Publié le 19 mars 2014 à 8h44 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h20
Jean-Luc Mélenchon, le coprésident du bureau national du Front de gauche, était ce mardi 18 mars à Marseille pour apporter son soutien à la liste du Front de gauche conduite par Jean-Marc Coppola. Il lance : «J’espère que le Front de gauche fera le score le plus important possible dans cette ville qui est le miroir de la France, non telle que certains la voudrait, mais telle qu’elle est : mélangée. Cette ville qui a un message de paix civile à adresser à la France entière». Il célèbre ainsi Marseille, qui pourrait être une capitale de la Méditerranée, salue à ce propos «le peuple tunisien dans sa lutte pour la liberté ». Pour lui : «Après le premier tour, le Front de gauche (crédité de plus de 10% dans les sondages ndlr), devra être habile et responsable. Il ne devra pas se laisser mépriser, ce qui est une tradition du PS. Il devra éviter la naïveté et l’angélisme ainsi que l’excès de crispation car l’objectif est de battre la droite ». Alors que Jean-Marc Coppola se fera l’écho d’un texte de Robert Guédiguian appelant à voter pour les listes Front de gauche «afin de mettre en œuvre une politique de gauche à Marseille».
« Que l’on ne vienne pas nous dire que la gratuité est une monstruosité bolchévique »
C’est sur le Vieux-Port, place Bargemon à proximité de la mairie de Marseille que le Front de gauche avait décidé de tenir son dernier meeting avant le premier tour. Jean-Luc Mélanchon profite de l’occasion pour dénoncer : «Un système abject dans lequel on coupe l’électricité à 300 000 personnes, et l’eau, ce bien vital, à 150 000 l’an dernier. Et bien nous, nous voulons que l’eau soit en régie publique et que les premiers m3 soient gratuits. Et que l’on ne vienne pas nous dire que la gratuité est une monstruosité bolchévique. La gratuité c’est le quotidien du capitalisme. Puisque, sur les 8 heures que travaille un ouvrier il ne va lui en être payé que 2 ou 3. Le capitalisme vit sur la gratuité du travail et bien nous, nous voulons qu’une partie de cette gratuité revienne au public ».
«Il est question de mettre en place des mégapoles qui vont dissoudre les liens construits dans les communes »
S’appuyant sur l’actualité il avance : «L’intérêt du Front de gauche c’est qu’il permet de rompre la circulation alternée au pouvoir du PS et de l’UMP qui ne règle rien sur le fond». Puis de s’en prendre avec force à la Loi sur les métropoles : «Il est question de mettre en place des mégapoles qui vont dissoudre les liens construits dans les communes. Certains critiquent le fait qu’il y ait 36 000 communes. Moi je suis très heureux que ce soit le cas et que des millions de personnes connaissent personnellement ceux qui les représentent. Il existe une volonté de supprimer les anciennes organisations du territoire au profit d’obscures constructions technocratiques». Il ne mâche pas ses mots à l’encontre du gouvernement : «Il vient de donner 20 milliards au Medef, dont 10 milliards proviennent de nos impôts. Cela après avoir capitulé face à l’extrême-droite sur la Loi Famille».
Il aborde aussi la question ukrainienne : «Le mouvement est parti de légitimes revendications sociales. Depuis des années, des gens luttent contre les « kleptocrates », c’est à dire ceux qui ont le pouvoir de voler. Mais ils se sont fait voler leur mouvement. On leur a fait croire que le problème n’était pas social, mais qu’il venait de gens qui parlaient une autre langue : le russe, le tatar».
Puis, il invite les gens à ne pas se tromper de colère, à aller voter, à utiliser le vote Front de gauche. Et de conclure : «Voilà pourquoi la République est grande. Elle transforme un individu en citoyen qui a en charge non son seul bonheur mais celui de tous ».
Au préalable, les candidats marseillais ont pris la parole. Marie Batoux dénonce le système Gaudin, plaide pour une réindustrialisation du Port.
« Dans les 13/14 le taux de chômage est de 23% »
Samy Johsua juge, alors que la campagne du 1e tour approche de son terme : «C’est un Front de gauche uni, solide, en haut comme en bas qui a mené campagne avec la population ». Pour lui, trois montagnes sont à déplacer : «La première vient de l’austérité. Tout le monde est conscient des effets tragiques de la politique conduite en Grèce où on déplore aujourd’hui 27% de chômeurs. Et bien dans les 13/14 le taux de chômage est de 23% et le pire va arriver avec les nouveaux cadeaux fait au patronat par François Hollande. La deuxième montagne, ce sont les 19 années de Jean-Claude Gaudin à la tête de la Ville. Il se présente en disant « En avant Marseille » mais, un pas de plus dans la direction qu’il a fait prendre à la ville et c’est la catastrophe. La troisième montagne, c’est le niveau d’influence du FN. Non seulement il n’apporte aucune solution mais il fait partie du problème».
« Nous ne voulons pas de cette réforme des rythmes scolaires sans concertation, à la hussarde »
Pour Jean-Marc Coppola, tête de liste de « Marseille à gauche » : «La jeunesse doit être la priorité de notre ville. Dans ce cadre l’éducation sera un axe essentiel de notre politique ». Il juge : «Les conditions d’enseignement ne sont pas bonnes, nous ferons tout pour avoir une école de la réussite pour tous». A ce propos il avance : «Nous ne voulons pas de cette réforme des rythmes scolaires sans concertation, à la hussarde, car si on l’appliquait cela ne ferait qu’aggraver la situation».
A propos du logement il considère : « La droite marseillaise n’a qu’une idée : faire de l’habitat de standing. Nous, nous, voulons un grand plan de mixité sociale. Nous entendons repenser la ville pour vivre bien et vivre ensemble ».
« Nous n’avons aucune haine, nous avons un rêve, et c’est cela qui fait notre différence »
Il poursuit : «Nous allons faire des transports en commun le mode de déplacement naturel et partagé. C’est ce qu’il y a de mieux pour désenclaver les quartiers et sortir de la fausse bonne idée de la circulation alternée». Il n’omet pas de rappeler l’un de ses thèmes de campagne : «Nous ne vendrons pas le Stade Vélodrome comme nous ne privatiserons pas l’espace public, comme nous ne voulons pas vendre le Port mais le développer». Il dénonce le Pacte de responsabilité : «qui viendra encore nourrir les plus riches. Nous refusons ce pacte qui est une capitulation face à la finance».
Il termine son propos en invitant à voter pour le Front de gauche : « Nous ne sommes pas là pour donner des leçons mais pour construire une ville pour tous. Nous ne voulons pas seulement changer de Maire, nous voulons changer de politique. Nous n’avons aucune haine, nous avons un rêve, et c’est cela qui fait notre différence».
Michel CAIRE