Publié le 12 décembre 2015 à 2h39 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 15h24
Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux, ancien Président du Conseil constitutionnel avait été sollicité par la Fondation du camp des Milles – Mémoire et Éducation pour un temps d’échange et de réflexion ouvert au public sur les enjeux citoyens du deuxième tour des régionales. Étant dans l’impossibilité de se rendre au camp des Milles, il a bien voulu rédiger et adresser à la Fondation le texte suivant : «Les enjeux de cette campagne dépassent largement le cadre des régions. Ces élections s’inscrivent en effet dans le projet d’ensemble visant à porter au pouvoir en France le Front National, grâce à l’élection projetée de Marine Le Pen à la Présidence de la République. Ai-je besoin de rappeler que le Front National, même s’il a changé de visage, n’a pas changé d’âme. C’est toujours le même rejet de l’Autre, l’hostilité à l’étranger, le refus de l’Union européenne qui est pourtant notre véritable avenir, qui inspirent cette formation politique. C’est toujours la même volonté de repli sur l’Hexagone, l’invocation d’une identité nationale qui n’est qu’illusion au regard de l’histoire de la France comme elle est tromperie dans un monde globalisé où s’étendront de plus en plus les échanges internationaux et le triomphe du numérique. Car c’est bien le retrait de la France de l’Union européenne, dont elle a été la fondatrice avec le Général de Gaulle et l’animatrice du temps de François Mitterrand et de Jacques Delors, que poursuivent les partisans du Front National.
C’est aussi, à travers le repli sur soi, la certitude d’une marginalisation économique de la France et d’une dégradation rapide de la monnaie nationale substituée à l’euro, qui sera livrée à toutes les spéculations et dévaluations inévitables au grand détriment des salariés, des pensionnés et de tous les titulaires modestes de revenus fixes.
C’est enfin la perte de notre influence dans le monde et la réduction assurée de la France à un Etat de second ordre dans un monde difficile.
Dans cette bataille des régionales, n’acceptez pas que votre belle région qui a tant compté dans l’histoire de la gauche devienne l’atelier où se préparerait un avenir médiocre, marqué par la frilosité, le passéisme et la peur de l’Autre. La France vaut mieux que la médiocrité haineuse qui lui est proposée. A vous de le dire dimanche 13 décembre par votre vote.»