Élus et agriculteurs de montagne parlent d’une même voix dans le cadre de la future PAC

Publié le 5 mars 2021 à  18h18 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h23

L’Association nationale des élus de la montagne (Anem) et le collectif agricole Intermassifs des Pyrénées, des Alpes, du Jura, de la Corse, des Vosges et du Massif central ont organisé, une conférence de presse pour défendre les spécificités de la montagne française. Ils veulent les faire reconnaître au sein de la future Politique agricole commune (PAC). Étaient présents Jeanine Dubié, présidente de l’Anem, Pascale Boyer, secrétaire générale, Jean-Pierre Vigier, vice-président, Philippe Lacube, représentant de l’Intermassif agricole français (IAF) Pyrénées, Dominique Fayel, représentant de l’IAF Massif central et Jérémy Jallat, représentant de l’IAF Alpes.

Les agriculteurs de montagne sont  pour beaucoup des éleveurs (Photo illustration ©Destimed)
Les agriculteurs de montagne sont pour beaucoup des éleveurs (Photo illustration ©Destimed)

Leur objectif était de parler d’une seule voix pour défendre l’agriculture de montagne et ses spécificités afin qu’elles soient prises en compte dans la prochaine PAC. Ils ont rappelé que cette agriculture représente 8,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 50 000 exploitations souvent familiales et de petite taille et plus de 250 000 emplois directs.

Jean-Pierre Vigier a insisté sur le fait que cette activité bénéficiait à l’intégralité des territoires en faisant fonctionner un grand nombre de services notamment publics, mais aussi en préservant les paysages : maintien des paysages ouverts, protection de la biodiversité, lutte contre les incendies, les avalanches, les glissements de terrain, la lutte contre le réchauffement climatique, etc. «L’agriculture de montagne renforce l’attractivité touristique ainsi que l’identité de ces territoires, ce sont 7 millions de visiteurs par an qui en profitent », a-t-il ajouté.

Persistance de déséquilibres

Leur crainte est de voir la PAC mettre en péril toutes ces caractéristiques. Ils reconnaissaient tout de même que celle de 2015 avait permis un rééquilibrage au profit des surfaces pastorales même si des déséquilibres persistent. Leurs principales inquiétudes portent sur le système de «proratisation» qui devrait être mis en place par le système satellitaire Lidar (Light detection and ranging ou laser aéroporté). Il serait selon eux «excluant car il n’existe rien de mieux que l’œil humain». Cette technique de télédétection qui sera opérationnelle dès le 1er janvier 2023, permet l’acquisition de données tridimensionnelles à haute résolution afin de réaliser des cartographies précises et des relevés terrain.

La nécessité de maintenir les aides couplées

Les agriculteurs de montagne qui, pour beaucoup, sont éleveurs redoutent aussi la réduction des indemnités compensatoires de handicap naturel (ICHN) qu’ils aimeraient voir « sanctuarisée et renforcées ». En choeur, les représentants de l’IAF ont quant à eux fortement insisté sur la nécessité de maintenir des aides couplées «qui sont une nécessité vitale pour les productions qui les perçoivent». Jérémy Jallat, représentant les Alpes a plaidé pour des aides à l’installation incitatives pour remplacer les départs. Un des enjeux primordiaux de ces prochaines années, les aides n’étant pas selon lui assez centrées sur les actifs.

C’est le ministre de l’Agriculture qui devra dessiner et définir les contours de la PAC montagne au travers du Plan stratégique national (PSN). «C’est un tournant historique pour la montagne. Ce que nous défendons est juste parce qu’il correspond au cadre européen et aux attentes sociétales», a conclu Philippe Lacube. Les élus ont, par ailleurs, sollicité un rendez-vous avec Julien Denormandie pour faire entendre leur voix.
A.G. pour l’Espace Alpin

[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpin
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