas évident que la démocratie avance beaucoup dans les jours à venir dans notre pays. Aux citoyens d’éviter les pièges et de réserver une surprise, ce serait la plus belle des médailles en cette période olympique.

Michel CAIRE

 

 

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